Aliette Levecque

Hommage à Aliette Levecque (1942-2012), militante de l’économie sociale

Aliette Levecque est décédée le 16 octobre 2012. Fidèle membre du comité de rédaction de la Recma depuis 2002, elle a effectué toute sa carrière, de 1968 à 2003, à la Mutualité française, où ses talents d’organisatrice et ses qualités relationnelles ont été à l’origine de réalisations marquantes. Dès 1968, elle a mis en place et géré la bibliothèque, la photothèque et le service de documentation. Entre 1978 et 1990, elle était chargée des relations avec la presse, assurait le conseil en communication auprès des groupements mutualistes et organisait les événements (colloques, expositions, congrès). C’est durant cette période qu’elle a rédigé, avec Jean Benhamou, un « Que-sais-je ? » sur la mutualité (1). La bibliographie sur la mutualité étant inexistante au début des années 80, la lecture de ce petit ouvrage constituait alors, pour les apprentis-historiens, un préalable à toute incursion dans les archives mutualistes.

En 1990, Aliette a rejoint le secteur international de la Fédération nationale de la Mutualité française (FNMF), avec pour mission de promouvoir la mutualité à l’étranger et d’assurer le transfert du savoir-faire en matière d’assurance maladie et de protection sociale. Elle a effectué plusieurs missions dans les pays de l’Est et en Afrique, notamment au Sénégal pour la construction du centre de santé à Rufisque, une incontestable réussite. Chargée du secteur de l’économie sociale et solidaire à la FNMF avec Paul Picard, elle a participé à la création du Conseil des entreprises, employeurs et groupements de l’économie sociale (Ceges) (2).

Aliette était également une militante du Parti socialiste, à Pantin et à Paris, une syndicaliste, fondatrice de la section CFDT à la FNMF, et une responsable mutualiste, siégeant au conseil d’administration de la Mutuelle d’entraide de la Mutualité française.

Depuis qu’elle avait fait valoir ses droits à la retraite, en 2004, elle n’avait pas pour autant déserté le terrain de l’économie sociale. Elle était tout d’abord l’auteure du très apprécié et précurseur Agenda de l’économie sociale, qui, à l’entête du Ceges et largement diffusé par courrier électronique, permettait chaque mois de lister toutes les manifestations en cours et à venir. Aliette s’inquiétait de savoir qui après elle reprendrait le flambeau de cette initiative, qu’elle savait utile à tous, salariés et militants, et dont la Recma avait doublé la publication depuis 2003 sous le juste titre de « l’Agenda d’Aliette Levecque ». La succession est assurée avec La Lettre de la Recma, diffusée chaque semaine auprès de tous ceux qui en font la demande. Aliette participait, par ailleurs, au groupe Femmes du Mouvement européen de France, association militant en faveur de la construction européenne  dans une perspective fédérale. Membre actif d’une association d’aide au développement et aux échanges Nord-Sud pour l’envoi de médicaments, la prévention du sida, la création d’un centre de santé et l’envoi de bourses pour les jeunes, elle avait été élue « Reine de tous les Européens » par les habitants du village de Mempassem, au Togo. Aliette était l’unique représentante de la branche des mutuelles santé au comité de rédaction de la Recma, traditionnellement composé de chercheurs et d’acteurs des mouvements de l’économie sociale. La disparition de cette militante aussi chaleureuse qu’efficace laisse un grand vide auprès de tous ceux qui l’ont côtoyée.

La rédaction

(1) Benhamou J., Levecque A., La mutualité, Paris, PUF, Que-sais-je ?, 1983

(2) Lire « Une grande belle dame nous a quittés » de Paul Picard, sur www.ceges.or

Aliette Levecque est décédée le 16 octobre 2012. Fidèle membre du comité de rédaction de la Recma depuis 2002, elle a effectué toute sa carrière, de 1968 à 2003, à la Mutualité française, où ses talents d’organisatrice et ses qualités relationnelles ont été à l’origine de réalisations marquantes. Dès 1968, elle a mis en place et géré la bibliothèque, la photothèque et le service de documentation. Entre 1978 et 1990, elle était chargée des relations avec la presse, assurait le conseil en communication auprès des groupements mutualistes et organisait les événements (colloques, expositions, congrès). C’est durant cette période qu’elle a rédigé, avec Jean Benhamou, un « Que-sais-je ? » sur la mutualité (1). La bibliographie sur la mutualité étant inexistante au début des années 80, la lecture de ce petit ouvrage constituait alors, pour les apprentis-historiens, un préalable à toute incursion dans les archives mutualistes.

L’éternelle question de la taille

La question de la taille ne cesse de préoccuper l’économie sociale et solidaire dans toutes ses composantes. La question est double selon qu’on l’aborde sous l’angle du rapport aux valeurs ou sous celui du rapport à l’activité. Sous l’angle des valeurs, l’accroissement de la taille est souvent perçu comme susceptible de menacer les pratiques coopératives, mutualistes et associatives. Il faut toutefois souligner qu’une taille insuffisante constitue également une menace. Combien de petites associations ou coopératives souffrent d’inanition démocratique ? Contrairement aux idées reçues, nombre de coopératives de consommateurs fondées au plus fort de l’effervescence créatrice de la fin du xixe siècle manquaient de ressources humaines pour animer, administrer, gérer leur organisation naissante. C’est toujours vrai aujourd’hui pour de nombreuses associations. Cependant, c’est plus fréquemment sous le second angle qu’est posée la question de la taille. Comme le souligne Henry Noguès dans sa mise en perspective du dossier présent, bâti à partir des contributions au colloque 2012 de l’Addes, la question est en réalité moins celle de la taille proprement dite que celle de la bonne taille