autogestion
Place de l’économie sociale dans la construction de l’intérêt général à partir de l’initiative locale, les « pays » en France
Les « pays » du droit français récent (lois Pasqua et Voynet, 1995, 1999) participent d’une nouvelle architecture institutionnelle de la décentralisation. L’article montre qu’ils touchent directement l’univers des associations coopératives (Ascoop), dont l’émergence locale et l’implication de proximité sont indissolubles de leur nature même. Si la loi Voynet paraît faire une place privilégiée au secteur purement associatif, coopératives et mutuelles, autres composantes de l’économie sociale, se trouvent naturellement entraînées par ce modèle de gouvernance. En fait, c’est la construction de la loi, d’esprit participatif et fédératif, qui à travers les « conseils de développement des pays », ouvre la porte à la concertation. Le pays intervient dans la chaîne de construction de l’intérêt général et contribue, par les informations, opportunités, choix et actes qui le traversent, à modeler la société. L’auteur montre ainsi le pays comme maillon d’un modèle de « centralisme fédératif à initiative locale » plus ou moins autogestionnaire, dont historiquement les Ascoop se recommandent également.
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Développement communautaire et économie solidaire : l’expérience péruvienne de Villa el Salvador
La population de Villa El Salvador (VES) a acquis, en plus de vingt-cinq ans, une large expérience dans la gestion de ses propres projets et dans le contrôle de son développement. Ce modèle est profondément ancré dans la tradition communautaire indienne, qui n'aurait probablement pas survécu à l'industrialisation et à la prolétarisation de la main-d'œuvre accompagnant cette industrialisation. Mais cette culture a trouvé au Pérou un terrain propice dans l'économie informelle. Il faut voir là un premier facteur de réussite de VES comme expérience de développement local et de démocratie à une échelle qui déborde le microdéveloppement. Cette participation ou cette mise à contribution de la culture locale de type communautaire, au sens ancien de ce mot, n 'est cependtmt pas suffisante. Aujourd'hui, plus de 3000associations (de quartier et sectorielles) s'activent et animent la Communauté urbaine autogérée de Villa el Salvador (Cuaves) à partir d'un réseau de voisinage très structuré, qui a su prendre le contrôle de sa croissance dès ses débuts, dans le cadre d'une organisation de l'espace par groupes résidentiels constitués autour de 120 places communes. Cette communauté autogérée s'est aussi dotée des attributs de la modernité, en créant une collectivité publique et en mettant à profit plusieurs organisations non gouvernementales (ONG) nationales, de même que des organisations de solidarité internationale (OSI). Quels sont les paramètres généraux qui fondent la réussite de cette expérience de développement local devenue une ville autogérée de 300000 habitants ? Telle est la question qui guide les auteurs dans ce texte, qui constitue la seconde partie de l'article consacré à VES (cf. Recma, n° 271).
La récupération d’entreprise en Argentine et en Uruguay : syndicats et coopératives face à de nouveaux défis
Cet article s’intéresse au processus de récupération d’une entreprise par ses salariés sous la forme d’une coopérative de travail. Confrontés à la faillite de nombreuses entreprises dans un contexte de crise économique et sociale, l’Argentine et l’Uruguay ont vu se développer le phénomène, particulièrement à la fin des années 90. Si les travailleurs cherchent à sauver leur emploi, la nouvelle organisation implique pour eux de nouvelles responsabilités. Quant au mouvement syndical, sa position peut se révéler très différente d’un pays à l’autre. Basés sur une étude de cas et le recueil de témoignages, les résultats présentés ici montrent des situations contrastées entre l’Argentine et l’Uruguay. Entre défiance et soutien actif, dans le processus de récupération lui-même, puis dans la gestion de la coopérative, le rôle des syndicats fait l’objet d’une analyse approfondie. Si le succès de la récupération d’entreprise reste une gageure, il repose en partie sur une évolution des représentations individuelles et collectives des relations sociales.
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