Article Recma

L’économie sociale au Portugal

Au Portugal, l’économie sociale jouit depuis la révolution de 1974 d’une reconnaissance constitutionnelle (1). Lors de la présidence portugaise de l’Union en 1992, Lisbonne organisait la IIIe Conférence européenne de l’économie sociale. Les contacts entre les familles n’ont jamais cessé depuis, mais ont pris un tour nouveau en août 2010, avec la création du Conseil national de l’économie sociale. Rapide panorama de l’économie sociale dans ce pays où, comme ailleurs en Europe, une profonde crise budgétaire et politique est susceptible de faire évoluer les relations entre le tiers secteur (2) et les pouvoirs publics .

Vers de nouveaux rapports du développement agricole au territoire. Agir ensemble pour devenir autonomes

Cet article questionne la territorialisation des actions de développement agricole local. Deux projets sont comparés : l’association des éleveurs des vallées angevines et la construction d’une presse à huile végétale pure au sein d’une coopérative d’utilisation de matériel agricole (Cuma) départementale. Ces deux projets revendiquent une certaine démarche de qualité agricole fondée sur des pratiques de production et un fonctionnement collectif, sans toutefois s’inscrire dans les labellisations officielles reconnues. Ils sont fortement déterminés par une volonté locale d’autonomie agricole et de relocalisation de valeur ajoutée. Pour autant, ces projets présentent deux itinéraires divergents de construction territoriale de l’action de développement : préconstruit des zonages environnementaux et périmètre contraint, d’une part, et co-construction territoriale, d’autre part. Ces dynamiques territoriales résultent des effets conjugués des institutions locales ou agricoles et de l’inscription des acteurs engagés dans des réseaux sociaux locaux. Dans cet article, nous montrons comment les porteurs de projets locaux contribuent à transformer le paysage institutionnel du développement agricole en mettant en place des partenariats originaux sur le territoire.

Numéro de revue: 
320
Année de publication: 
2011
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PDF icon recma320_099115.pdf670.45 Ko
Auteur(s): 
Geneviève Pierre et Bertille Thareau

De la longévité coopérative. Une étude de la survie des coopératives agricoles françaises

Le paysage coopératif agricole est en forte transformation depuis de nombreuses années, entre disparitions, fusions et consolidations. Différents travaux théoriques ont tenté de proposer une explication des particularités coopératives en termes d’efficacité et de capacité à survivre. Nous en présentons ici les grandes propositions de recherche. Notre travail est centré sur une contribution empirique. A ce titre, la mobilisation de méthodes simples d’analyse de survie permet de mettre en évidence une dynamique temporelle favorable aux coopératives vis-à-vis des autres entreprises avec lesquelles elles sont en concurrence. Cette dynamique s’accompagne de trajectoires sectorielles particulières et de dynamiques spécifiques suivant les régions. En conclusion, nous proposons quelques pistes d’explication de ces dynamiques.

Numéro de revue: 
320
Année de publication: 
2011
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PDF icon recma320_082098.pdf738.6 Ko
Auteur(s): 
Myriam Carrère, Iragaël Joly et Damien Rousselière

La coopération en Slovénie : entre reconnaissance et déni

Cet article propose un aperçu historique du fait coopératif en Slovénie depuis la fin du xixe siècle, principalement sous l’angle juridique. Le pays a en effet connu de profonds bouleversements politiques qui ont marqué le développement des coopératives. La première partie revient sur un siècle de coopération, de l’influence austro-hongroise à l’indépendance du pays et à son entrée dans l’Union européenne, en passant par l’ère soviétique et l’affirmation d’une voie socialiste autogestionnaire sous Tito. La seconde partie de l’article s’ouvre sur les évolutions législatives en cours suite à l’application du règlement de la société coopérative européenne (SCE) et, en présentant un panorama contemporain de l’économie coopérative en Slovénie, soulève des problèmes non résolus tels que la diversification des coopératives (accès à diverses activités), l’égalité de traitement dans le système des aides d’Etat et les modalités des dispositifs d’incitation et de contrôle pour les coopératives à capital indivisible.

Numéro de revue: 
320
Année de publication: 
2011
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PDF icon recma320_069081.pdf469.7 Ko
Auteur(s): 
Franci Avsec et Primož Žerjav

A la marge ou grand public : conséquences de la politique d’insertion financière sur le développement des coopératives d’épargne et de crédit au pays de Galles

Cet article se fonde sur des recherches empiriques menées sur les performances financières et opérationnelles des coopératives d’épargne et de crédit (CEC) au pays de Galles. Cette recherche s’intéresse au soutien financier du Parlement gallois et du gouvernement britannique et aux conséquences qu’aura le programme d’insertion financière sur l’espace économique et social occupé par les coopératives d’épargne et de crédit. Cet article met l’accent sur un aspect particulier de la recherche : les entretiens réalisés avec des acteurs clés, des décideurs et des politiciens. Le mouvement naissant des coopératives d’épargne et de crédit s’est développé sous les bons auspices d’un gouvernement décentralisé. Cependant, les chercheurs remarquent que se préoccuper d’un programme d’insertion financière tout en se battant pour devenir des institutions financières coopératives indépendantes non seulement met à rude épreuve la performance financière et opérationnelle des coopératives d’épargne et de crédit, mais présente aussi des défis particuliers en termes d’orientation stratégique, de gestion et de gouvernance pour ces organisations en plein essor. A cet égard, cet article constitue une pièce de taille dans le puzzle du développement des CEC en Grande-Bretagne.

Numéro de revue: 
320
Année de publication: 
2011
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PDF icon recma320_052068.pdf477.7 Ko
Auteur(s): 
Jan Myers, Molly Scott-Cato et Paul A. Jones

Le soutien de l’Etat aux coopératives de transport israéliennes, à l’origine de la perte des valeurs coopératives dans le contexte néolibéral

Jusqu’en 2000, 97 % des bus israéliens étaient gérés par des coopératives. Les coopératives de transport sont encore de loin les principaux opérateurs dans le domaine des transports publics du pays, mais l’orientation néolibérale du gouvernement a visé dès lors à créer un marché compétitif en encourageant leur démutualisation. Le secteur a été transformé en un marché fragmenté de monopoles de petite envergure, contrôlés par des sociétés capitalistes. En quoi les coopératives sont-elles concernées par la privatisation ? Les chantres de la privatisation en Israël défendent l’idée que ce ne sont pas seulement les entreprises d’Etat qui ne sont pas efficientes, mais plutôt l’ensemble des entreprises non capitalistes. La campagne publique initiée par le nouveau gouvernement suggérait que les employés du secteur public percevaient des salaires trop élevés pour un service de faible qualité et que les citoyens pourraient recevoir davantage en payant moins.

Numéro de revue: 
320
Année de publication: 
2011
Auteur(s): 
Yifat Solel

Formes coopératives hybrides

On constate avec un intérêt croissant la transformation d’organisations du tiers secteur en organisations hybrides. Les chercheurs se sont penchés sur les processus d’« hybridation » ayant mené au développement de l’entreprise sociale, dont l’incarnation la plus remarquable est le modèle italien de la coopérative sociale. Il s’agit d’un modèle doublement « hybride », tant par son mode de gouvernance que par la diversité de ses pourvoyeurs de ressources. D’autres formes hybrides de coopératives se sont développées au cours de ces dernières années, en particulier dans le secteur des coopératives agricoles, qui ont adopté certaines pratiques des entreprises privées (par exemple au niveau des droits de vote). D’autres formes d’hybridation ont concerné les coopératives de consommateurs ou les coopératives ouvrières. Parfois, ce processus s’opère au niveau multi-organisationnel, avec le développement de structures de holding, lorsqu’une coopérative diversifie ses activités en créant une filiale ou en ayant recours à une structure d’entreprise traditionnelle.

Numéro de revue: 
320
Année de publication: 
2011
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PDF icon recma320_026042.pdf460.18 Ko
Auteur(s): 
Roger Spear

Démocratiser l’économie

Hugues Sibille, Tarik Ghezali, Grasset, 2010, 138 pages

Dans leur ouvrage consacré à la démocratisation de l’économie, Hugues Sibille et Tarik Ghezali (1) s’attaquent à une question récurrente dans notre histoire sociale : la démocratie économique, question familière aux praticiens et analystes de l’économie sociale et solidaire. Contrairement au discours des économistes qui réclament un retour de la régulation publique, ils affirment une conviction forte : la sortie de crise « ne sera pas keynésienne ». Ce ne sera pas une économie mixte mais une économie plurielle qui nous permettra de sortir des dégâts opérés par les dérégulations. Dans ces nouvelles « régulations citoyennes et entrepreneuriales » (p. 10), les sociétés de personnes devraient jouer un rôle important pour contrebalancer le pouvoir des actionnaires et des managers qui a conduit à la financiarisation de l’économie. La perspective d’une plus forte valorisation de la coopération est séduisante mais l’argumentation n’est pas dénuée d’ambiguïtés.

Gouvernance des biens communs, pour une nouvelle approche des ressources naturelles

Elinor Ostrom, 1990, trad. française 2010, Editions De Boeck.

La pensée économique dominante conclut, au mieux, à l’inefficacité économique de « l’action collective […] des individus utilisant des ressources communes », au pire, à l’épuisement de ces biens communs, à moyen ou long terme. Il en ressort une alternative politique : la privatisation de ces biens (acteurs individuels ou firmes) ou leur contrôle par l’Etat (contrôle direct, nationalisation, ou indirect, régulation extérieure de l’action). Dans son ouvrage, Gouvernance des biens communs (dont sont tirées les citations de cette note), Elinor Ostrom (« Nobel » d’économie 2009) critique tant les modèles « métaphoriques » à la source de cette vision pessimiste, qui culmine dans la « tragédie des biens communs » (Garret Hardin), que les solutions qui s’inscrivent dans l’alternative Marché-Etat. S’appuyant sur ses propres travaux et enquêtes sur le terrain, comme sur les données d’autres auteurs, Ostrom met en avant les solutions « de l’auto-organisation et de l’auto-gouvernance dans les situations de ressources communes ». Solutions pragmatiques, efficaces et durables dans suffisamment de cas pour que l’auto-organisation apparaisse non pas comme une utopie politique mais comme une pratique d’action collective qui répond à une large palette de problèmes économiques.