Coopération

L’Université coopérative européenne (UCE)

Ce dossier est consacré à l’Université coopérative européenne (UCE), qui se définit comme un réseau européen de coopération, de recherche et de formation pour l’économie sociale et solidaire (1). « L’UCE vise à mutualiser, développer et valoriser les pratiques coopératives par la construction de connaissances transmissibles aux bénévoles, militants et professionnels de l’économie sociale et solidaire en vue d’améliorer l’action individuelle et collective » (charte de l’UCE ). Ce dossier associe trois contributions.

Jean-François Draperi, ancien collaborateur d’Henri Desroche au Collège coopératif (Paris) et à l’Université coopérative internationale, a participé au premier programme Leonardo, qui faisait l’état des formations en économie sociale en Europe. Il revient sur les antécédences de l’UCE, en particulier sur ce qui la relie et en même temps la distingue des projets conçus par Henri Desroche. La question soulevée est celle de la conception d’un lieu de production de savoirs et de pédagogie coopérative spécifiques à l’économie sociale. Il existe bien un patrimoine insuffisamment valorisé.

Maurice Parodi, président du Collège coopératif Provence-Alpes-Méditerranée (Paca) et ancien président du Réseau des hautes études des pratiques sociales (Rheps), présente le projet de l’UCE et ses réalisations. L’un des apports les plus importants est la transposition des principes coopératifs dans un dispositif pédagogique. Mutualiser les savoirs pour les partager est au coeur du projet, ce qui s’est concrétisé par la mise en place d’un centre-ressources sur le site de l’UCE. Ce centre-ressources s’adresse aux formateurs d’entrepreneurs de l’ES. L’UCE parvient ainsi à allier pédagogie coopérative et formation à distance.

Alain Penven, directeur du Collège coopératif en Bretagne, développe la dimension réseau de l’UCE. Cette présentation du réseau UCE met en valeur l’émergence d’une communauté de formateurs et d’accompagnateurs coopératifs. Ce n’est pas le moindre effet de l’UCE que de provoquer l’apprentissage coopératif des personnes qu’elle associe. On a souvent souligné que l’économie sociale et la coopération ne sont pas suffisamment enseignées dans les cursus universitaires classiques. Un peu dispersé, l’enseignement sur l’économie sociale était souvent tributaire de l’engagement militant d’enseignants chercheurs, dans des disciplines et des universités différentes. Il manquait un réseau, à la fois transdisciplinaire et transnational, qui renforce ces initiatives et donne de la visibilité aux enseignements sur la coopération. C’est la raison pour laquelle la Recma est heureuse de mettre en avant une initiative qui fédère les lieux de formation à l’économie sociale. 

Numéro de revue: 
306
Année de publication: 
2007
Auteur(s): 
Jean-François Draperi

Les enjeux des mutations récentes des groupes bancaires coopératifs français

"Les réseaux coopératifs bancaires français ont connu depuis les années 90 de profondes mutations ; résultant à la fois de contraintes et d’opportunités, elles se sont traduites tant par des restructurations internes que par des opérations de croissance externe. L’article montre une transformation en groupes tournés vers la banque universelle, mais hybrides, puisque l’on y trouve des structures coopératives et des structures à forme de sociétés par actions. Cette hybridation des groupes coopératifs n’est pas sans poser des problèmes à terme, relatifs à la détermination des objectifs du groupe et de ses entités, au conflit pour le partage de la valeur créée et du pouvoir, et à l’émergence potentielle d’une concurrence entre entités d’un même groupe. Plus généralement, cette mutation entraîne un déplacement des équilibres entre les différentes parties prenantes : managers, employés, administrateurs et sociétaires, et désormais aussi actionnaires. Défi auquel les groupes bancaires coopératifs français devront répondre pour conserver leur cohésion et leur capacité à se développer."

Numéro de revue: 
301
Année de publication: 
2006
Auteur(s): 
Ory J.-N. Gurtner E. Jaeger M.

Banques coopératives et innovations sociales

Les pratiques industrielles et commerciales des banques coopératives coexistent avec des innovations sociales. A partir d’une enquête de terrain originale menée en France, l’article tente d’appréhender, en référence aux travaux de C. Vienney (1980, 1994), la capacité d’innovation sociale de ces banques relativement aux banques « SA ». Une différenciation utile est établie entre processus de banalisation et processus d’institutionnalisation. En s’intéressant à l’articulation entre règles, acteurs et organisation et à travers une analyse des services, des produits ou des dispositifs associés à ces différents types de banques, les auteurs soulignent la capacité des banques coopératives à répondre à des besoins non satisfaits par le marché, en privilégiant l’utilité du service sur la rentabilité. C’est aussi la capacité à mobiliser des acteurs collectifs dans le cadre de rapports de réciprocité entre les associés et l’organisation, en bref à faire vivre une démocratie économique, qui est mise en exergue.

Numéro de revue: 
301
Année de publication: 
2006
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PDF icon 301_025041.pdf195.31 Ko
Auteur(s): 
Richez-Battesti N. Gianfaldoni P. Gloukoviezoff G. Alcaras J.-R.

La démocratie nuit-elle à l’efficacité économique des coopératives ? Le cas des coopératives vinicoles bordelaises

Cet article s’appuie sur une enquête menée auprès de dix-sept coopératives vinicoles du Bordelais pour approfondir la relation entre le fonctionnement démocratique et l’efficacité économique des coopératives. Une première partie méthodologique présente les indicateurs utilisés pour évaluer, d’une part, l’intensité du fonctionnement démocratique des coopératives et, d’autre part, leur efficacité économique fondée sur le niveau de rémunération des apports. Un coefficient de corrélation linéaire entre les deux indicateurs établit une relation inverse non négligeable entre démocratie et efficacité économique. Pourtant, l’auteur montre que ce sont moins les modalités de la prise de décision (forte participation des administrateurs) que la nature de ces décisions (la stratégie adoptée) qui handicapent les coopératives les plus démocratiques. En effet, elles apparaissent moins innovantes sur le plan commercial. La démocratie ne fait que traduire l’identité professionnelle des viticulteurs, fondée sur l’attachement au terroir et l’esprit coopératif, dont le défi consiste aujourd’hui à intégrer la dimension commerciale sans se dénaturer.

Numéro de revue: 
302
Année de publication: 
2006
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PDF icon 302_054066.pdf195.31 Ko
Auteur(s): 
Couret F.

L’émission de certificats coopératifs d’investissement dans le cadre de la création de Natixi, le cas du Crédit coopératif

Robert Durand et André Chomel, anciens directeurs généraux adjoints du Crédit coopératif, attirent l’attention sur les risques liés à l’émission de certificats coopératifs d’investissement dans le cadre de la création de Natixis par fusion des banques de marché des Caisses d’épargne et des Banques populaires. Ils ouvrent un débat important sur les relations entre actionnaires et sociétaires dans les groupes coopératifs, débat qui ne demande qu’à être poursuivi.

Numéro de revue: 
302
Année de publication: 
2006
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PDF icon 302_011013.pdf195.31 Ko
Auteur(s): 
Chomel A. Durand R.

Cooperatives Europe

Cooperatives Europe a été créée le 1er mars 2005 pour conjuguer les forces coopératives au niveau européen, initiant un processus d’intégration qui se poursuit en 2006. Gagner en visibilité pour faire entendre les spécificités coopératives auprès des institutions européennes est un objectif important. L’auteur de l’article, acteur dans ce processus, rappelle les différentes étapes de la reconnaissance du mouvement coopératif dans les textes et programmes européens, jusqu’à l’adoption du statut de la société coopérative européenne en juillet 2003 et à la communication de la Commission sur la promotion des sociétés coopératives en Europe en février 2004 – un extrait de cette communication est présenté en annexe. Quelques éléments quantitatifs montrent l’importance du secteur coopératif en Europe, mais beaucoup reste à faire. Du risque de banalisation à la question des moyens, ce sont les enjeux actuels qui font ainsi l’objet d’une analyse.

Numéro de revue: 
300
Année de publication: 
2006
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PDF icon 300_078089.pdf195.31 Ko
Auteur(s): 
Schlüter R.

L’âge héroïque de la Fédération des coopératives ouvrières de Bretagne 1902-1914

Cet article s’intéresse à la naissance du mouvement coopératif de consommation au XIXe siècle, étroitement liée aux organisations socialistes et syndicales. Ces organisations vont tenter d’instrumentaliser la coopération de consommation. Dans l’Ouest, elle s’organise dans le cadre de la Fédération des coopératives ouvrières de Bretagne, qui couvre un espace géographique important. Elle accueille aussi bien des sociétés adhérant à l’Union coopérative de Charles Gide, qui prône la neutralité de la coopération, que des sociétés adhérentes de la Bourse des coopératives socialistes. En avril 1905, la Fédération des coopératives ouvrières de Bretagne organise à Nantes le IVe congrès national de la Bourse des coopératives socialistes. L’aspect idéologique de la fédération régionale reste fort, mais rapidement les réalités économiques l’amènent à privilégier la réalisation de structures fédérales. Au lendemain du congrès d’unité de Tours, qui voit la naissance de la Fédération nationale des coopératives de consommation (FNCC), la Fédération de Bretagne est une des premières fédérations régionales à mettre en application le programme de modernisation de la coopération.

Numéro de revue: 
299
Année de publication: 
2006
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PDF icon 299_056067.pdf195.31 Ko
Auteur(s): 
Gautier R.

Peut-on rester compétitif sur le marché sans faire appel aux capitaux extérieurs ? Le cas de la coopérative Leclerc

"Le développement coopératif est souvent traité sous l’angle des alliances, fusions, ouverture de capital… Comment une coopérative autocentrée, peu ouverte sur l’extérieur, peut-elle maintenir sa taille et sa compétitivité sur le marché ? La fidélisation des membres constitue un enjeu de taille que se propose d’analyser cet article, à travers le cas de la coopérative Leclerc, en s’appuyant sur la théorie des droits de propriété et sur la théorie de l’agence. La coopérative Leclerc a connu deux crises importantes dans son histoire ; elles ont permis de mettre au point à la fois des incitations (système de parrainage) et des restrictions (limitation des possibilités de transfert) au droit de propriété, dans le but de fidéliser les adhérents et de les renouveler pour assurer un développement sur le long terme. La triple qualité de l’adhérent, apporteur de capital, utilisateur des services et décideur (obligation de consacrer un « tiers temps » à la gestion de la coopérative), facilite la conjonction des intérêts et limite les coûts d’agence. Si ces mécanismes ont prouvé leur efficacité, l’auteur montre qu’une extension de la taille de la coopérative paraît cependant compromise."

Numéro de revue: 
298
Année de publication: 
2005
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PDF icon 298_075089.pdf195.31 Ko
Auteur(s): 
Baron M.-L.

Kafo jiginew au Sud-Mali : un partenariat du Crédit coopératif au long cours

Les auteurs reviennent sur l’histoire exemplaire de Kafo jiginew, réseau coopératif de caisses intervillageoises d’épargne et de crédit au Mali, né en 1985 dans le cadre d’un partenariat entre la Fondation Crédit coopératif et un consortium d’ONG européennes. Ancrée dans la réalité malienne, la construction du réseau s’appuie sur les associations villageoises et le poids des leaders coutumiers. Le développement n’ira pas sans une crise importante dix ans plus tard, dont le dénouement impliquera d’accepter le pari d’une direction malienne de Kafo jiginew. Les enseignements sont nombreux, et l’article resitue aussi cette expérience dans le contexte de la microfinance en Afrique de l’Ouest, où les coopératives d’épargne et de crédit occupent une place prépondérante. Ce texte constitue la version complète de la contribution de Dominique Gentil et François Doligez à l’ouvrage publié en hommage à Jacques Moreau, qui, à la tête du Groupe Crédit coopératif, décida au début des années 80 de s’engager dans cette aventure.

Numéro de revue: 
298
Année de publication: 
2005
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PDF icon 298_011025.pdf195.31 Ko
Auteur(s): 
Gentil D. Doligez F.

Evolution des coopératives laitières en Pologne, point de comparaison avec quelques aspects de la législation française

L’efficacité économique d’une coopérative laitière résulte de sa position sur le marché des produits laitiers et de son rôle dans l’industrie agroalimentaire. Cet article présente le contexte de l’agriculture en Pologne, avant de s’intéresser plus spécifiquement aux coopératives. Parmi les obstacles à leur développement, le texte souligne une capacité d’autofinancement limitée. L’afflux de capitaux extérieurs et la mise en place de structures plus flexibles, notamment par le biais d’alliances, sont indispensables. Pour conserver son potentiel sur le marché du lait et faire face à la compétition européenne et mondiale, la Pologne devra aussi utiliser tous les moyens financiers accordés dans le cadre de l’intégration à l’Union européenne. Selon l’auteur, l’expérience de la France pourrait devenir une sorte de modèle pour la restructuration et la modernisation du secteur coopératif en Pologne. Une réforme des règles juridiques polonaises a d’ailleurs été proposée, en s’inspirant de cette expérience française.

Numéro de revue: 
298
Année de publication: 
2005
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PDF icon 298_056074.pdf195.31 Ko
Auteur(s): 
Mierzwa D.