La Philanthropie. Un regard européen
Brigitte Duvieusart et Luc Tayart de Borms Contributeurs Charles Sellen et Philippe Vandenbroeck, Economica, 2023,188 pages.
Brigitte Duvieusart et Luc Tayart de Borms Contributeurs Charles Sellen et Philippe Vandenbroeck, Economica, 2023,188 pages.
Après deux années de crise sanitaire, la hausse du coût de la vie est passée au premier rang des préoccupations des Français. Depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine, l’inflation, qui dépasse 5 % en mai 2022 selon l’INSEE, touche plus particulièrement les prix des produits alimentaires de première nécessité et ceux de l’énergie. Cette situation devient critique pour les catégories sociales précaires qui font de plus en plus appel à l’aide alimentaire. Ce phénomène touche désormais une part croissante de la jeunesse, notamment étudiante.
L’Observatoire de la philanthropie (Fondation de France) a publié en septembre la seconde édition de son panorama national des générosités, qui porte sur l’année 2019 et fait ressortir plusieurs grandes tendances de long terme :
• une progression du montant global des dons des particuliers déclarés aux impôts, à rapprocher toutefois d’un nombre de donateurs en baisse (5 milliards d’euros ont été versés par 4,9 millions de foyers fiscaux de particuliers) ;
Pour la 25 e édition consécutive, Recherches & Solidarités a publié en novembre son étude « La générosité des Français », portant sur les dons réalisés en 2019. Ceux-ci ont augmenté de 2,4 %, atteignant la somme de 2,6 milliards d’euros. Le nombre de foyers donateurs a baissé de 5,9 %, s’établissant à 4,7 millions. Afin de mesurer les premiers impacts de la crise sanitaire, des données ont été collectées sur les dons des particuliers et ceux des entreprises (à partir de l’enquête du Mouvement associatif réalisée en juin 2020).
Jean-François Draperi, Payot, 2020, 336 pages
Jean-François Draperi, Payot, 2020, 336 pages
Les députés Sarah El Haïry et Naïma Moutchou devaient remettre un rapport sur l’évolution du cadre de la philanthropie : c’est chose faite depuis le 9 juin. Le document constitue à bien des égards une première. Tout d’abord, il contient 35 propositions sectorielles touchant aussi bien au cadre juridique (simplification des statuts des structures philanthropiques, création de fondations territoriales) que fiscal (développement des incitations fiscales vis-à-vis des donateurs).
Fin 2018, un rapport de la Cour des comptes sur le mécénat d’entreprise pointait l’essor des dispositifs de défiscalisation, dont le montant était passé de 90 millions d’euros en 2004 à 902 millions en 2017, soit autant de recettes fiscales en moins pour l’État. L’article 50 de la loi de finances 2020, votée fin 2019, devrait infléchir cette tendance.
À l’occasion de la conférence « Quel paysage associatif aujourd’hui et demain » organisée par le Crédit coopératif le 11 juin, Viviane Tchernonog a présenté la troisième édition de son étude Le Paysage associatif français (Éd. Juris Dalloz), dont nous avons déjà rendu compte dans ces colonnes.
En filigrane de ces échanges, c’est la question de la « philanthropie à la française » qui a été abordée. En France, comme l’a rappelé Gabriel Attal, « l’État participe au mécénat et à la philanthropie par la fiscalité incitatrice qui y est associée, ce qui diminue ses recettes ». De là à souhaiter que les entreprises prennent le relais des pouvoirs publics et des subventions, la pente est dangereuse.