L’économie sociale et solidaire. Une utopie réaliste pour le XXIe siècle ?
Robert Boyer, Éditions Les Petits Matins, 2023, 119 pages.
Robert Boyer, Éditions Les Petits Matins, 2023, 119 pages.
À l’occasion des 100 ans de la Recma, la Chaire TerrESS et le Centre Emile Durkheim (CED) ont organisé le 4 novembre 2021 à Sciences Po Bordeaux une journée d’études sur les sources historiques des courants de pensée de l’ESS et leur territorialisation, intitulée « Aux sources de l’ESS : des courants de pensée aux matrices territoriales ». Huit communications ont été présentées par huit intervenant.e.s, puis mises en perspectives par Danièle Demoustier (Sciences Po Grenoble, Comité de rédaction de la Recma).
Pour le centenaire de la Recma, Sciences Po Grenoble, son centre de documentation et sa chaire ESS ont réalisé une exposition sur le thème de l’économie sociale et solidaire. Celle-ci a mis en valeur des numéros anciens de la Recma, des éditions originales permettant de découvrir les contributions des inspirateurs ou fondateurs - Charles Gide, René Gaumont, Henri Desroche ou encore Claude Vienney.
Le premier numéro de la Revue des études coopératives (REC), daté d’octobre-décembre 1921, s’ouvre sur une Lettre à nos lecteurs dont les premières lignes sont les suivantes : « La Revue des études coopératives tient au moment de son apparition à exposer à ses lecteurs les raisons qui ont décidé de sa constitution et les buts qu’elle poursuit. Sans doute on voudra d’abord savoir qui nous sommes.
Une introduction au texte de Charles Gide, 1921, « Le Manifeste coopératif des intellectuels et universitaires français », REC, n° 1, p. 7-14.
Dans ce manifeste, Charles Gide présente sa vision de la coopération. Selon le cofondateur de la Revue des études coopératives, la coopération peut offrir un programme général de reconstruction sociale. Les coopératives sont des « laboratoires d’expérimentation sociale », ainsi que les nommait Jean Jaurès. Plutôt qu’un programme, ce sont des « orientations » qui peuvent être données, en raison même du fait que la coopération est un « mouvement ». Gide souligne ici la singularité économique majeure des coopératives : elles montrent que ni le profit ni la concurrence, que l’économie politique considère comme inéluctables, ne sont indispensables au succès d’une entreprise. Ces coopératives, ce sont celles de consommateurs. Alors que les producteurs sont « nécessairement préoccupés par des intérêts professionnels et corporatistes », les consommateurs « ne peuvent avoir d’autres intérêts que ceux de tout le monde. Ces coopératives de consommateurs ont donc qualité pour devenir des organes de l’intérêt public, allégeant ainsi le rôle de l’État, qui s’est montré tout à fait au-dessous de sa tâche, tout au moins dans l’ordre économique ».
Une introduction au texte de Georges Fauquet, 1935, « Rapport sur le secteur coopératif. Essai sur la place de l’homme dans les institutions coopératives et sur la place de celles-ci dans l’économie », REC n° 54(1), p. 82-167 (p. 82-98 pour l’extrait publié).
Georges Fauquet (1873-1953), médecin de formation, coopérateur dès son plus jeune âge, est nommé inspecteur du travail en 1905, contrôleur des retraites ouvrières et paysannes en 1911, puis sous-directeur des Assurances sociales et du Travail en Alsace en 1919. En 1920, il est appelé au Bureau international du travail (BIT) par Albert Thomas, en tant que chef du bureau sur la Coopération, poste qu’il occupera pendant treize ans. À ce titre, il a été un observateur attentif des mouvements coopératifs dans différents pays, en s’appuyant sur les méthodes inductives héritées de ses études médicales. Il revisite donc les doctrines coopératives (celles de Charles Gide et de Bernard Lavergne, notamment) au regard du contexte du début du XX e siècle.
À la fin de cette année 2021, la Recma aura 100 ans.
La Recma a été fondée par Charles Gide et Bernard Lavergne. La notoriété de Charles Gide dans le monde universitaire permet de réunir la signature de 200 intellectuels à la sortie du premier numéro, dans lequel Gide publie pourtant un article très virulent – « un texte pamphlétaire », dit André Chomel 1 – expliquant « pourquoi les économistes n’aiment pas la coopération ».
Ce texte porte sur les alternatives développées au XIXe siècle et au début du XXe par des auteurs, Philippe Buchez, Charles Gide et Léon Bourgeois, dont les travaux font référence dans le domaine de l’économie sociale et solidaire. Ces alternatives sont fréquemment qualifiées d’utopiques par leurs adversaires. Pourtant, si elles visent l’avènement d’une nouvelle société, elles s’accompagnent également de mesures très concrètes. L’association ou la coopérative constituent la composante centrale de ces alternatives. Cet article en propose une évaluation comparative en identifiant notamment leurs différences.
Roland Berthilier, avec Youness Bousenna, Paris, L’Archipel, 2020, 208 pages
Denis Clerc, conversations avec Christophe Fourel et Marc Mousli, Le Bord de l’eau, coll. « Histoire des brèches », dirigée par Timothée Duverger, 2020, 256 pages.