À la reconquête du travail durable. L’ESS en pionnière
Arnaud Lacan, Les Petits Matins, coll.« Mondes en transitions », 2021, 157 pages
Arnaud Lacan, Les Petits Matins, coll.« Mondes en transitions », 2021, 157 pages
Les pouvoirs publics ont toujours imprimé leur marque sur le monde associatif employeur, qu’ils financent et réglementent largement (Hély, 2009 ; Cottin-Marx, 2019). Grâce aux travaux de Viviane Tchernonog et de Lionel Prouteau (2019), nous savons que les rapports entre la puissance publique et les associations se sont considérablement transformés ces dernières années, en particulier depuis la crise économique de 2008, et qu’ils ont été marqués par la stagnation des financements publics et le développement de la logique contractuelle (Lipsky et Smith, 1989-1990). Ces évolutions n’ont pas été neutres pour les associations. Pour ces auteurs, elles ont entraîné le déplacement des projets associatifs vers des publics plus solvables, réduit la capacité des organisations loi 1901 à expérimenter et à innover, et conduit à la concentration des financements publics dans les grandes associations, « qui ont la taille critique et les ressources humaines suffisantes pour accéder à ces formes de financements » (Tchernonog et Prouteau, 2017). Une situation qui exclut de fait les associations employeuses de taille plus limitée des circuits du financement public et a entraîné la disparition d’un grand nombre d’entre elles : entre 2011 et 2017, le nombre d’associations employeuses est passé de 182 000 à 159 000 (-13 %).
Si, grâce aux auteurs du Paysage associatif français, les conséquences de ces évolutions sur les associations sont documentées, les effets sur les salariés et l’organisation du travail sont moins étudiés par les chercheurs. Quels ont été les résultats de cette dynamique, alimentée par la crise économique de 2008, sur le travail dans les associations ? Au moment de la rédaction de cet article, en mai 2020, cette question prend une acuité nouvelle. Car tout semble indiquer qu’une nouvelle crise économique (et des finances publiques) va se surajouter à la crise sanitaire que nous traversons en raison de la pandémie de Covid-19. Il est aujourd’hui difficile d’en prédire les contrecoups. Cependant, en interrogeant la crise passée et ses conséquences nous espérons en tirer des enseignements pour celle qui commence.
Pour lire cet article en intégralité, téléchargez le pdf ci-contre.
Depuis 1992, l’ONU organise une journée internationale des coopératives (CoopsDay) qui se tient le premier samedi de juillet. Cette année, cet événement sera célébré le 6 juillet et portera sur le thème du travail décent dans les coopératives. L’occasion de rappeler que les coopératives emploient 10 % de la population active totale au niveau mondial, soit plus de 279 millions de personnes, selon un rapport publié en 2017 par le Cicopa (Comité international des coopératives de production et de services industrielles et artisanales).
La coopérative d’activités et d’emploi (CAE) permet d’accompagner les porteurs de projets entrepreneuriaux. A ce titre, les particularités de la CAE devraient avoir une influence sur eux – sur leurs compétences et leur identité professionnelle en particulier –, sous le statut original d’entrepreneurs-salariés, et plus généralement modifier leur rapport au travail. Cet article mobilise, dans un premier temps, la littérature sur la CAE, les profils génériques d’entrepreneurs, leurs compétences et leur identité professionnelle. Dans un second temps est présentée une enquête exploratoire dans une de ces coopératives, qui infirme certains aspects de la revue de littérature.
Etre un laboratoire du bien-être de leurs usagers est au coeur des préoccupations des responsables de structure d’insertion par l’activité économique (SIAE) du territoire étudié dans cet article. Les évolutions qu’ils décrivent de leur métier tendent cependant à leur faire opposer cette représentation de leur travail à d’autres, portées notamment par des indicateurs de performance issus des pouvoirs publics. Leurs discours montrent qu’en l’état ces structures sont également des lieux d’impuissance professionnelle pour des acteurs ne se sentant plus capables de répondre conjointement à ces deux logiques, qu’ils présentent comme contradictoires. En réponse, il s’agit de réinterroger collectivement les pratiques sociales et professionnelles pour se réapproprier le sens de leur métier.
La qualité de l’emploi est une préoccupation croissante des partenaires sociaux et un enjeu constant des débats publics sur l’emploi.Sa nécessité est soulignée depuis une quinzaine d’années par divers organismes internationaux, du Bureau International du Travail, à la Commission Européenne, en passant par l’OCDE.
Si comme le dit Frédéric Lordon, « l’innovation historique du néolibéralisme consiste en le projet de faire entrer la mobilisation salariale dans un régime d’affects joyeux intrinsèques », alors il faut bien admettre que le développement de « l’économie sociale et solidaire » (ESS), et son aspiration à promouvoir le « travail autrement », participe à sa manière, à la construction d’un régime spécifique de mise de travail fondé sur la recherche de l’épanouissement de soi dans l’activité productive. Les organisations de l’économie sociale et solidaire, dont le développement et le champ d’exercice ont été récemment consacrés par une loi, constituent-elles un « écosystème » plus favorable à la diffusion de pratiques plus soucieuses du « développement professionnel » de leurs salariés ? Plus précisément, l’espace des organisations de l’ESS peut-il incarner une voie d'émancipation à l’hégémonie du « capital humain » comme référentiel des pratiques managériales ? Et si oui, quelles en sont les conditions de possibilité ?
Les deux derniers numéros de Conjonctur’ess, lettre statistique de l’observatoire régional de l’ESS en Bretagne, font le point sur les conditions d’emploi et temps de travail dans l’ESS d'une part et l'emploi dans l'ESS d'autre part.
A partir d’une étude menée auprès des adhérents d’un site spécialisé dans l’économie sociale et solidaire (ESS) dont il diffuse les offres d’emploi, cet article s’attache à dessiner le portrait type de l’aspirant salarié de l’ESS et plus spécifiquement dans le monde associatif, qui regroupe l’essentiel de l’emploi dans ce champ. Si les premières conclusions de cette étude ne sont donc pas généralisables à l’emploi dans les coopératives et les mutuelles, elles sont riches d’enseignements sur les représentations et les dispositions des actifs souhaitant travailler dans l’ESS. Loin de l’image du cadre supérieur du secteur capitaliste « en quête de sens », l’étude révèle que le « profil type » est davantage à chercher parmi les jeunes actifs, souvent des femmes fortement diplômées, dont les parents sont salariés de la fonction publique et qui voient se réduire considérablement leurs chances de titularisation dans le service public.
Fichier attaché | Taille |
---|---|
317_068086.pdf | 716.91 Ko |