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Loi Egalim : quel avenir pour les spécificités des coopératives agricoles ? Une lecture juridique de dispositifs entre renforcement du secteur et banalisation

Les États généraux de l’alimentation, initiés par le gouvernement, ont réuni fin 2017 et début 2018 toutes les parties prenantes de cette thématique dans des ateliers : agriculteurs, mais aussi industriels, distributeurs, ONG et membres de la société civile.

Objectifs : réfléchir à des mesures susceptibles d’améliorer le revenu des agriculteurs au titre de leur production et favoriser la montée en gamme et en qualité de leurs productions pour aller vers une alimentation plus saine.
La loi n° 2018-928 du 30 octobre 2018 « pour l’équilibre des relations commerciales dans le secteur agricole et alimentaire et une alimentation saine, durable et accessible à tous », dite « loi Egalim », est issue de ces États généraux. Afin de répondre à l’objectif de meilleure rémunération des agriculteurs – et comme la faiblesse de leurs revenus est corrélée à la pression exercée par la grande distribution, très concentrée autour de quelques acteurs et déterminée à mener une politique de prix bas pour les consommateurs –, la loi introduit une inversion dans la construction du prix. Celui-ci devra émaner de l’agriculteur et prendre en compte les coûts de production, en s’appuyant sur des indicateurs de référence élaborés par les interprofessions ou l’Observatoire de la formation des prix et des marges des produits alimentaires. On peut noter que cette notion de « coûts de production » figure déjà dans la définition du commerce équitable résultant de la loi ESS de 2014.

La loi Egalim contient également des dispositions importantes en faveur d’une alimentation plus saine, à travers notamment le levier constitué par la restauration collective dont les personnes morales de droit public ont la charge : cantines scolaires, hospitalières, etc. La loi introduit enfin des dispositions contre le gaspillage alimen-taire en autorisant les dons des industriels et de la grande distribution aux associations. Sont également ajoutées des dispositions relatives au bien-être animal ou encore à la réduction des déchets plastiques.

Numéro de revue: 
354
Année de publication: 
2019
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Auteur(s): 
Chantal Chomel

L’association au risque de l’entreprise

Dans cet article, l’auteur questionne l’articulation entre les termes « association » et « entreprise ». Étymologiquement comme historiquement, l’entreprise est synonyme de prise de risque. Au contraire, l’association, entendue comme groupement de personnes et non au sens juridique, est historiquement fondée pour prévenir et réduire des risques. Cette distinction permet de comprendre que certaines associations refusent d’être des entreprises et inversement que des entreprises, y compris appartenant à l’ESS, n’adoptent pas la forme associative. L’entreprise d’économie sociale typique est toutefois celle qui dépasse cet oxymore en se définissant comme un groupement de personne détenant une entreprise. Pour autant, l’entreprise n’est pas le principal centre d’intérêt de l’ESS, dont la finalité est l’émancipation. Un tel projet suppose une théorie générale qui relativise la place centrale qu’occupe aujourd’hui l’entreprise.

 

Numéro de revue: 
353
Année de publication: 
2019
Auteur(s): 
Jean-François Draperi

De la société de personnes à l’entreprise d’économie sociale : la lente construction d’une notion, du XIX e siècle jusqu’aux années 1980

L’économie sociale est née au XIX e siècle de regroupements de personnes unies par l’affectio societatis, et non comme « nœud de contrats marchands ». Le terme « entreprise »,  lorsqu’il fait son apparition, emprunte d’abord le sens très générique d’« entreprendre », avant d’être adopté en 1977 par les acteurs de l’économie sociale – via la formule « entreprise d’économie sociale » – pour souligner l’unité de leur secteur, en dépit des différents statuts qu’il abrite, et le différencier du modèle de la société de capitaux. Cet article retrace cette histoire. Il montre la montée en puissance de la notion de « société » jusqu’en 1860, pour structurer la plupart des initiatives solidaires et démocratiques (I). Au début du XX e siècle apparaît, via les coopératives, la notion d’entreprise, qui reste longtemps soumise au primat de l’association (II) avant de s’en émanciper progressivement et d’être étendue à l’ensemble de l’économie sociale (III).

 

Numéro de revue: 
353
Année de publication: 
2019
Auteur(s): 
Danièle Demoustier

Le « nouvel esprit » des associations, ou l’entreprise associative en questions

De la prise de conscience du rôle économique des associations dans les années 1970, à l’émergence d’une « entreprise associative » intégrée à l’économie sociale, en passant par la décision de leaders associatifs de rejoindre les coopératives et mutuelles dans le Comité national de liaison des activités mutualistes, coopératives et associatives (CNLAMCA) en 1985, cet article revient sur les pages d’un militantisme charnière pour comprendre la structuration du « monde associatif » contemporain, et l’entreprise d’ESS aujourd’hui. Les étapes qui conduisent à la définition de 2014 de l’économie sociale et solidaire sont analysées au travers du rôle et des revendications des mouvements associatifs et de leurs figures que sont François Bloch-Lainé, Henri Théry ou Nicole Alix. Par le prisme de la micro-histoire, les débats autour des ressources, de la non-lucrativité, du bénévolat, du rapport avec l’Etat sont mis en lumière.

 

Numéro de revue: 
353
Année de publication: 
2019
Auteur(s): 
Édith Archambault

Vers une culture juridique mondiale de l’entreprise d’ESS ? Une approche comparative internationale des législations ESS

En l’espace d’une dizaine d’années, de nombreux pays ont adopté un cadre juridique régissant l’économie sociale et solidaire (ESS). L’intérêt pour le secteur est également grandissant dans les organisations internationales, y compris les Nations unies. En comparant les législations relatives à l’ESS à travers le monde, les auteurs montrent que les intitulés choisis pour qualifier le secteur, la définition des principes essentiels, le périmètre des formes statutaires incluses, ainsi que les modes d’institutionnalisation sont variables en fonction des contextes économiques, sociaux, culturels et politiques des pays concernés. Néanmoins, les points de convergence sont nombreux et une culture juridique mondiale commune de l’ESS et de son entreprise semble s’esquisser.

 

Numéro de revue: 
353
Année de publication: 
2019
Auteur(s): 
Gilles Caire, Willy Tadjudje

Quelle lecture de l’entreprise d’économie sociale et solidaire (ESS) en droit français ?

À l’heure où le législateur entreprend une réflexion sur la signification de la notion de société, et cinq ans après l’adoption de la loi ESS, cet article interroge les contours juridiques contemporains de l’économie sociale et solidaire et la place que la notion d’entreprise y occupe. Quels rôles et caractéristiques sont attribués à l’entreprise d’ESS par le droit français ? Au terme d’une présentation succincte des relations générales que le droit entretient avec la notion d’entreprise, et après avoir souligné l’absence de résonnance de cette notion en droit des groupements, l’entreprise d’ESS contemporaine est analysée dans la situation antérieure à la loi de 2014 (I). Puis l’auteur montre comment, en dépit d’un continuum apparent, cette loi se détache et s’éloigne de la définition traditionnelle de l’entreprise d’ESS (II et III). La loi de 2014 semble proposer une définition juridique réticulaire à vocation principalement de politiques publiques (IV).

 

Numéro de revue: 
353
Année de publication: 
2019
Auteur(s): 
David Hiez

Entreprises sociales et entrepreneuriat social : émergence et enjeux de nouveaux modèles

« Entreprise sociale », « entrepreneurs sociaux » : ces termes appartiennent désormais aux discours et orientations des politiques publiques nationales et internationales, et traduisent dans certains cercles de grandes espérances en matière de progrès pour la société. Cet article expose les raisons qui ont présidé à l’émergence de ce phénomène et de ces notions, qui s’inscrivent dans une dynamique plus large de promotion des valeurs du monde de l’entreprise (I). Plusieurs facteurs se sont avérés particulièrement favorables à la montée en puissance de l’idée d’entreprise sociale (II). Selon le sens que l’on donne à un phénomène qui apparaît comme ambivalent, l’impact qu’il est susceptible d’avoir sur les entreprises de l’économie sociale (et plus généralement sur la conception générale de l’entreprise, voire la société dans son ensemble) peut s’avérer très différent (III).

 

Numéro de revue: 
353
Année de publication: 
2019
Auteur(s): 
Henri Nogues

Repenser l’entreprise de l’ESS à l’aune de la RSE et de la loi Pacte

Depuis les dérives de la financiarisation des entreprises, la mission de l’entreprise évolue pour tenter de mieux prendre en compte les impacts liés à son activité. La loi de 2014 relative à l’ESS dénotait déjà une reconnaissance et un intérêt pour les entreprises reposant sur une logique autre que la seule rémunération des actionnaires. Désormais, les structures soucieuses de montrer leur engagement sociétal ont le choix d’opter pour un statut d’entreprise de l’ESS, de s’inscrire dans une démarche de responsabilité sociétale des entreprises (RSE) ou de se doter d’une raison d’être (loi Pacte). Dès lors, dans ce contexte, quels sont la place, le sens et l’avenir de l’entreprise d’ESS ? Cet article caractérise les relations entre ces différentes approches et modèles de la responsabilité sociétale, en vue d’en déterminer les convergences et singularités.

 

Numéro de revue: 
353
Année de publication: 
2019
Auteur(s): 
Éric Bidet, Maryline Filippi, Nadine Richez-Battesti

Téléconsultation médicale : les enjeux d’un nouveau marché pour les organismes complémentaires d’assurance maladie

Les organismes complémentaires d’assurance maladie (Ocam), qui regroupent les mutuelles, les institutions de prévoyance et les compagnies d’assurances, se positionnent progressivement sur le marché de la téléconsultation (actes de télémédecine). Cet article envisage trois scénarios d’évolution qui auront un impact différent sur le système de santé selon le rôle dévolu à l’Assurance maladie complémentaire sur ce marché. Les auteurs, en s’intéressant aux conséquences du développement de la pratique de téléconsultation prise en charge par les Ocam, soulignent deux phénomènes principaux : la sélection des risques couverts et le développement de réseaux de santé échappant à la régulation de l’Assurance maladie obligatoire.

 

Numéro de revue: 
352
Année de publication: 
2019
Auteur(s): 
Jean-Paul Domin, Amandine Rauly

Mesurer l’impact de l’innovation sociale : quelles perspectives en dehors de la théorie du changement ?

La mesure de l’impact social est devenue un sujet majeur dans le débat relatif au financement de l’innovation sociale. Plusieurs rapports de référence ont été publiés dans ce sens. Ces travaux récents, en s’inscrivant tous dans le cadre logique de la gestion axée sur les résultats (GAR), également appelée « théorie du changement », renouvellent la construction d’une relation problématique : le lien causal et la mesure de sa preuve. À partir d’une approche institutionnaliste de l’innovation sociale, cet article expose les impasses de la GAR dans l’évaluation des innovations sociales et souligne que d’autres voies sont possibles. Les auteurs proposent ainsi de placer l’aspiration sociale au cœur du processus d’évaluation.

 

Numéro de revue: 
352
Année de publication: 
2019
Auteur(s): 
Emmanuelle Besançon, Nicolas Chochoy