Article Recma

Les interprétations du mutualisme sur le littoral charentais sous le Second Empire et la IIIe République

Ce sont les racines du mutualisme qui sont données à voir dans cet article, à travers une mise en lumière des pratiques de prévoyance et de solidarité qui se développent, au milieu du XIXe siècle, dans le département de Charente-Inférieure. L'approche monographique permet d'appréhender la diversité des pratiques, en lien avec les caractéristiques de l'environnement et de l'activité de subsistance. Si les agriculteurs de l'arrière-pays, prospères, se montrent peu sensibles à l'idée de solidarité, les populations du littoral, aux conditions de vie beaucoup plus rudes, se mobilisent autour de pratiques solidaires avant même le décret de 1852 qui encourage la mutualisation territoriale. Au sein de ces populations, les comportements sont également différenciés. Sur l'île de Ré, où le mouvement présente une grande vitalité, les marins pêcheurs se montrent peu enclins à la prévoyance sur le long terme, la menace de l'océan planant toujours sur les perspectives d'avenir. L'île d'Oléron, moins soumise à l'adversité, offre un autre visage du mutualisme, patronné et générant peu de participation. Quant à la mutualité ouvrière de l'arsenal de Rochefort, elle fournit un nouvel exemple des relations subtiles qui s'établissent avec le syndicalisme naissant. Ainsi, avant la charte de la mutualité et la création des unions départementales à la fin du XIXe siècle, lesquelles porteront rationalisation du fonctionnement et uniformisation progressive des pratiques, la mutualité s'épanouit sur des particularismes locaux qui traduisent toute sa vivacité.

Numéro de revue: 
273
Année de publication: 
1999
Auteur(s): 
Patricia Toucas

La notion même de « démutualisation » est-elle acceptable ?

L'auteur de cet article, praticien du champ et expert en matière juridique et fiscale, livre quelques réflexions sur un thème largement ouvert aux débats et particulièrement sensible au niveau des coopératives bancaires, eu égard au mouvement qui a affecté les building societies au Royaume- Uni. Tout bénéfice pour certains, la démutualisation n'est pas sans toucher les fondements mêmes du statut coopératif ainsi que les fondations de l'entreprise d'économie sociale. En faisant fi de l'histoire et des hommes qui ont contribué à la construire, ce sont des questions éthiques tout autant que techniques que pose la démutualisation. 

Numéro de revue: 
273
Année de publication: 
1999
Auteur(s): 
François Schwerer

« Je ne vais pas aux AG et pourtant j’ai des idées » : pour une coopération rurale en Languedoc-Roussillon

Dans le sud de la France et particulièrement en Languedoc-Roussillon, les coopératives viticoles ont joué un rôle essentiel dans le développement économique local. L'adaptation aux nouvelles exigences du marché, à l'origine d'un processus de reconversion vers des vins de qualité, représente donc un enjeu important qui nécessite une forte mobilisation de l'ensemble des adhérents. Cet article éclaire de l'intérieur les transformations que doivent gérer aujourd'hui les coopératives, à partir de l'exemple de l'une d'entre elles : Puisserguier-Maureilhan, préoccupée de la faible implication apparente de ses adhérents. Ce sont tout autant les résultats d'une recherche sur le terrain qu'une démarche originale permettant d'approcher les "anonymes" de la coopération que nous présente l'auteur. Comment expliquer la distance qui s'est instaurée entre les adhérents et leur coopérative? Au-delà de la non-participation aux assemblées générales, on découvre de nouvelles logiques d'acteurs. Les "anonymes" se révèlent porteurs de potentialités et de besoins qui pourraient bien impulser une nouvelle dynamique à la coopération. C'est une nouvelle figure de "vigneron acteur du développement local" qui émerge ainsi d'une démarche illustrant parfaitement le rôle que peut jouer la recherche pour éclairer et soutenir l'action. 

Numéro de revue: 
273
Année de publication: 
1999
Auteur(s): 
Yuna Chiffoleau

Les banques coopératives et mutualistes entre concurrence et solidarité : la confiance au centre d’un modèle alternatif de compétitivité ?

Pour les organisations de l'économie sociale dont les activités se développent dans un environnement concurrentiel, la question de l'articulation entre leur mission de solidarité et d'intérêt général et la nécessité d'être compétitifse pose aujourd'hui avec acuité. Comment parviennent-elles à réconcilier les termes de ce paradoxe? Quel rôle joue la confiance ? C'est ce que les auteurs s'attachent à analyser dans cet article, en s'intéressant plus particulièrement aux banques coopératives et mutualistes à travers l'exemple du Crédit mutuel méditerranéen (CMM). Appréhendée comme résultante d'un calcul individuel de risques et d'opportunités ou comme nécessité inscrite dans les nouvelles formes de coordination, la notion de confiance n'est pas sans soulever des débats théoriques. L'histoire du Crédit mutuel méditerranéen permet d'éclairer différents modèles de compétitivité à l'œuvre. Relation de proximité, culture de solidarité, logique de l'honneur fondent le modèle initial, dans un contexte de grande stabilité.

Dans les années 80, avec les évolutions de l'environnement et l'augmentation du volume d'activités, l'échange de type marchand devient dominant, assorti d'un développement des comportements opportunistes. Logique du contrat, critères techniques, culture de service au client sont à la base d'un nouveau modèle qui conjugue confiance avec défiance. Depuis quelques années, le concept de "banque régionale mutualiste" réactualise la relation de confiance dans un modèle de compétitivité associant nouveau professionnalisme et valeurs fondatrices de proximité et solidarité.

Numéro de revue: 
274
Année de publication: 
1999
Auteur(s): 
Ariel Mendez et Nadine Richez-Battesti

L’entreprise d’insertion wallonne, un coup de pouce à l’intégration sociale

En Wallonie, l'entreprise d'insertion est apparue pour offrir un emploi durable à des personnes en grande difficulté socioprofessionnelle. Elle ne constitue pas un passage vers l'intégration dans le monde du travail, mais entend la concrétiser. La structure s'est d'abord imposée sur le terrain, avec la mise en place de projets pilotes, avant d'acquérir une reconnaissance juridique. Un décret adopté en 1998 définit les conditions d'agrément et de financement de l'entreprise d'insertion et la dote du statut de société à finalité sociale (SFS). La primauté de son projet social se trouve donc affirmée en même temps que le caractère marchand de son activité, qui doit lui permettre d'assurer une partie de son financement. L'article présente une analyse très concrète des avancées et des difficultés que représente ce projet ambitieux d'asseoir un développement économique sur l'embauche de "demandeurs d'emploi particulièrement difficiles à placer". 

Numéro de revue: 
274
Année de publication: 
1999
Auteur(s): 
Michel Simon

Les coopératives à but social et le multisociétariat

A l'instar d'autres pays européens, la France cherche à développer l'entreprise à but social. On sait qu'une réflexion sur ce thème a été confiée par Martine Aubry à l'économiste Alain Lipietz. Le rapport du Conseil supérieur de la coopération encourage la promotion du statut coopératif défini par la loi du 10 septembre 1947, et la CGScop travaille, dans ce sens, sur un projet de société coopérative d'intérêt collectif (SCIC). A quelles conditions la forme coopérative peut-elle constituer une réponse ? Dans cet article, François Espagne analyse certaines questions qui se posent à l'examen du statut légal des coopératives en France. La finalité elle-même introduit la première difficulté : la coopérative, en effet, vise en priorité la satisfaction des besoins de ses membres; qu'en est-il de la dimension altruiste attachée à l'idée d'entreprise àfinalité sociale ? Le caractère non lucratif est lui aussi matière à discussion. Exclure toute possibilité de gain matériel pour les sociétaires impliquerait des modifications statutaires. Par ailleurs, si l'unisociétariat constitue la règle générale pour les coopératives, en accord avec l'unicité de la cause du contrat, des exceptions ont été introduites qui ouvrent au multisociétariat. En admettant ce principe pour l'entreprise à finalité sociale, sa pérennité ne requiert-elle pas d'unifier la cause du contrat pour les différentes catégories d'associés ? L'incidence du multisociétariat sur les conditions d'admission et les droits des associés est également envisagée. Ces bases d'analyse étant posées, l'auteur s'intéresse aux réalisations de quatre pays européens - la Belgique, l'Espagne, l'Italie et le Portugal - en matière de société à finalité sociale. Comment chaque pays a-t-il résolu les difficultés, voire les contradictions, qui émergent? Autant d'enseignements qui peuvent être utiles pour éclairer les choix. 

Numéro de revue: 
274
Année de publication: 
1999
Auteur(s): 
François Espagne

Essai de construction de profils socio-économiques d’associations

Ce texte propose une nouvelle mise en perspective de la variété des situations associatives. La démarche socio-économique adoptée caractérise toute association par son projet, mais aussi par les moyens mis en œuvre pour le réaliser. Finalité associative et données économiques peuvent alors se combiner de diverses façons, que les auteurs cherchent à appréhender. Douze indicateurs sont définis, six d'entre eux se référant aux dimensions proprement associatives — le bénévolat, par exemple -, les six autres renvoyant à des dimensions empruntées au monde de l'entreprise — comme le salariat. Si les indicateurs associatifs rendent compte d'une plus-value sociale, les indicateurs référés à l'entreprise traduisent des aménagements, c'est-à-dire la manière dont les acteurs composent avec les données économiques. Huit profils socio-économiques, résultant d'une combinaison de ces deux fàmilles d'indicateurs, sont identifiés. Quatre groupes d'associations présentent un équilibre des dimensions associatives et économiques : le développement conjoint du bénévolat et du salariat en constitue un exemple.

Quatre autres groupes laissent voir des caractéristiques dominantes qui les situent aux frontières du champ associatif : profils para-entreprise, para-administratif, para-coopératif et para-familial. Autant de profils qui illustrent la diversité des dynamiques de développement à l'œuvre. 

Numéro de revue: 
272
Année de publication: 
1999
Auteur(s): 
Danièle Demoustier et Marie-Laure Ramisse

Typologie des conseils d’administration d’association

Cet article apporte un nouvel éclairage sur les pratiques en matière de direction des associations, en s'intéressantplus particulièrement aux dirigeants bénévoles. Quels sont leur rôle et leur influence, en relation avec les dirigeants salariés? S'appuyant sur des entretiens conduits auprès de 86 responsables bénévoles et salariés, François Mayaux propose une typologie des conseils d'administration d'associations, en en précisant les modes d'utilisation. Seule une application dialectique de l'outil permet de saisir une réalité le plus souvent contrastée : on ne peut réduire un conseil d'administration à l'un des quatre types déterminés, mais on peut identifier un type dominant en lien avec des types secondaires. Pour les dirigeants d'associations, une telle analyse se révèle utile à la fois dans une perspective de réflexion sur l'exercice de leur fonction et dans une vision prospective, pour envisager et gérer les évolutions de leur structure. Un outil d'autodiagnostic est proposé au lecteur, lui permettant de "typer" son conseil d'administration et d'engager une réflexion lucide sur le type de conseil que son association possède ou devrait posséder. 

Numéro de revue: 
272
Année de publication: 
1999
Auteur(s): 
François Mayaux

De Paris à Québec, les orientations de l’ACI

Au lendemain de ses quatre assemblées régionales de 1998, et notamment de l'assemblée très réussie de son instance européenne à Paris, l'Alliance coopérative internationale (ACI) tourne désormais le regard vers la ville de Québec où, du 30 août au 1" septembre 1999, elle tiendra son congrès et son assemblée générale.
Face aux grandes questions qui se posent aux coopératives du monde entier, l'assemblée générale ordinaire sera suivie d'un congrès — manifestation qui, depuis la révision des statuts en 1992, ne constitue plus une instance dirigeante de notre organisation —, afin de favoriser l'élargissement des débats et de la participation. Son thème, "La valeur ajoutée aux sociétaires : un défi pour la coopération du prochain millénaire", se propose d'étudier le lien entre les coopératives et leurs membres, dont dépend la réussite économique.

Numéro de revue: 
271
Année de publication: 
1999
Auteur(s): 
Bruce Thordarson

Opportunités et menaces pour les coopératives en Europe

Villa el Salvador (VES) est un bidonville de 300 000 habitants, en banlieue de Lima. Cette municipalité se caractérise par son haut degré d'organisation sociale : non seulement plus de 3 000 associations y sont aujourd'hui actives, mais celles-ci déploient leurs activités dans un cadre très évolué de développement communautaire. VES a en effet su développer un aménagement de son territoire correspondant à une organisation de la communauté par groupes résidentiels autour de 120 places communes. Cette expérience unique en Amérique latine est riche en leçons de toutes sortes. Comment
s'organisent ces 300000 habitants et comment la municipalité a-t-elle pu en arriver à planifier son développement ? Issu d'une enquête sur place et de plusieurs échanges, échelonnés sur dix ans, entre Péruviens et Québécois engagés dans la coopération internationale et l'économie sociale, ce texte, qui constitue la première partie d'un article, présente l'expérience de Villa el Salvador sur vingt-cinq ans, son contexte et ses projets concrets de développement. Dans le prochain numéro, les auteurs rendront compte des paramètres plus généraux et des conditions de réussite d'une telle expérience de développement local en la cadrant dans une démarche plus générale d'économie plurielle.

Numéro de revue: 
271
Année de publication: 
1999
Auteur(s): 
Louis Favreau et Lucie Fréchette