Article Recma

Les marqueurs d’innovation sociale : une approche institutionnaliste

L’innovation sociale fait actuellement l’objet d’une attention soutenue en France et plus largement en Europe. En particulier, l’un des enjeux pour les pouvoirs publics réside dans le fait de disposer d’outils afin d’identifier et de sélectionner des projets favorisant l’émergence de nouvelles trajectoires d’innovation par la valorisation, l’accompagnement et le financement des initiatives. Cette contribution a pour but de montrer comment, à partir d’une approche institutionnaliste, il a été possible d’élaborer, en Picardie, un outil collectif d’analyse : les marqueurs d’innovation sociale, permettant d’asseoir une politique publique de soutien à l’innovation sociale.

Numéro de revue: 
336
Année de publication: 
2015
Auteur(s): 
Emmanuelle Besançon et Nicolas Chochoy

Les agriculteurs sont-ils traités justement par leur coopérative ?

Grâce à l’analyse des résultats d’une étude exploratoire menée auprès de 534 adhérents d’une coopérative agricole polyvalente du sud de la France, cet article entend montrer la pertinence du concept de justice organisationnelle dans la compréhension de la relation qu’entretiennent les adhérents avec leur coopérative. Il présente également un état des lieux des perceptions qu’ont les adhérents de la justice, d’où il ressort que les relations avec les représentants de la coopérative sont jugées positivement, alors que les questions de participation et de rémunération génèrent un plus grand sentiment d’injustice.

Numéro de revue: 
336
Année de publication: 
2015
Auteur(s): 
Valérie Barraud-Didier, Marie-Christine Henninger et Geneviève N’Guyen

Economie sociale, protection sociale et bien-être de 1830 à 1970

Cet article historique retrace l’évolution des pratiques mutualistes et coopératives visant à favoriser le bien-être des milieux populaires depuis l’origine de l’économie sociale (ES) jusqu’au début des années 70. Il souligne notamment le rôle pionnier et stimulant de la mutualité dans la genèse de la protection sociale, universellement considérée à partir du xxe siècle comme un facteur fondamental du bien-être des populations. Il montre aussi que l’ES s’est constamment adaptée aux fluctuations de la conception du bien-être afin de répondre aux aspirations de ses adhérents, qui s’expriment dans le cadre des assemblées générales des mutuelles ou des coopératives. Ainsi, en un siècle et demi, l’économie sociale a progressivement étendu le champ de ses activités, en intégrant de nouveaux standards du bien-être, à la fois plus exigeants et plus consuméristes.

Numéro de revue: 
336
Année de publication: 
2015
Auteur(s): 
Yannick Marec et Patricia Toucas-Truyen

Eléments pour une théorie de l’ESS : les cas du Brésil et de la France

Cet article analyse les différentes conceptualisations de l’économie sociale et solidaire (ESS) issues des milieux académiques brésilien et français, et plus particulièrement la manière dont elles appréhendent la place de l’ESS dans la société et le changement social. L’objectif est d’identifier les divergences et les similitudes à travers une comparaison des débats théoriques dans les deux pays. Du côté brésilien, les principaux auteurs mettent en avant l’autogestion comme principe entrant en contradiction avec le reste de la société. Cependant, le rôle de l’Etat apparaît important pour le développement de ce secteur. Du côté français, c’est à la fois l’autonomie et le rôle de l’Etat qui sont valorisés. La synthèse met en évidence la contribution des conceptualisations propres à chaque pays dans l’élaboration d’un nouveau modèle culturel au sens où l’entend Alain Touraine.

Numéro de revue: 
336
Année de publication: 
2015
Auteur(s): 
Magali Zimmer et Carolina Orquiza Cherfem

Emergence des mutuelles de santé au Cameroun

La situation sociale et économique en Afrique subsaharienne en général et au Cameroun en particulier est caractérisée par une exclusion sociale quasi généralisée. Cela a favorisé le développement de systèmes de solidarité, notamment celui des mutuelles de santé. Cet article s’intéresse à l’émergence de la mutualité camerounaise. Nous montrons que les mutualistes fréquentent davantage en premier recours les hôpitaux publics et les centres de santé, mais qu’ils dépensent moins pour les soins de santé. Par ailleurs, ils ont un meilleur revenu que les non-mutualistes, ce qui explique le faible taux d’adhésion. L’étude plaide en faveur du renforcement des capacités du système national de santé pour qu’il soit en mesure d’améliorer continuellement et de façon pérenne les conditions réelles d’exercice des mutuelles, afi n qu’elles contribuent à la résolution des problèmes majeurs de santé.

Numéro de revue: 
336
Année de publication: 
2015
Auteur(s): 
Jean Colbert Awomo Ndongo

Mesure de l’impact social, mesure du « consentement à investir »

Le tout récent rapport du G8 nous révèle que le « coeur invisible des marchés » (groupe de travail « Impact social » du G8, 2014) est prêt à investir entre 450 et 1 000 milliards de dollars en investissement à impact social. C’est évidemment une nouvelle intéressante. La recette : disposer, enfin, d’une mesure de l’impact social pour rééquilibrer des décisions d’investissement jusqu’à présent uniquement fondées sur le risque et le rendement. Mesurer l’impact social devient ainsi une nécessité pour déclencher les investisseurs privés et, par extension, une possibilité de justifier le soutien de finances publiques parcimonieuses. C’est le raisonnement qui a été appliqué à partir des années 80 en matière d’environnement : pour que la dimension environnementale puisse être enfin intégrée aux calculs économiques coût-bénéfice, il fallait lui fixer un prix. Il n’y aurait donc pas plus de contradiction entre social et marché financier qu’entre croissance et environnement. On se focalise sur la question des méthodes de mesure d’impact social (Stievenart, Pache, 2014). Il faut aussi poser la question de l’adéquation même de l’investissement d’impact aux entreprises de l’économie sociale et anticiper les effets de la « mise en équation économique » du social.
Numéro de revue: 
335
Année de publication: 
2015
Auteur(s): 
Nicole Alix

L’économie sociale et solidaire au Mexique : évolution historique et perspectives

L’ESS présente au Mexique des aspects spécifiques résultant d’une relation complexe entre la réalité socioéconomique du pays, fruit de son histoire, et les politiques publiques qui tendent à agir en fonction des intérêts conjoncturels ou politiques définis par le modèle néolibéral en vigueur. Le processus historique de construction de l’ESS au Mexique peut se diviser en cinq phases, correspondant à des dynamiques qui interfèrent souvent.
Numéro de revue: 
335
Année de publication: 
2015
Auteur(s): 
Francisco Ramirez-Mendez

Le microcrédit personnel : un modèle au potentiel inclusif limité

Cet article a pour objet de dresser un état des lieux de l’utilisation du microcrédit personnel garanti par le Fonds de cohésion sociale (FCS ; loi n° 200532 du 18 janvier 2005 de programmation pour la cohésion sociale) depuis sa création en France, en 2005. Il montre que des freins matériels et conceptuels inhérents aux caractéristiques du dispositif en limitent l’usage et l’effi cacité. A partir de données chiffrées, il met en évidence que les coûts et les contraintes organisationnelles assumés par les établissements fi nanciers prêteurs et les intermédiaires sociaux condamnent une distribution plus massive du microcrédit personnel. Il souligne, ensuite, qu’en dépit d’études d’impacts optimistes, menées par exemple par la Fédération nationale des Caisses d’épargne (2010) ou plus récemment à la demande de la Caisse des dépôts et consignations (Gloukoviezoff , Rebière, 2013b), la conception même du dispositif peut conduire à des dépenses diffi cilement justifi ables pour l’Etat. Il conclue sur la nécessaire rénovation du dispositif en profondeur pour en faire un réel facteur d’inclusion.

Numéro de revue: 
335
Année de publication: 
2015
Auteur(s): 
Jean-Marc Figuet et Fabienne Pinos

Rendre tangible l’idéal mutualiste par un indicateur de création de valeur sociale

Les mutuelles ne créent pas seulement de la valeur économique. Leur raison d’être est aussi de produire de la « valeur sociale », une notion attractive et polysémique. Nous en présentons une définition opératoire et une proposition d’objectivation, à travers la construction d’un indicateur synthétique de création de valeur sociale (ISVS). Nous suggérons que celui-ci ne devienne pleinement légitime qu’en tant qu’outil de réflexivité collective et que facteur de motivation et dans la mesure où salariés et acteurs des mutuelles peuvent ainsi devenir parties prenantes de l’évaluation de ce qui fait la valeur sociale.

Numéro de revue: 
335
Année de publication: 
2015
Auteur(s): 
Alain Caillé et Juliette Wéber

Coopératives et territoires en France : des liens spécifiques et complexes

Cet article se penche sur la territorialité des coopératives. Après avoir présenté quelques aspects des transformations des coopératives et de leurs impacts possibles sur les liens que celles-ci nouent avec leurs territoires, la contribution résume les résultats d’une enquête qualitative menée au cours de l’automne 2013 et de l’hiver 2014 auprès d’une cinquantaine de coopératives dans dix régions françaises. Sont ainsi présentés successivement des facteurs d’ancrage territorial : l’accroissement de la participation à la vie coopérative, la formation coopérative, l’investissement dans le foncier et, dans les grands groupes, l’économie des coûts de transaction et la maîtrise des coûts d’agence. L’article met en perspective l’historique de ces évolutions et propose une typologie de cinq territoires coopératifs qui précisent le concept de méso-république intercoopérative.
Numéro de revue: 
335
Année de publication: 
2015
Auteur(s): 
Jean-François Draperi et Cécile Le Corroller