Vers un nouveau centenaire

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Le premier numéro de la Revue des études coopératives (REC), daté d’octobre-décembre 1921, s’ouvre sur une Lettre à nos lecteurs dont les premières lignes sont les suivantes : « La Revue des études coopératives tient au moment de son apparition à exposer à ses lecteurs les raisons qui ont décidé de sa constitution et les buts qu’elle poursuit. Sans doute on voudra d’abord savoir qui nous sommes. Les uns coopérateurs militants, les autres professeurs, unissant parfois ces deux qualités, nous avions librement formé dès avant la guerre un petit groupe d’amis qu’unissaient les mêmes tendances démocratiques et de communes habitudes scientifiques (1) » La REC s’annonce d’emblée comme une revue engagée dans la cause coopérative.
Les militants et professeurs sont liés par cet engagement qui leur fait nouer une relation amicale dépassant les cloisonnements professionnels : « La revue que nous présentons au public est née de ce désir d’entraide intellectuelle, osons le dire, de cette obligation de conscience qui s’imposait à nous » (p. 2). L’« obligation de conscience » naît de la conviction que la coopération est le moyen de résoudre les questions sociales. Les auteurs précisent que leur objet ne se limite pas à l’exercice de la coopération. L’entraide se partage : « Nous n’avons jamais dissocié le problème coopératif du problème social tout entier » (p. 2).

La coopération dans une finalité de changement social
La REC se présente ainsi comme la première revue française qui se donne pour mission de répondre aux problèmes de la société. C’est cette préoccupation qui explique son ouverture internationale : « De toute évidence, les problèmes sociaux ne peuvent pas s’étudier d’un point de vue strictement national » (p. 3). La revue prend ainsi le sous-titre « Problèmes d’économie nationale et internationale. Questions sociales ».
Ces quelques phrases sont très instructives : elles ont suffi à ancrer solidement la REC. Naturellement, les centres d’intérêt ont changé, les champs de pratiques se sont transformés, les sciences sociales se sont spécialisées, les méthodes de recherche se sont complexifiées, mais la posture est définie dans ces quelques lignes : la revue associe les militants coopératifs et les enseignants-chercheurs convaincus de la nécessité de produire et d’échanger des réflexions scientifiques autour de la coopération dans une finalité de changement social.
Cette association est sans nul doute l’une des raisons de la longévité de la REC, devenue Recma en 1986. Elle explique au moins en partie que la revue ait pu trouver, dans les moments difficiles, les soutiens et les ressources d’universitaires, de militants et de sociétés coopératives, qui lui ont permis de franchir de nombreux, et parfois puissants, obstacles.

Le sommaire, qui reste inchangé jusqu’à la mort de Charles Gide en 1932, comprend quatre parties : les articles généraux traitant de doctrine ; ceux abordant les problèmes internationaux ; les articles techniques et les monographies coopératives ; les chroniques et bibliographies en lien avec l’objet de la revue (p. 5). Ce plan intègre la double orientation de la REC : il distingue les questions générales, qui intéressent les universitaires spécialistes des sciences économiques, sociales et politiques, et les questions pratiques et techniques, qui concernent plutôt les coopérateurs. Cette double orientation d’une recherche à la fois théorique et appliquée ne peut être maintenue que par l’association de ces deux populations autour de l’engagement coopératif. Une association sans doute plus difficile à faire vivre aujourd’hui qu’en 1921, ne serait-ce qu’en raison de la normalisation des publications universitaires. Ainsi, la reconnaissance académique de la revue, désormais classée par le HCERES (Haut conseil de l’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur), rend moins aisée la publication d’articles doctrinaux ou techniques. Or cette dissociation risque d’éloigner les coopérateurs non seulement en tant qu’auteurs, mais aussi en tant que lecteurs, et encore en tant que soutiens économiques de la revue. C’est pourtant l’un des enjeux majeurs souligné en 1921 : « Dès maintenant, jouissant du concours des militants éprouvés que notre mouvement coopératif a placés à la tête des organismes centraux de propagande et d’achats, possédant la collaboration précieuse d’un grand nombre des universitaires français les plus actifs et les plus réputés, nous espérons acquérir l’adhésion d’un nombre toujours croissant des sociétés coopératives. » Réciproquement : « Un mouvement comme le mouvement coopératif, qui groupe en France 1 500 000 familles et réalise environ un milliard de ventes annuelles, et dont les ambitions demeurent immenses, ne peut pas faire moins que de posséder une revue d’étude et de libre critique. »

La revue ambitionne enfin de gagner à la cause coopérative un public plus large, et particulièrement les intellectuels. « La réalisation que nous allons tenter est malaisée […], qu’on veuille bien mesurer l’extrême difficulté de la tâche entreprise » (p. 6). De fait, si l’on peut se féliciter du chemin parcouru, et qu’un tel projet ait réussi à perdurer un siècle durant, on peut aussi bien admettre que tout reste à faire.

Neuf témoins présentés par des plumes contemporaines
Ce numéro de juillet 2021 permet au lecteur de découvrir quelques questions fondamentales dont la Recma s’est emparée entre 1921 et la fin des années 1980. Nous espérons qu’il lui donnera l’envie de découvrir d’anciens numéros (2) et qu’il contribuera à éclairer les pas des rédacteurs pour les années à venir. Toutefois, puisque nous devions nécessairement faire un choix, s’est imposé à nous celui de faire connaître à notre lectorat des textes qui ont accompagné l’évolution des conceptions coopératives dès la naissance de la revue, puis la redécouverte (et re-théorisation) de l’économie sociale, dans ses différentes expressions, au cours du dernier tiers du XX e siècle, sans intégrer les vingt-cinq dernières années (dont nous présentons toutefois une vue d’ensemble à la fin de cette introduction).
Pour accompagner le lecteur dans la découverte de cette sélection de textes et d’auteurs anciens, chaque article reproduit en fac-similé est précédé d’une introduction rédigée par un membre du comité de rédaction ou ami de la revue qui en restitue l’apport, le contexte, l’actualité.

Charles Gide (introduction par Jean-François Draperi)
Le choix du premier article s’imposait : le « Manifeste coopératif ». Charles Gide y résume sa conception de la coopération. L’œuvre de Gide scelle le tournant qu’a connu la coopération française au cours de la seconde moitié du XIX e siècle : la coopération de travail, dont Jean-Philippe Buchez avait été le théoricien, laisse la prééminence à la coopération de consommation, dont la fondation de l’Alliance coopérative internationale (ACI) en 1895 avait consacré le bien-fondé. S’opposant aux « participationnistes », les coopérativistes trouvent en Gide le grand théoricien qui va concevoir la République coopérative en miroir du « commonwealth coopératif » de Robert Owen. Après avoir formé une génération d’économistes, Charles Gide a presque disparu des bibliographies des économistes. Son œuvre est cependant très accessible (3) .

Bernard Lavergne (introduction par David Hiez et Maryline Filippi)
Héritier et continuateur aujourd’hui méconnu de Charles Gide, Bernard Lavergne a poursuivi jusqu’au début des années 1960 les questionnements majeurs de la coopération de consommation, comme celui du rapport des consommateurs avec les salariés ou celui de la relation avec l’économie publique. Ses travaux sur les régies le placent au cœur du débat entre l’économie coopérative française, exclusivement centrée sur l’entreprise privée, que développe Georges Fauquet, la conception belge de l’économie collective d’Edgard Milhaud et la version anglaise portée par Sidney et Beatrice Webb au sein du fabianisme, creuset des travaillistes. Cofondateur de la Recma, Bernard Lavergne a également été son principal animateur pendant une soixantaine d’années, comme le rappellent David Hiez et Maryline Filippi. On conçoit bien que les théoriciens du coopératisme devaient donner une réponse à la question du rapport de pouvoir entre consommateurs et travailleurs. Le mouvement apporta également une réponse concrète.

Ernest Poisson (introduction par Michel Dreyfus)
Le premier secrétaire général de la Fédération nationale des coopératives de consommateurs (FNCC), Ernest Poisson, a été le premier artisan de la réalisation concrète du projet de République coopérative dont Gide avait esquissé les traits à la fin du XIX e siècle. Animateur de la FNCC de 1921 à 1940, Ernest Poisson a conçu et mis en œuvre un accord unique en France entre une grande fédération d’entreprises, la FNCC, et les syndicats de salariés, précisément la CGT, syndicat dominant de toute la période. Si la FNCC su garder son unité, elle connaîtra dans la décennie 1980 la même faillite que la quasi-totalité des fédérations de coopératives de consommateurs européennes, abandonnée à son sort aussi bien par les syndicats de salariés que par les partis politiques auxquels elle avait tant participé.

Georges Fauquet (introduction par Danièle Demoustier)
Une page se tourne avec le grand rénovateur de la pensée coopérative européenne à partir de l’entre-deux-guerres que fut Georges Fauquet. La rupture introduite par son petit livre Le secteur coopératif fut comparée – toutes proportions gardées – à celle que provoqua l’œuvre d’Émile Durkheim dans les sciences sociales. Avec Fauquet, la coopération avait enfin sa pensée scientifique. L’attention portée aux faits plutôt qu’aux valeurs revendiquées et la rigueur du raisonnement ont donné les termes de l’analyse coopérative contemporaine. Les deux interprétations produites par Charles Gide et Georges Fauquet ont été reprises et renouvelées respectivement par Henri Desroche et Claude Vienney. Toute l’économie et la sociologie coopératives du XX e siècle peuvent se comprendre à partir de ces deux filiations Gide-Desroche et Fauquet-Vienney. La première s’appuie sur une lecture qui donne à l’utopie une place centrale, alors que la seconde s’attache préférentiellement aux faits matériels. De là à opposer deux lectures idéaliste et matérialiste, il n’y a qu’un pas… que nous ne franchirons pas. Aucune des deux traditions ne néglige l’importance des valeurs ni celle des faits matériels. Ce qui les oppose est sans nul doute la posture épistémologique, à travers les places qu’elles attribuent à la connaissance scientifique dans les pratiques sociales.

Diva Pinho (introduction par Maurice Parodi)
Cette question sera centrale dans l’événement majeur que connaît le mouvement coopératif au XX e siècle : sa place éminente dans les politiques économiques menées par les pays accédant à l’indépendance politique à partir des années 1960. Comme le montre Maurice Parodi, les pays en développement ont dès lors représenté un troisième pôle politique et économique, à côté des deux conceptions libérale et socialiste. Dans ce pôle d’une grande hétérogénéité, les coopératives agricoles et artisanales ont joué le rôle que le marché libre occupe dans les pays capitalistes et que l’État tenait dans les pays « socialistes ». Le développement des savoirs et des savoir- faire coopératifs est une condition majeure de la réussite du projet tiers-mondiste.

Henri Desroche (introduction par Jean-François Draperi)
C’est cette raison qui pousse Henri Desroche à sillonner l’hémisphère Sud entre 1970 et 1986. Il ambitionne alors de fonder l’Université coopérative internationale (UCI), avec le soutien de l’ACI en la personne de Françoise Baulier. Il parvint à implanter cette université dans quarante pays de l’hémisphère Sud. Les travaux résultant de cette expérience remarquable ont été publiés dans la revue fondée et animée par Desroche de 1960 à 1990, les Archives de sciences sociales de la coopération et du développement (Asscod). L’autobiographie raisonnée fut la démarche qu’il inventa pour se donner les moyens de soutenir le développement coopératif et réussir à convaincre ses interlocuteurs de se former à la coopération et de s’inscrire dans une démarche de recherche-action : une recherche sur l’action, réalisé par les acteurs et pour l’action. Dépassant Charles Gide, la révolution de la relation entre praticiens et chercheurs proposée par Henri Desroche est encore aujourd’hui mal comprise et largement ignorée. Sans doute en raison de sa radicalité, alors qu’elle a fourni les preuves de son efficacité.

Claude Vienney (introduction par Marie-Claire Malo et Annie Camus)
Après l’accès aux indépendances, le deuxième événement important qu’ont connu le mouvement coopératif et l’économie sociale, puis sociale et solidaire, au cours du XX e siècle est leur évolution dans le cadre d’une économie capitalisme dominante, surtout après la chute du mur de Berlin en 1989. Il revient à Claude Vienney d’avoir produit l’œuvre majeure interprétant cette évolution. Il fut, aux côtés d’André Chomel, l’animateur de la Recma jusqu’au milieu des années 1990. Pendant ces années, la Recma a accueilli de nombreuses analyses sur les évolutions des coopératives dans un contexte d’accentuation de la concurrence avec les sociétés de capitaux. Claude Vienney décède en 2001, non sans avoir écrit une lettre où il exprime sa vision de la Recma et les conditions qui lui paraissent devoir être respectées pour assurer son avenir.

Jacques Moreau (introduction par Chantal Chomel)
L’article de Jacques Moreau, alors président du Groupement national de la coopération (GNC), annonce les travaux à venir de Bernard Enjolras sur les isomorphismes institutionnels (n° 261, 1996). Chantal Chomel montre toute l’actualité des travaux de Jacques Moreau. Elle souligne que le mouvement de banalisation qui se poursuit est « contrebalancé » par un renouvellement de la vie démocratique des coopératives, la multiplication des innovations et l’émergence de nouvelles formes juridiques. Elle précise que les statuts sont fondamentaux mais qu’ils ne suffisent pas àprévenir les coopératives des risques de banalisation. Celles-ci doivent avant tout répondre aux besoins de la société dans laquelle elles sont insérées. Ce qui rappelle opportunément le vœu de Jacques Moreau en faveur d’une économie sociale sans rivages.

André Chomel (introduction par Éric Bidet)
Un autre événement, et non des moindres, transforme la Recma en profondeur : la décision prise en 1984 d’élargir son objet à l’économie sociale, qui joint les associations et les mutuelles aux coopératives. André Chomel, ancien directeur financier du Crédit coopératif, fut également le collaborateur d’Henri Desroche à Économie et Humanisme dans les années 1950. Il fait le lien entre Desroche et Vienney, qui échangent peu, et dont les choix se tournent le dos : d’un côté les utopies créatrices, de l’autre les grandes organisations. Or la revue d’Henri Desroche a disparu en 1990 et Desroche meurt en 1994. André Chomel estime que la Recma se doit de reprendre son héritage. Ainsi, dans les dernières années du XX e siècle et au regard de son histoire, la Recma se trouve face à la responsabilité de reprendre les deux traditions portées par Vienney et Desroche.
Chacun·e aura remarqué la domination masculine dans ce survol de la pensée coopérative. Qu’on n’y voit pas un choix sexiste de notre part. Ce fait témoigne du fait que la coopération, à l’image de tous les mouvements sociaux et populaires, n’a pas échappé à l’ordinaire institutionnalisation de l’inégalité entre les hommes et les femmes. Raison de plus pour se féliciter du changement important observé au cours des deux dernières décennies, et repérable dans l’identité des signatures des textes introductifs.
Il ne faudrait pas que le dépassement de cette injustice s’accompagne d’une autre ségrégation qui donnerait le pouvoir des mots et de la pensée aux seuls professionnels de la recherche et de l’enseignement. Sous cet angle, la Recma a été exemplaire. Ernest Poisson, André Chomel et Jacques Moreau étaient d’éminents praticiens, Georges Fauquet était médecin. Et les universitaires que sont Charles Gide, Bernard Lavergne, Claude Vienney et Henri Desroche n’en étaient pas moins des militants engagés dans le mouvement coopératif, jusqu’à y jouer des rôles décisifs à l’échelle internationale.

La Recma de la fin du XX e siècle à nos jours
Les textes republiés dans ce numéro s’échelonnent entre 1921 et 1990. En 1997, André Chomel propose à Jean-François Draperi de prendre les rênes de la Recma. La transmission s’accompagne de recommandations proposant à la fois de s’inscrire dans la double filiation Gide/Desroche et Fauquet/Vienney et de renouveler le projet éditorial en vue de pérenniser la revue sans trahir son identité. Ce qui, en substance, peut être résumé en cinq points : maintenir, en le faisant évoluer, le lien entre praticiens et chercheurs ; poursuivre l’étude des transformations des entreprises coopératives françaises et européennes ; élargir les approches théoriques à des disciplines autres que l’économie et faire reconnaître la revue auprès des chercheurs ; s’ouvrir à la coopération et à l’économie sociale de l’hémisphère Sud ; intégrer les études des nouveaux projets, de la créativité du mouvement et des innovations de l’économie sociale et solidaire.
Ces transformations n’auraient pu advenir sans que le fonctionnement interne de la revue évolue lui aussi. En effet, jusqu’à la fin des années 1990, les articles étaient rédigés par un petit groupe d’amis : les membres du comité de rédaction et leurs réseaux. La plupart des auteurs, à la fois chercheurs et praticiens, étaient à même d’analyser l’ESS à travers leur propre expérience du terrain. Puis, dans le sillage de la reconnaissance universitaire de l’ESS, la Recma a accueilli des nouvelles signatures de chercheurs dans des champs disciplinaires divers. Aux textes issus des disciplines traditionnellement représentées dans la revue – économie, sociologie, droit – sont venus s’ajouter des articles de géographie, d’histoire, et surtout de sciences de gestion. De sorte à préserver un équilibre entre les textes académiques et ceux de praticiens. Cet exercice difficile donne lieu, au sein du comité de rédaction, à un débat permanent sur les conditions d’exercice de cet équilibre : son principal intérêt est de rappeler aux collaborateurs ce trait identitaire de la revue.
Au cours des deux premières décennies du XXI e siècle, les mutations subies par l’ESS dans la diversité de ses expressions ont fait émerger des questions inédites, dont la Recma a rendu compte. L’émergence puis la diffusion rapide du modèle de l’entrepreneuriat social ont généré des controverses sur l’identité de l’ESS, qui a fait l’objet d’une définition plus extensive (et donc plus diluée) dans la loi Hamon de 2014. Les branches historiques de l’économie sociale ont été diversement affectées par les réglementations européennes et unanimement mises à l’épreuve du néolibéralisme, ce qui a généré des questionnements récurrents sur les phénomènes de mimétisme et de banalisation, les risques liés à la tentation du gigantisme des organisations, la nécessité d’améliorer le fonctionnement démocratique (rebaptisé « gouvernance ») et le constat d’une certaine atonie militante dans des mouvements depuis longtemps institutionnalisés. Cependant, simultanément, les articles de la Recma fondés sur des études de terrain ont pu témoigner de l’irruption de nouvelles formes de l’économie sociale, soit avec un statut hybride (les Scic, réglementées en 2001), soit à partir de structures de petite taille, très souvent ancrées dans un territoire et portées par des acteurs qui, au-delà de la satisfaction de leurs besoins propres, visent à promouvoir un nouveau projet de société.
Les évolutions de l’économie sociale au début du XXI e siècle ont aussi été au centre des communications présentées aux colloques de l’Addes (Association pour le développement des données sur l’économie sociale), fondée en 1983 pour impulser une approche statistique et quantitative de l’économie sociale. La Recma a régulièrement publié une sélection de ces textes. C’est le fruit d’un long compagnonnage entre la revue centenaire et l’association, qui se traduit aussi par la présence d’un tiers des membres de l’Addes au sein du comité de rédaction de la Recma. Ce partenariat connaîtra une nouvelle étape dès le prochain numéro par l’insertion d’une nouvelle rubrique intitulée « Périmètres et mesures de l’économie sociale », réalisée par l’Addes. Merci à Éric Bidet et à Nadine Richez-Battesti, coprésidents de l’Addes, de cette heureuse initiative.
Alors que le début des années 2000 a été marqué par une pluridisciplinarité croissante, au cours de la décennie suivante, la Recma, qui publiait déjà des articles francophones du Québec ou de Belgique, s’est davantage ouverte aux pays du Sud. Avec la publication de dossiers consacrés à l’ESS en Amérique latine (2015), en Asie (2016), au Maghreb (2019), en Afrique de l’Ouest (à paraître en octobre 2021), elle poursuit un double objectif. Heuristique, d’abord, puisqu’il s’agit d’investiguer d’autres conceptions et expériences de l’économie sociale et solidaire que celles relevant de la tradition occidentale, voire strictement française, et de les donner à connaître à notre lectorat. Le deuxième objectif est de permettre le tissage de liens entre les auteurs des pays concernés, auxquels la priorité est donnée pour la rédaction des articles, et les auteurs et lecteurs qui constituent la communauté recmienne. Si les auteurs étrangers qui soumettent leurs textes sont toujours plus nombreux, il reste à établir des contacts avec les chercheurs et les acteurs de nombreux pays où l’ESS est pour nous incognita.
Une première étape est franchie cette année 2021 avec le renouvellement du réseau des correspondants internationaux, qui sera appelé à s’élargir au cours des années à venir. Nous remercions et souhaitons la bienvenue aux collègues internationaux qui ont répondu favorablement à notre invitation et qui sont appelés à jouer un rôle essentiel dans la Recma de demain.

Jean-François Draperi et Patricia Toucas-Truyen

 

(1) Comité de rédaction, REC, 1921, p. 1.
(2) Accessibles en ligne sur le site de Gallica : https://urlz.fr/fWny
(3) Marc Pénin a assuré la direction scientifique de la publication de l’essentiel de l’œuvre de Charles Gide en douze volumes aux éditions L’Harmattan entre 1999 et 2010.

 

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