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OPINIONS SUR LES ASSOCIATIONS ET AFFINITÉS POLITIQUES

Cet article étudie l’influence des caractéristiques individuelles sur les opinions exprimées à l’égard des associations. Deux enquêtes récentes sont utilisées pour conduire l’analyse, qui fait apparaître que, dans l’ensemble, le niveau de confiance accordée aux associations est élevé. Néanmoins, au sein de la population, le degré de cette confiance est susceptible de varier, comme divergent plus généralement les opinions exprimées sur le monde associatif. L’investigation réalisée montre que les caractéristiques socioprofessionnelles des individus expliquent de manière limitée ces différences, lesquelles sont en revanche plus sensibles à l’orientation politique. Sur ce plan apparaît une opposition entre l’électorat de gauche et celui de droite, le second se révélant plus prudent que le premier à l’égard des associations. Pourtant, l’orientation politique n’influence guère la participation associative. Aussi l’article propose-t-il d’interpréter ce résultat comme la traduction d’une réserve exprimée par l’électorat de droite à l’encontre de modes protestataires d’expression qu’empruntent certaines associations dans l’espace public.

Numéro de revue: 
321
Année de publication: 
2011
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PDF icon recma321_081098.pdf186.65 Ko
Auteur(s): 
Lionel Prouteau

AU-DELÀ DU CONTRAT : LA MOBILISATION DU CONCEPT DE VALEUR DE LIEN DANS LA RELATION SOCIÉTAIRE-MUTUELLE D’ASSURANCE. Le cas Macif

Le contexte de changement global dans les rapports entre acteurs de la consommation caractérisé par l’eff acement des frontières entre l’économique et le social préfi gure une transformation du lien social et pose la question de la valeur issue de l’échange marchand. Dans le secteur mutualiste, les parties prenantes entretiennent des relations spécifi ques qui dépassent la relation de consommation classique, et apportent à l’échange marchand, au-delà d’une valeur d’échange et d’une valeur d’usage, une « valeur de lien ». Dans cet article, par la mobilisation du concept de valeur de lien, nous montrons qu’à travers la circulation d’un certain type de bien il peut y avoir une création de valeur qui n’est pas liée aux spécifi cités assurancielles, mais à la qualité de la relation mutualiste. Pour ce faire, nous développons une analyse de l’interaction entre les personnels en contact et les sociétaires d’une société d’assurance mutualiste, la Macif. Nos résultats révèlent que, dans la relation contractuelle, ce qui est visé, c’est l’établissement d’une relation éthique entre les partenaires. Nous montrons en eff et que, pour créer de la valeur de lien, il faut être capable de « tempérer l’altérité créée par le contrat » et qu’une des conditions est l’autonomie laissée aux personnels en contact avec les sociétaires, parce que la relation s’inscrit dans les enjeux réciproques de la reconnaissance.

Numéro de revue: 
321
Année de publication: 
2011
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PDF icon recma321_062080.pdf231.83 Ko
Auteur(s): 
Juliette Weber

SCOP CÔTÉ NATURE BIO : UN EXEMPLE COOPÉRATIF CONFRONTÉ AUX RÉALITÉS DU MARCHÉ DANS UNE ÉCONOMIE PLURIELLE EN DEVENIR

L’exemple de Côté nature bio (CNB), petite entreprise roannaise spécialisée dans la fabrication de vêtements en coton biologique issu du commerce équitable, illustre la diffi culté qu’éprouvent les coopératives, dans une économie plurielle, à ne pas négliger leur performance économique (dérive militante, risque de faillite) et, concomitamment, à ne pas délaisser leurs objectifs politiques (dérive économiciste, risque de banalisation).

Numéro de revue: 
321
Année de publication: 
2011
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PDF icon recma321_050061.pdf148.91 Ko
Auteur(s): 
Jacques Poisat, Daniel Goujon et Jean-Luc Mieszczak

DIVERSITÉ DES ORGANISATIONS DANS LES ÉCONOMIES DE MARCHÉ, RÔLE DES COOPÉRATIVES ET DES ENTREPRISES SOCIALES Plaidoyer en faveur d’un pluralisme économique

Les approches économiques dominantes ont jusqu’à présent minimisé et marginalisé le rôle que jouent les entreprises coopératives et sociales dans les économies de marché contemporaines. Ce manque d’attention est certainement dû au fait qu’il est diffi cile d’appliquer aux coopératives et aux entreprises sociales deux des présupposés fondateurs des théories orthodoxes sur la micro-économie (la participation exclusive d’individus ayant à coeur leur intérêt propre, d’une part, et la maximisation des profi ts, d’autre part) comme uniques objectifs de l’entreprise. L’inadéquation entre la théorie et la réalité a mené à une sous-estimation du potentiel de croissance, du poids et du rôle des coopératives et des entreprises sociales. Les théories institutionnalistes ne sont pas parvenues non plus à expliquer la persistance et la croissance de ce type d’entreprise. Ainsi, nous proposons d’élargir les hypothèses des modèles économiques dominants et de considérer les entreprises comme des mécanismes de coordination des activités économiques, dont les parties prenantes sont motivées par des fi nalités diverses et affi chent des préférences complexes. Pour gérer cette complexité des motivations et des comportements, les coopératives et les entreprises sociales développent des modes d’organisation spécifi ques. Il est courant que les objectifs qu’elles poursuivent soient ambigus : elles peuvent envisager la propriété privée tout en ayant des objectifs de bénéfi ces mutuels et de bien commun soutenus par des préférences altruistes.

Numéro de revue: 
321
Année de publication: 
2011
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PDF icon recma321_032049.pdf199.4 Ko
Auteur(s): 
Carlo Borzaga, Sara Depedri et Ermanno Tortia

Le rôle de l’Etat dans l’économie sociale en Algérie, par C. Mustapha et B. Abdellah

L’originalité de l’expérience de l’économie sociale en Algérie tient à la participation directe de l’Etat comme levier nécessaire d’animation et d’encadrement dans la reconstruction d’un lien social qui se délite, notamment sous les effets de la mondialisation. L’Etat-providence est en passe de devenir simplement régulateur tant sur le plan économique (restructuration) que sur le plan social (gestion des eff ets du programme d’ajustement structurel). Deux formes de solidarité ont caractérisé jusqu’alors l’économie sociale en Algérie. La première, ancestrale et religieuse, survit jusqu’à nos jours, mais elle a été restructurée par la voie associative. La seconde est la forme institutionnalisée à partir de l’Indépendance. Jusqu’en 1990, elle a été pilotée par l’Etat, dans le contexte de la construction d’une société à orientation socialiste.

Le Bilan sociétal : un outil pour mettre en oeuvre l’ISO 26000 ? Par Mathilde Heslouin

L’Organisation internationale de normalisation (ISO) célébrait en novembre 2010 la publication de la première norme de responsabilité sociétale des entreprises (RSE) : l’ISO 26000. Le processus d’élaboration de la norme, qui s’est appuyé sur le dialogue entre diff érents acteurs (syndicats, industriels, ONG, mais aussi consultants et universitaires), a permis d’établir un consensus international sur un concept faisant l’objet de nombreuses controverses, tant dans ses défi nitions que dans ses pratiques.

Dossier "Le monde coopératif dans une économie plurielle : le problème de l’attractivité"

Le dossier qui suit est constitué d’une sélection de quatre textes parmi les soixante-trois présentés lors du dernier colloque européen du comité de recherche de l’Alliance coopérative internationale (ACI), qui s’est tenu à l’université Lumière-Lyon 2 les 2, 3 et 4 septembre 2010 (1). L’appel à communications a concentré les débats sur le thème des contributions des coopératives à une économie plurielle (2). Trois grands secteurs ou types d’activité ont été particulièrement l’objet de travaux : les coopératives dans la banque et les services financiers, les coopératives agricoles et dans le monde rural et les coopératives de production. Par ailleurs, trois ensembles de questions ont traversé les débats : sur les règles européennes et nationales en matière de concurrence, d’aides publiques et de fiscalité, sur la mise en oeuvre du statut de société coopérative européenne et sur les contributions des coopératives au développement local. Finalement, la question de la pluralité a largement renvoyé à celle de l’attractivité du monde coopératif, qui entremêle plusieurs dimensions de l’articulation des coopératives avec leur environnement et qui est ainsi la question centrale de la pluralité économique vue dans une perspective dynamique. C’est sur ce point à la fois central et transversal que cette courte présentation met l’accent.


(1) Organisé par un partenariat entre le Lefi (Laboratoire d’économie de la firme et des institutions, désormais inclus dans l’UMR Triangle) et la Cress Rhône-Alpes, il a précédé de peu l’ouverture de la chaire d’entrepreneuriat en ESS à l’université Lumière-Lyon 2. Il a été soutenu par la Fondation du Crédit coopératif, le Crédit mutuel, la CGScop, La NEF, la Caisse d’épargne Rhône-Alpes, le Collège coopératif Rhône-Alpes, la ville de Lyon, le conseil régional Rhône-Alpes et le Grand Lyon.

(2) L’appel à communications, le programme ainsi que la liste des textes présentés sont disponibles sur www.cress-rhone-alpes.org/cress/rubrique.php3?id_rubrique=122.

Numéro de revue: 
320
Année de publication: 
2011
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PDF icon recma320_024025.pdf331.31 Ko
Auteur(s): 
Jérôme Blanc et Denis Colongo

Une éthique pour l’économie

Hugues Puel. Cerf, 2010.

Alors qu’elle était au coeur de la réflexion de nombreux économistes classiques comme Sismondi, Stuart Mill ou Walras, la question de l’éthique a ensuite été très largement évacuée de la théorie économique dominante à partir du moment où celle-ci s’est focalisée sur le paradigme de l’intérêt et sur la figure de l’Homo oeconomicus, cet être absolument rationnel dont chaque décision est le résultat d’un irréprochable calcul coûtsbénéfices. Depuis une vingtaine d’années, cette question de l’éthique est de nouveau considérée par certains économistes et davantage encore par des gestionnaires et des analystes de l’entreprise à travers notamment les courants de l’éthique des affaires et de la responsabilité sociale de l’entreprise.

Femmes, économies et développement, de la résistance à la justice sociale

I. Guérin, M. Hersent et L. Fraisse (dir.). Editions Eres-IRD, Paris, 2011, 382 p.

Ce livre part d’un constat : qu’il s’agisse de cantines populaires, de microfinance, de coopératives de transformation de produits agricoles, d’emplois et de protection sociale ou de prise en charge des questions d’assainissement ou de déchets, se développent une multitude d’initiatives féminines mêlant actions économiques et solidarités, alors que, paradoxalement, les inégalités hommes-femmes font l’objet d’une remarquable permanence. L’ouvrage s’est donné pour objet d’étude ces initiatives, pour l’essentiel situées dans le champ de l’économie sociale et solidaire, et qui constituent une réponse pragmatique aux problèmes du quotidien des femmes, mais qui, par leur dimension collective, apportent aussi des innovations en matière d’organisation et de formes de revendication de changements structurels. La grille de lecture est double : elle analyse le rôle économique des initiatives des femmes, mais questionne également leurs enjeux du point de vue des rapports sociaux et politiques.