Les coopératives vont-elles prendre leur part dans les transitions ?
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Coopérateurs et coopératrices se sont rencontrés à l'occasion de la 7e édition de l'Université coopérative portative (UCP) qui s’est tenue le 23 septembre 2022, à Rennes.
Dix ans d’éducation populaire et d’émancipation entre coopérateurs et coopératrices
Voilà dix ans qu’Yves Cariou 1 organise une université éphémère rassemblant à chaque édition plusieurs dizaines de personnes issues de la diversité du mouvement coopératif, autour d’un enjeu partagé. La première édition a eu lieu en 2012 avec Fermes de Figeac. C’est un lieu de rencontres et de confrontations entre coopérateurs, un espace de transmissions et de partage de visions et de pratiques, mais aussi de prises de distance et de hauteur avec son quotidien et sa propre pratique. « Portative », chaque nouvelle édition de cette université coopérative se déroule dans un nouveau lieu. Ce 23 septembre 2022, pour la septième édition, la rencontre est accueillie par le restaurant Pépite ! et la librairie L’établi des mots, deux coopératives rennaises. Après les statuts coopératifs, en 2019 2puis, l’intercoopération en 2021 3 , le thème de la septième édition de l’UCP porte sur la question des « transitions ».
De quelles transitions parle-t-on dans nos coopératives ?
Le rapport des acteurs de l’ESS aux transitions fait l’objet de beaucoup d’attention. Les transitions sont par exemple au cœur du séminaire 2021 de l’ADDES, du colloque Recherche de l’ACI Europe en 2021 4, de l’édition 2022 du panorama des coopératives 5 ou encore des 21èmes rencontres du Réseau inter-universitaire de l’ESS (RIUESS), en juin 2022 6.
Cette rencontre est l’occasion pour les participants d’échanger sur plusieurs types de transitions engagées dans leur coopérative : énergie et transport, numérique, alimentation et agriculture, travail et lien social. Ils partagent entre eux les pratiques concrètes qui sont mises en œuvre dans leur organisation. Les participants discutent également de la gouvernance de ces transitions : comment décide-t-on des transitions à engager ou non et quelle est la place des coopérateurs et coopératrices dans la définition des modalités de ces transitions ?
Quelle part les coopératives agricoles prennent-elles aux transitions ?
C’est la question qu’Yves Cariou pose aux administrateurs de deux coopératives agricoles, Christelle Garnier et Jean-Marie Pautard de la COCEBI 7 et Benoît Gavaland de TERRENA lors d’une table ronde qui conclut la journée. Il interroge aussi Rémi Roux, le président d’Éthiquable, une SCOP qui se positionne à l’aval de coopératives agricoles au Sud et au Nord.
Christelle Garnier souligne la nécessité de prendre en compte le regard de ceux qui ne sont pas forcément moteurs dans la transition et de prendre le temps de les accompagner pour éviter des blocages et des décrochages. Elle illustre ce point par deux récits de transition à l’échelle de la ferme familiale, situations dans lesquelles elle a été attentive à ce que son père comprenne les évolutions de pratiques portées par elle-même puis par sa fille : tout d’abord lorsqu’elle a engagé une démarche de conversion vers l’agriculture biologique ; et ensuite lorsque sa propre fille a mené un chantier de replantage de haies dans le cadre d’un projet sur la biodiversité porté par la COCEBI. En creux, c’est également le récit d’une transition de générations que nous propose Christelle Garnier.
Les coopératives agricoles accompagnent les transitions techniques des fermes de leurs sociétaires, quand ce ne sont pas ces derniers qui poussent les transformations de leur coopérative. Benoît Gavaland raconte ses expérimentations en matière d’irrigation notamment, et insiste sur l’importance des mesures et des analyses aux champs pour passer d’une logique de systématicité des interventions à des pratiques proportionnés. Jean-Marie Pautard et lui sont revenus sur les démarches de recherche et développement (R&D) conduites dans les deux coopératives, pour engager des transitions en matière d’adaptation aux changements climatiques (autonomie fourragère, espèces résistantes aux aléas). Les enjeux de financement de la R&D font partie intégrante des réflexions des deux coopératives. Comme la COCEBI ne vend pas de pesticides à ses coopérateurs (et ne réalise donc pas de marges sur cette activité), cela diminue sa capacité à financer des expérimentations. À la suite du virage stratégique voté par les sociétaires et consécutif à un conflit interne sur les OGM, TERRENA s’est engagé dans le développement de l’agriculture écologiquement intensive, démarche visant à « substituer une partie des intrants de synthèse par les services rendus naturellement par les fonctions écosystémiques » 8. La coopérative a développé une marque (« La Nouvelle Agriculture ») dont les promesses (sans OGM, sans antibiotiques, etc.) visent à diminuer la dépendance du financement de la R&D aux ventes d’intrants chimiques.
Rémi Roux fait également le récit des évolutions qui ont eu cours au sein d’Éthiquable. À l’origine, le projet de la SCOP était d’ordre social : la juste rémunération des paysans des Suds, à travers le commerce équitable Nord-Sud. D’un côté, cet engagement s’est élargi aux paysans du Nord, et a conduit à la création d’un label de commerce équitable Nord-Nord, Bio équitable en France, en inter-coopération avec Biocoop (dont Christelle Garnier est également administratrice). D’un autre côté, sous la pression des consommateurs et des salariés, Éthiquable investit les enjeux de transition environnementale. Aujourd’hui, la coopérative forme ses salariés à la Fresque sur le climat, développe le conditionnement vrac et mène un projet photovoltaïque avec Enercoop. Christelle Garnier évoque de son côté, les enjeux pressants de la transition énergétique. Alors même que la COCEBI vient de déménager son siège dans un bâtiment passif, l’évolution des factures énergétiques questionnent l’avenir.
Résolument, ces coopératives prennent une part active à différentes transitions : sociales, agronomiques, climatiques, énergétiques, etc. Les récits des quatre coopérateurs font apparaître la récurrence des intercoopérations dans ces démarches. Ce qui nous renvoie aux propos de Jean-François Draperi, lors de la sixième édition de l’UCP 9, sur l’importance du tissage d’une république coopérative, à différentes mailles, pour embrasser les transitions, pour certaines subies et, pour d’autres, choisies.
Chahin FAIQ,
animateur de La Vie associative
(1) Yves Cariou est consultant spécialisé en gouvernance des coopératives et des entreprises de l’économie sociale et solidaire. Il est également l’auteur d’un article sur la réactualisation du quadrilatère coopératif de Henri Desroche, paru en avril 2021 dans le numéro 360 de la RECMA.
(2) « Université coopérative et portative de Broons : Le statut coopératif est-il toujours adapté pour coopérer ? », RECMA n°355, janvier 2020.
(3) « La 6e édition de l’Université coopérative portative travaille sur l’intercoopération et célèbre la RECMA », RECMA n°362, octobre 2021.
(4) « ICA CCR Europe 2021 : un colloque dense et programmatique pour la coopération » et « L’ESS moteur de la transition écologique et citoyenne : un séminaire de l’Addes », RECMA n°362, octobre 2021.
(5) COOP Fr, Panorama des entreprises coopératives, édition 2022.
(6) « RIUESS : trois jours pour projeter l’ESS dans les transitions », RECMA n°365, juillet 2022.
(7) En 2021, les éditions REPAS ont publié « 100% bio et coopératif », l’histoire de la COCEBI depuis sa création en 1983.
(8) Griffon Michel, Qu’est-ce que l’agriculture écologiquement intensive ?, éditions Quae, 2013.
(9) Vassor Romain, La 6e édition de l’Université coopérative portative travaille sur l’intercoopération et célèbre la RECMA, RECMA n°362
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