Article Recma

Des communs sociaux à la société du commun

A la suite des communs traditionnels autour des ressources naturelles et des nouveaux communs autour des ressources numériques, les communs sociaux constituent la mise en  commun de ressources dotées de droits universels tels que la santé, la culture ou l’emploi, dont la gestion collective assure un accès local et démocratique à chacun(e). Après avoir  développé cette hypothèse de recherche, l’auteur propose une analyse de nature macro-institutionnelle afin de considérer le potentiel de transformation globale des communs sociaux. Alors qu’ils composent au travers de nombreuses réalités de l’économie sociale et solidaire un sous-système marginal du système capitaliste néolibéral actuel, une piste pour le dépassement de ce dernier au bénéfice de l’institution d’une société du commun est proposée : celle du capitalisme communal dont le commun devient le principe politique.

Numéro de revue: 
345
Année de publication: 
2017
Auteur(s): 
Hervé Defalvard

Articuler communs et économie solidaire : une question de gouvernance ?

Cet article explore les articulations possibles entre la théorie des communs et celle de l’économie solidaire. Ces deux approches théoriques, tout en s’inscrivant dans des histoires  et des démarches conceptuelles fort diff érentes, ont pour point commun de dépasser un cadre conceptuel uniquement  fondé sur l’opposition et/ou la complémentarité entre le marché et l’Etat. L’article se base sur le terrain de recherche du Phares, à la fois coopérative (SCIC) et pôle territorial de coopération économique (PTCE) de la région parisienne, offrant la mutualisation d’un lieu de travail et des espaces collaboratifs à ses membres, des organisations de l’ESS. L’étude montre que la capacité du Phares à mettre en œuvre une gouvernance collective et à produire du commun pour le territoire est déterminante pour articuler communs et économie solidaire.

Numéro de revue: 
345
Année de publication: 
2017
Auteur(s): 
Philippe Eynaud, Adrien Laurent

Co-op Bank, la descente aux enfers ?

Longtemps fleuron de The Co-operative Group, The Co-operative Bank est à vendre. Créée en 1872 par The Co-operative Wholesale Society (CWS) basée à Manchester, en Angleterre, The Co-operative Bank avait pour objectif de répondre prioritairement aux besoins de financement des coopératives et des mutuelles ainsi que de leurs membres. Aujourd’hui connue sous le nom de Co-op Bank, elle s’est bâti une réputation d’entreprise innovante. Première banque à rémunérer les comptes courants en 1982 et à s’afficher banque éthique en 1992, elle s’est dotée d’une charte basée sur les valeurs coopératives ­d’entraide, de responsabilité individuelle, de démocratie, d’égalité et d’équité. C’est ainsi qu’elle promeut l’honnêteté et la transparence dans les relations avec ses clients et ses fournisseurs, la protection de l’environnement, celle des droits humains, le bien-être animal, règles qu’elle met en pratique en refusant par exemple d’investir dans un certain nombre de secteurs (armement, génie génétique, activités pouvant aggraver le changement climatique, expérimentation animale). Cette démarche éthique a contribué à valoriser une image que ses déboires récents risquent de ternir quelque peu. Après la découverte inopinée de pertes très importantes en 2013 dues principalement à une politique d’acquisitions aux conséquences mal évaluées, la banque n’a dû son salut qu’à  l’intervention de hedge funds, notamment le fonds vautour Aurelius Capital Management. En dépit du redressement opéré à partir de 2014, elle a continué à cumuler des pertes importantes, 473 millions de livres en 2016, après une perte de 610 millions en 2015.

Devant cette situation, et face à l’impossibilité de satisfaire aux exigences en matière de fonds propres imposées par les nouvelles normes bancaires internationales, le conseil d’administration de la banque s’est vu contraint en février 2017 de prendre la décision de mettre  en vente Co-op Bank. Ses actionnaires, les hedge funds qui l’avaient sauvée de la faillite en 2013 – elles détiennent 80 % du capital – et Co-op Group, ne sont pas en mesure d’injecter les capitaux additionnels requis. Est-ce la fin d’une histoire vieille de près de 150 ans ?

 

Numéro de revue: 
344
Année de publication: 
2017
Auteur(s): 
Marcel Hipszman

Le programme pilote de promotion du sac écologique en toile. Une expérience de l’ESS à Kénitra

Située à une quarantaine de kilomètres de Rabat, la capitale du Maroc, Kénitra s’étend sur la rive sud de l’Oued Sebou, à 12 km de l’embouchure sur l’océan Atlantique. La ville est limitée au nord par la plaine du Gharb, au sud par la forêt Maâmora, à l’ouest par les cordons dunaires, et à l’est par le lac El Merja. Kénitra, qui abrite 423 890 habitants, est considérée comme l’une des plus importantes villes du nord-ouest du Maroc, et est l’ancienne capitale de la région du Gharb, dont elle concentre la moitié de la population aujourd’hui. Elle représente également un site de relais de la métropole Casablanca-Rabat. Au niveau économique, Kénitra abrite une industrie importante dans les secteurs agroalimentaire, automobile, papier, textile. Concernant le secteur coopératif dans la ville de Kénitra, il compte 319 coopératives et 13 138 adhérents.

Lors de la campagne nationale de ramassage et d’élimination des sacs en plastique à travers le Royaume du Maroc, plus de mille tonnes y ont été collectées. En prolongement de ladite campagne, le programme pilote de promotion du sac écologique en toile a été lancé afin, tout d’abord, d’encourager l’utilisation des sacs écologiques, mais aussi de renforcer la capacité de production des coopératives. De par son important poids démographique, et donc en raison de sa pollution accentuée par les sacs en plastique, la ville de Kénitra a été  sélectionnée parmi les villes concernées par le programme pilote.

 

Numéro de revue: 
344
Année de publication: 
2017
Auteur(s): 
Bouhdoud Ouafaa

L’apport des banques populaires au progrès économique et social en Bulgarie entre les deux guerres (1919-1938)

Issue d’une longue tradition mutualiste et solidaire de la population, la fi nance sociale en Bulgarie a émergé dans des conditions politiques et économiques particulières. Le crédit coopératif a joué un rôle clé dans l’établissement du système fi nancier et économique de la Bulgarie entre les deux guerres (1919­1938). L’objectif de cet article est d’apporter un éclairage sur l’essor des banques populaires et leur impact sur l’économie dans la période de l’entre­deux­guerres. Au début des années 1930, les banques populaires étaient devenues la forme coopérative la plus développée en Bulgarie, particulièrement dans les villes.

Numéro de revue: 
344
Année de publication: 
2017
Auteur(s): 
Tsvetelina Marinova, Nikolay Nenovsky

Les coopératives jeunesse de services importées du Québec. Pour un rapprochement des acteurs « économiques » et « éducatifs » de l’ESS ?

Les coopératives jeunesse de services (CJS) se présentent comme un projet d’éducation des jeunes à l’entrepreneuriat coopératif. Importé du Québec, ce projet est expérimenté en Bretagne depuis 2013. Il rassemble dans un partenariat inhabituel des acteurs « économiques » de l’ESS (coopératives, pôle de développement de l’ESS, chambres régionales de l’ESS (Cress), etc.) et des acteurs « éducatifs » de l’ESS (structures d’éducation populaire/jeunesse) qui vont faciliter, le temps d’un été, la création et le développement d’une coopérative par des jeunes de 16 à 18 ans.
Cet article interroge les perceptions de ces deux familles d’acteurs sur les CJS et, ce faisant, les rapports qu’ils peuvent entretenir dans une participation commune à ce projet. Il apparaît que ce travail en partenariat leur permet de déconstruire leurs préjugés et d’inventer de nouvelles manières de travailler ensemble.

 

Numéro de revue: 
344
Année de publication: 
2017
Auteur(s): 
Sandrine Rospabé, Emmanuelle Maunaye, Hélène Le Breton

Manager les tensions paradoxales dans l’économie sociale et solidaire : le cas des MJC

Les maisons des jeunes et de la culture (MJC) sont exposées aux tensions paradoxales inhérentes aux organisations. Cet article examine les causes des tensions paradoxales au sein de dix MJC et les outils dont disposent les managers pour les gérer. L’auteur a effectué une analyse qualitative et exploratoire des pratiques de gestion de ces tensions. La fragmentation de l’esprit solidaire et coopératif ainsi que l’instrumentalisation des pratiques de gestion tendent à fragiliser les MJC. Afin
de réduire les tensions constatées, il semble nécessaire de refonder une réflexion sur la dynamique de la gouvernance dans le domaine de la culture et les modalités locales des pratiques culturelles.

Numéro de revue: 
344
Année de publication: 
2017
Auteur(s): 
Jean-Bernard Nativel

La régulation publique dans le secteur des Ehpad Quelles conséquences pour l’avenir des établissements de l’ESS ?

Cet article a pour objectif d’analyser les conséquences de la régulation publique dans le secteur des Ehpad, notamment pour les 29,3 % d’établissements relevant de l’économie sociale et solidaire (ESS). Il repose sur une enquête réalisée dans les Pays de la Loire et sur une revue de la littérature portant sur des rapports provenant d’institutions publiques, mais aussi d’organisations privées.
En s’appuyant sur une logique marchande, la régulation publique met en place des dispositifs de mise en concurrence des établissements et de standardisation de leurs activités via leur médicalisation. Ces évolutions fragilisent les finances des établissements de l’ESS et vont à l’encontre de leurs pratiques et valeurs historiques. Les organisations de l’ESS sont alors conduites à intégrer des stratégies issues de la culture du marché, voire de la finance. Elles sont ainsi entraînées dans un processus de concentration économique et de financiarisation.

Numéro de revue: 
344
Année de publication: 
2017
Auteur(s): 
Ilona Delouette, Laura Nirello

Risques et potentialités des restructurations interassociatives

Dans une perspective néo-institutionnaliste, cet article cherche à mettre à jour l’impact des restructurations actuelles sur le paysage associatif, en particulier sur les pratiques et les projets associatifs. Les auteures s’interrogent sur les conséquences du mouvement de concentration des associations sur leur dimension politique et sur le fonctionnement démocratique qui les caractérise. Alors que la réduction des marges de manœuvre associatives est souvent mise en avant par les acteurs et travaux universitaires, cet article montre que, paradoxalement, ces démarches de regroupement peuvent contribuer à redynamiser et réaffirmer la dimension sociopolitique des associations. Les auteures s’appuient sur des enquêtes de terrain menées en Paca et en Languedoc-Roussillon.

Numéro de revue: 
344
Année de publication: 
2017
Auteur(s): 
Nadine Richez-Battesti, Francesca Petrella, Céline Marival

Etre ou ne pas être une association gestionnaire d’établissements ? Le cas de la Croix-Rouge française

Cet article pose la question des outils de gestion « embarqués » dans les structures de l’ESS (et plus précisément au sein du secteur associatif) et de leur compatibilité ou non avec les principes de celles-ci. Il vise à combler un manque dans les études disponibles sur les entreprises de l’ESS, notamment les associations employeuses, en observant les usages qu’elles font de ces outils et les effets produits sur leurs membres tant bénévoles que salariés.
Au travers d’une étude de cas de la Croix-Rouge française (18 000 salariés, 56 000 bénévoles et 600 établissements sociaux et médico-sociaux en 2014), les auteures montrent que le recours à des outils de gestion de la performance économique ne pose pas simplement une question de légitimité, mais bien une question d’identité organisationnelle.

Numéro de revue: 
344
Année de publication: 
2017
Auteur(s): 
Monique Combes-Joret, Laëtitia Lethielleux