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Le supermarché social et solidaire : un nouvel acteur dans la lutte contre la pauvreté et le chômage en Suède

Le secteur associatif suédois s’impose, depuis peu, comme acteur complémentaire des politiques sociales, en fournissant des prestations alternatives de qualité aux populations précarisées. Ce positionnement nouveau des associations suppose une professionnalisation de l’action sociale. A partir d’un travail en immersion dans le supermarché social et solidaire Matmissionen, l’auteur cherche à analyser les effets de la professionnalisation du secteur associatif et de l’importation d’une logique marchande dans la pratique et la perception du travail social, en puisant dans les discours tenus par la structure sur elle-même. L’article montre en quoi ce processus s’inscrit dans un cadre plus global d’activation de la protection sociale et des mécanismes d’aide : une position ambiguë qui redéfinit les contours de la relation d’aide et de la relation aux pouvoirs publics.

 

Numéro de revue: 
363
Année de publication: 
2022
Auteur(s): 
Yacine Boukhris-Ferré

Quel monde associatif en période de Covid-19 ? Un panorama des situations et des enjeux issus du confinement

Les associations présentes sur l’ensemble du territoire français constituent des réseaux d’interconnaissance et d’entraide essentiels en période de crise. Cependant, le confinement a posé à toutes ces organisations – dont les locaux, quand elles en ont, sont le plus souvent exigus – un problème massif et inédit pour mener à bien leurs missions. Outre les difficultés qu’elles affrontent au quotidien depuis plusieurs années – diminution et changement de forme des financements publics, perte des emplois aidés, modification par la loi NOTRe des relations avec les pouvoirs publics, renouvellement de la gouvernance... – des défis supplémentaires sont apparus dès les premiers jours du confinement, au niveau tant national que régional, pour les grandes structures comme pour les plus petites. Sans doute les réflexions qui suivent sont-elles à nuancer en fonction de l’impact régional de la pandémie de Covid-19, mais il nous a semblé important de dresser sans attendre un panorama de la situation des associations dès les premiers jours du confinement, car les questions soulevées préfigurent certaines évolutions à venir dans les prochains mois et années. Le constat présenté ici reste donc partiel, biaisé et  daté, et des approches ultérieures reposant sur une méthodologie plus scientifique suivront sans nul doute. Il pose néanmoins des jalons et témoigne du vécu des associations sous confinement.
Ce panorama a été réalisé dans le cadre d’une étude sur les associations et fondations françaises pour le compte de EU-Russia Civil Society Forum, regroupement d’associations européennes qui publie chaque année un rapport sur plusieurs pays de l’Union européenne – plus un chapitre sur les organisations non lucratives émergentes en Russie. Outre les données de cadrage juridiques, politiques et statistiques, la méthodologie bottom-up de ce rapport repose sur une quinzaine d’entretiens auprès d’organisations plus ou moins récentes, aux formes juridiques variées et de taille ou de secteur d’activité différents. Ils doivent faire apparaître les problèmes rencontrés par les associations et fondations au cours des trois dernières années et les solutions éventuellement novatrices qui ont pu être mises en œuvre pour y répondre. Pendant le confinement, une quinzaine d’acteurs d’associations et de fondations (fondateurs, responsables ou animateurs) ont été contactés par téléphone. Cet échantillon n’est évidemment pas représentatif du monde associatif, mais les entretiens ont, dans l’ensemble, été très intéressants.

 

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Numéro de revue: 
357
Année de publication: 
2020
Auteur(s): 
Édith Archambault

Les directeurs·trices de centres sociaux face à la bureaucratisation. Les conditions de travail dans le monde associatif dépendantes de l’action des pouvoirs publics ?

Les pouvoirs publics ont toujours imprimé leur marque sur le monde associatif employeur, qu’ils financent et réglementent largement (Hély, 2009 ; Cottin-Marx, 2019). Grâce aux travaux de Viviane Tchernonog et de Lionel Prouteau (2019), nous savons que les rapports entre la puissance publique et les associations se sont considérablement transformés ces dernières années, en particulier depuis la crise économique de 2008, et qu’ils ont été marqués par la stagnation des financements publics et le développement de la logique contractuelle (Lipsky et Smith, 1989-1990). Ces évolutions n’ont pas été neutres pour les associations. Pour ces auteurs, elles ont entraîné le déplacement des projets associatifs vers des publics plus solvables, réduit la capacité des organisations loi 1901 à expérimenter et à innover, et conduit à la concentration des financements publics dans les grandes associations, « qui ont la taille critique et les ressources humaines suffisantes pour accéder à ces formes de financements » (Tchernonog et Prouteau, 2017). Une situation qui exclut de fait les associations employeuses de taille plus limitée des circuits du financement public et a entraîné la disparition d’un grand nombre d’entre elles : entre 2011 et 2017, le nombre d’associations employeuses est passé de 182 000 à 159 000 (-13 %).

Si, grâce aux auteurs du Paysage associatif français, les conséquences de ces évolutions sur les associations sont documentées, les effets sur les salariés et l’organisation du travail sont moins étudiés par les chercheurs. Quels ont été les résultats de cette dynamique, alimentée par la crise économique de 2008, sur le travail dans les associations ? Au moment de la rédaction de cet article, en mai 2020, cette question prend une acuité nouvelle. Car tout semble indiquer qu’une nouvelle crise économique (et des finances publiques) va se surajouter à la crise sanitaire que nous traversons en raison de la pandémie de Covid-19. Il est aujourd’hui difficile d’en prédire les contrecoups. Cependant, en interrogeant la crise passée et ses conséquences nous espérons en tirer des enseignements pour celle qui commence.

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Numéro de revue: 
357
Année de publication: 
2020
Auteur(s): 
Simon Cottin-Marx, Emmanuelle Paradis

Boom associatif en Algérie : réalité ou illusion démocratique ?

Cet article étudie les évolutions du mouvement associatif en Algérie. Après une présentation du cadre législatif existant et de ses évolutions récentes, les auteurs questionnent les initiatives mises en place par l’État à l’égard des associations ainsi que les difficultés économiques, sociales et sociétales qui peuvent les entraver. Sur la base d’un échantillon de 145 associations nationales, les auteurs ont mené une étude exploratoire pour analyser les résultats des actions de l’État sur la répartition, la croissance et la diversité de l’activité associative algérienne. Leur étude montre que la politique de démocratisation proposée par l’État algérien en faveur du secteur associatif est un voile d’illusion qui tente de masquer les mécanismes de contrôle et de restriction de la liberté associative.

Numéro de revue: 
354
Année de publication: 
2019
Auteur(s): 
Sonia Bendimerad, Amina Chibani, Kamel Boussafi

Projet européen Spots, phase 2, mai 2016, Bordeaux

IFAID Aquitaine, organisme de formation et d'accompagnement des acteurs de l'ESS en Gironde pilote le projet européen SPOTS en partenariat avec trois autres structures (UK, Algérie, Portugal). Ce projet action/recherche est mené dans le cadre de l'action clé 2 Partenariats stratégique du programme Erasmus.
L'objectif de SPOTS est de mettre en évidence les leviers et freins du modèle du financement par projet dans l'ESS. Les acteurs sont invités à participer à cette réflexion et à fournir des pistes de solutions.
La phase 2 du projet prévoit l'organisation d'ateliers en mai (à Bordeaux) pour créer la rencontre et le débat entre les associations et les financeurs.

Mutuelles : dissolution de la FNMI, création d’une association

Réunie le 11 juin en assemblée générale, la Fédération nationale de la mutualité interprofessionnelle (FNMI), qui regroupe une partie des «interpros» – celles qui ne sont pas des mutuelles de la fonction publique ni d’entreprises –, a donné son aval par 128 voix pour et 2 abstentions à la proposition du conseil d’administration de dissoudre la fédération. Elle a ensuite adopté une résolution entérinant «le principe de la création d'une association ouverte à toutes les mutuelles ou unions de mutuelles qui le souhaitent, ayant des valeurs et des intérêts partagés». L'association pourrait notamment s'ouvrir à des mutuelles d'entreprises. Un article de Laure Viel pour l'Argus de l'assurance. 

L’état des associations après la crise

La dernière édition de l’enquête Paysage associatif français, conduite en 2011 et 2012, a été menée dans un contexte marqué par des mutations importantes et par la crise économique. Le processus de décentralisation se poursuit, et avec lui le transfert de compétences et de ressources de l’Etat vers les collectivités locales qui explique une part des tendances observées depuis une dizaine d’années, avec une baisse progressive du poids du premier et une montée en charge des secondes. Le déficit public n’est pas récent, mais il se manifeste aujourd’hui avec plus d’acuité. Il explique par ailleurs l’accélération du recul de l’Etat dans le financement des associations et contraint désormais les marges de manoeuvre des collectivités locales. La période récente est aussi marquée par la professionnalisation des associations, nécessaire dans les contextes de  technicisation croissante de leur action et de concurrence dans lesquels elles sont placées. Les normes législatives et réglementaires contribuent à accélérer ce processus, en encadrant de plus en plus l’activité des associations. Le besoin en compétences de ces dernières concerne à la fois le travail salarié et le travail bénévole. En matière d’emploi salarié, la professionnalisation implique de rémunérer à leur niveau les compétences des travailleurs, mais elle est rendue plus difficile par la contraction des financements. Dans ce contexte de mutations, la crise économique de 2009 a pour conséquence d’amplifier la raréfaction des ressources publiques et privées et de générer des besoins croissants de solidarité. L’objectif du programme d’enquête (lire l’encadré 1, en page suivante) conduit est double : construire les indications chiffrées sur l’activité des associations et repérer les grandes évolutions intervenues  depuis 2005, année du dernier état des lieux (1).

Numéro de revue: 
332
Année de publication: 
2014
Auteur(s): 
Viviane Tchernonog, Lionel Prouteau, Muriel Tabariés et Erika Flahault

Comment se financent les associations belges francophones?

En raison de la nature de leurs activités et de leur finalité non lucrative, les associations rencontrent des problèmes spécifiques de financement. Cet article en présente une première étude empirique sur la Belgique francophone (Wallonie et Bruxelles). La proximité juridique des associations belges et de leurs homologues françaises ainsi que les similitudes entre les réalités associatives des deux pays permettent de donner aux résultats obtenus une portée assez générale. L’enquête montre notamment que si les associations se tournent effectivement peu vers les banques, que ce soit pour faire face à des problèmes de trésorerie ou pour financer leurs investissements, ce n’est pas en raison de difficultés d’accès au crédit, mais plutôt pour des raisons de principe (ne pas s’endetter auprès des institutions bancaires).

Numéro de revue: 
332
Année de publication: 
2014
Auteur(s): 
Sybille Mertens et Michel Marée

Les communautés Emmaus en Europe

Le mouvement associatif Emmaüs, fondé en France par l’abbé Pierre en 1949, a créé une structure singulière permettant à la fois la protection sociale et l’emploi des populations exclues : les communautés Emmaüs. Celles-ci pratiquent une activité de récupération et de valorisation de déchets d’équipements électriques et électroniques et d’objets de seconde main et oeuvrent également à l’hébergement et à l’insertion de populations exclues. La singularité de leur modèle économique repose sur une hybridation des formes d’organisations et sur une flexibilité au niveau de la gestion des ressources humaines. Soumise à des obligations de rentabilité économique et de protection sociale, la rationalité des communautés en France, en Espagne et au Royaume-Uni évolue selon leurs positions sur différents marchés. Les valeurs du mouvement constituent maintenant une limite au développement de ce modèle. Le mouvement français s’est moins adapté aux règles du marché, ce qui a un impact sur l’intégration des principaux acteurs et bénéficiaires : les compagnons.

Numéro de revue: 
332
Année de publication: 
2014
Auteur(s): 
Joël Ambroisine