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Tissu associatif et cohésion sociale au Maroc : le cas de la ville de Taroudant

L’économie sociale et solidaire (ESS) est un moteur de croissance et de développement qui s’attache à répondre aux besoins des populations
locales. Ce champ est riche de structures et de pratiques variées, parmi lesquelles se distingue le tissu associatif, qui ne cesse de prendre de l’importance dans les pays en voie de développement. Nous souhaitons ici mettre en relief le rôle des associations dans le développement social au Maroc, en présentant des données relatives à la ville de Taroudant, au sud de Marrakech. Le choix de cet espace urbain se justifie par l’importance du tissu associatif qui s’y déploie (près de 4 000 associations dans la province).
Notre étude porte sur un échantillon de 319 associations qui opèrent effectivement à Taroudant. Elles sont réparties sur plusieurs domaines : social, éducation, profession, habitat, culture, sport, art et environnement. Les données collectées nous permettent de brosser un tableau statistique de la vie associative locale et d’évaluer l’utilité sociale de cette dernière par la mesure de son impact sur le développement local et la cohésion sociale, en se basant sur trois critères : l’égalité des chances, la solidarité et le lien social.

Numéro de revue: 
333
Année de publication: 
2014
Auteur(s): 
Mustapha Jaad et Elhoussaine Erraoui

Après la faillite de Co-op Bank, quelles perspectives pour la gouvernance des coopératives bancaires ?

Depuis la vague des démutualisations de l’époque thatchérienne (1997), la crise que traverse The Co-operative Bank est une des plus importantes que subisse le secteur européen des banques coopératives. The Co-operative Group, dont le siège est à Manchester (Royaume-Uni), comprend en son sein des activités diverses, que ce soit dans la pharmacie, l’agriculture, les pompes funèbres ou encore la banque au travers de The Co-operative Bank. Cette dernière, afin de changer de taille et d’acquérir un réseau de distribution plus dense, s’est engagée en 2009 dans le rachat du groupe immobilier Britannia. A l’audit qui aurait largement minimisé les risques, s’est ajouté un retournement du marché immobilier. La banque s’est ensuite engagée dans le rachat de 630 agences de Lloyds Banking Group, qu’elle ne parviendra pas à finaliser. Dans le même temps, la très forte augmentation des exigences totales de capital par le régulateur national, passant
de 1,9 milliard de livres à 3,4 milliards, ainsi que les errements de son président ont été autant de facteurs qui ont entraîné la banque dans une spirale infernale. Cette plongée a nécessité une recapitalisation de 1,5 milliard de livres, puis de 400 millions. La banque est alors passée aux mains de ses créanciers. Un risque de contagion a émergé : l’ensemble du mouvement coopératif peut ainsi être contesté et fragilisé.

Ce qui arrive à cette banque anglaise sonne comme un appel à poursuivre la construction d’une activité économique en accord avec les attentes des membres coopérateurs. Le chief executive de Phone Co-op rappelait que, de la période des démutualisations, les coopératives survivantes sont ressorties revigorées. L’enjeu aujourd’hui est de renouer les liens entre les membres coopérateurs et leurs dirigeants, réaffirmer en somme le modèle coopératif de gouvernance, une position qui souligne l’importance de la dimension humaine et culturelle de la démocratie en entreprise. Celle-ci fonctionne si elle peut s’exercer dans un cadre local, de manière directe entre la structure et le membre. Cela n’est pas antinomique de l’existence de grandes entités coopératives ou mutualistes, pour autant que les membres aient une réelle capacité d’influence. La notion de proximité doit alors être réaffirmée, pour amener les dirigeants coopératifs à rester au contact de la réalité économique et des enjeux. Les difficultés de Co-op Bank mettent en évidence une tendance à évincer du coeur du système les administrateurs des banques. Les coopérateurs doivent prendre conscience que l’héritage et l’avenir de la coopération sont en jeu.

Numéro de revue: 
333
Année de publication: 
2014
Auteur(s): 
Jean-Louis Bancel et Olivier Boned

La constitution de groupes associatifs dans l’insertion par l’activité économique

L’objet de cet article est de traiter de la constitution de groupes associatifs dans le secteur de l’insertion par l’activité économique (IAE), en analysant conjointement la croissance d’entreprises sociales d’insertion et la formation d’alliances interentreprises. Une grille de lecture théorique des modèles canoniques de concentration permet d’explorer deux études de cas. Le premier groupe associatif s’est édifié en valorisant une polycompétence technique et conçoit son expansion par connexion avec les besoins situés et les acteurs des territoires. Le groupe mixte étudié est de plus grande taille que le précédent. Il présente aussi la caractéristique de contrôler des associations et des sociétés. Il couvre ainsi plusieurs axes professionnels de l’IAE, tout en renouvelant ses activités productives par extension à des secteurs innovants.

Numéro de revue: 
333
Année de publication: 
2014
Auteur(s): 
Patrick Gianfaldoni

Collaborer avec le secteur lucratif

Sous l’effet conjoint de la responsabilité sociale des entreprises et de l’entrepreneuriat social, les collaborations entre organisations à but lucratif et organisations sans but lucratif sont aujourd’hui fréquemment présentées comme fructueuses pour les deux parties : d’une part, elles seraient susceptibles d’accompagner les entreprises vers une meilleure prise en compte des enjeux sociaux et environnementaux et, d’autre part, elles offriraient au secteur sans but lucratif de nouvelles opportunités pour accomplir ses missions. Face à ces attentes élevées, il est intéressant de tirer les enseignements de la littérature qui s’est développée sur le sujet depuis une quinzaine d’années, principalement dans le monde anglo-saxon. Le bilan de ces travaux se révèle mitigé : si ces collaborations apparaissent potentiellement prometteuses, leur mise en œuvre s’avère particulièrement délicate.

Numéro de revue: 
333
Année de publication: 
2014
Auteur(s): 
Philippe Semenowicz

Historique de l’évolution du droit des coopératives, de ses origines à nos jours

Pour comprendre l’histoire de la législation coopérative, des jalons doivent être posés. Deux importants marqueurs permettent de structurer son évolution : la loi du 24 juillet 1867, qui vient reconnaître – bien qu’indirectement – l’existence des sociétés coopératives, et la loi-cadre du 10 septembre 1947, qui en définit le statut et lui donne sa pleine identité. La lente genèse d’un droit à destination des coopératives a débuté avec les premières tentatives d’association et s’est achevée avec l’affermissement durable du droit coopératif. Cependant, l’enracinement des statuts particuliers dans le maillage légal a abouti à la spécification d’un droit propre, dont la loi sur l’économie sociale et solidaire – votée cet été – est un exemple flagrant.

Numéro de revue: 
333
Année de publication: 
2014
Auteur(s): 
Loïc Seeberger

Gouvernance coopérative : un éclairage théorique

Cette étude à visée conceptuelle traite de la gouvernance des coopératives, champ sous-théorisé comparativement à la grande firme classique. Notre démarche mobilise trois théories relatives à ce sujet : le contrat psychologique, le contrat social et l’intendance. Le premier donne un modèle mental. Le deuxième conforte le contrat psychologique par des normes relationnelles et transactionnelles qui doivent organiser la relation des dirigeants avec les coopérateurs. La troisième fournit le profil et les convictions du dirigeant-intendant cohérents avec les attentes du modèle mental et les normes comportementales du contrat social. Cet article se propose d’ouvrir des perspectives, en accord avec les principes et les valeurs de la coopération, susceptibles de fournir des soubassements à un cadre théorique de gouvernance coopérative.

Numéro de revue: 
333
Année de publication: 
2014
Auteur(s): 
Nacer-Eddine Sadi et Françoise Moulin

Le modèle de gestion dans les coopératives de Mondragón : qualité, légitimation et changement institutionnel

Cet article analyse le modèle de gestion corporatif (MGC) du groupe Mondragón Corporation coopérative (MCC), qui s’est érigé en symbole de l’efficience et de la modernisation des coopératives dans l’utilisation de modèles de gestion reconnus à l’échelle européenne et mondiale. Le modèle de gestion basé sur la qualité a été systématiquement appliqué, dans un souci d’homogénéisation et d’intégration du groupe MCC, sans véritable prise en compte des histoires, des cultures et des spécificités de chaque coopérative. Cette situation a engendré de nombreuses tensions internes, jusqu’au retrait du groupe de plusieurs coopératives, remettant en cause la pertinence du modèle de gestion corporatif.

Numéro de revue: 
333
Année de publication: 
2014
Auteur(s): 
Rafael Altuna et Eguzki Urteaga

La Scop SAS : une nouvelle opportunité en faveur de l’entrepreneuriat

Le secteur coopératif représente à ce jour dans le monde près d’un milliard de membres et plus de 100 millions d’emplois. En France, il compte 21 000 entreprises, près d’un million de salariés pour 288 milliards de chiffres d’affaires – autant dire un pan non négligeable de la vie économique française. Il est pourtant souvent ignoré du grand public, voire parfois dénigré par les acteurs du secteur purement capitaliste, qui y voit, sur fond de mondialisation de l’économie, une structure au management et à l’organisation trop atypique, pour ne pas dire utopique. Les sociétés coopératives – et plus particulièrement la Scop, « société coopérative et participative », dont il sera question ici – n’ont cependant pas fini de faire parler d’elles dans les prochaines années. En atteste la décision de l’Organisation des Nations unies de faire de 2012 l’année de la coopérative, de même que l’ensemble des mesures, annoncées par le gouvernement ces derniers mois, destinées à créer le « choc coopératif » tant attendu des acteurs du secteur. Leur nombre a d’ailleurs considérablement augmenté : pour la seule année 2012, la Confédération générale des Scop relevait 248 sociétés coopératives et participatives supplémentaires, portant à 2 165 le nombre total de Scop françaises. 

Numéro de revue: 
332
Année de publication: 
2014
Auteur(s): 
Marina Bertrel

L’état des associations après la crise

La dernière édition de l’enquête Paysage associatif français, conduite en 2011 et 2012, a été menée dans un contexte marqué par des mutations importantes et par la crise économique. Le processus de décentralisation se poursuit, et avec lui le transfert de compétences et de ressources de l’Etat vers les collectivités locales qui explique une part des tendances observées depuis une dizaine d’années, avec une baisse progressive du poids du premier et une montée en charge des secondes. Le déficit public n’est pas récent, mais il se manifeste aujourd’hui avec plus d’acuité. Il explique par ailleurs l’accélération du recul de l’Etat dans le financement des associations et contraint désormais les marges de manoeuvre des collectivités locales. La période récente est aussi marquée par la professionnalisation des associations, nécessaire dans les contextes de  technicisation croissante de leur action et de concurrence dans lesquels elles sont placées. Les normes législatives et réglementaires contribuent à accélérer ce processus, en encadrant de plus en plus l’activité des associations. Le besoin en compétences de ces dernières concerne à la fois le travail salarié et le travail bénévole. En matière d’emploi salarié, la professionnalisation implique de rémunérer à leur niveau les compétences des travailleurs, mais elle est rendue plus difficile par la contraction des financements. Dans ce contexte de mutations, la crise économique de 2009 a pour conséquence d’amplifier la raréfaction des ressources publiques et privées et de générer des besoins croissants de solidarité. L’objectif du programme d’enquête (lire l’encadré 1, en page suivante) conduit est double : construire les indications chiffrées sur l’activité des associations et repérer les grandes évolutions intervenues  depuis 2005, année du dernier état des lieux (1).

Numéro de revue: 
332
Année de publication: 
2014
Auteur(s): 
Viviane Tchernonog, Lionel Prouteau, Muriel Tabariés et Erika Flahault

Comment se financent les associations belges francophones?

En raison de la nature de leurs activités et de leur finalité non lucrative, les associations rencontrent des problèmes spécifiques de financement. Cet article en présente une première étude empirique sur la Belgique francophone (Wallonie et Bruxelles). La proximité juridique des associations belges et de leurs homologues françaises ainsi que les similitudes entre les réalités associatives des deux pays permettent de donner aux résultats obtenus une portée assez générale. L’enquête montre notamment que si les associations se tournent effectivement peu vers les banques, que ce soit pour faire face à des problèmes de trésorerie ou pour financer leurs investissements, ce n’est pas en raison de difficultés d’accès au crédit, mais plutôt pour des raisons de principe (ne pas s’endetter auprès des institutions bancaires).

Numéro de revue: 
332
Année de publication: 
2014
Auteur(s): 
Sybille Mertens et Michel Marée