La collaboration gouvernement/associations mise en lumière par le Prix de thèse de l’INJEP
Un jeune prix de thèse
Un jeune prix de thèse
Les salarié-e-s associatifs de la branche sanitaire et sociale a crise sanitaire ont été en première ligne pendant la crise sanitaire qui a débuté au printemps 2020. Oublié-e-s des négociations engagées pour revaloriser les carrières dans la fonction publique, le secteur est confronté à une crise profonde de recrutement selon les déclarations des principales fédérations et organisations d’employeurs. Loin des incantations sans lendemain pour le « monde d’après », il semble que cette crise constitue surtout une opportunité historique d’accélérer des restructurations radicales, dont le projet d’une convention collective unique pourrait constituer la pierre angulaire.
Jean-Louis Bancel
HEC, ENA, est titulaire d’une licence de droit des affaires et d’un DESS de droit public. Il a été président du Crédit Coopératif de 2009 à 2020 (Vice-président de 2005 à 2009). Il est président de Coop FR, membre de l’Alliance Coopérative Internationale et ancien Président de Coopératives Europe.
Les pouvoirs publics ont toujours imprimé leur marque sur le monde associatif employeur, qu’ils financent et réglementent largement (Hély, 2009 ; Cottin-Marx, 2019). Grâce aux travaux de Viviane Tchernonog et de Lionel Prouteau (2019), nous savons que les rapports entre la puissance publique et les associations se sont considérablement transformés ces dernières années, en particulier depuis la crise économique de 2008, et qu’ils ont été marqués par la stagnation des financements publics et le développement de la logique contractuelle (Lipsky et Smith, 1989-1990). Ces évolutions n’ont pas été neutres pour les associations. Pour ces auteurs, elles ont entraîné le déplacement des projets associatifs vers des publics plus solvables, réduit la capacité des organisations loi 1901 à expérimenter et à innover, et conduit à la concentration des financements publics dans les grandes associations, « qui ont la taille critique et les ressources humaines suffisantes pour accéder à ces formes de financements » (Tchernonog et Prouteau, 2017). Une situation qui exclut de fait les associations employeuses de taille plus limitée des circuits du financement public et a entraîné la disparition d’un grand nombre d’entre elles : entre 2011 et 2017, le nombre d’associations employeuses est passé de 182 000 à 159 000 (-13 %).
Si, grâce aux auteurs du Paysage associatif français, les conséquences de ces évolutions sur les associations sont documentées, les effets sur les salariés et l’organisation du travail sont moins étudiés par les chercheurs. Quels ont été les résultats de cette dynamique, alimentée par la crise économique de 2008, sur le travail dans les associations ? Au moment de la rédaction de cet article, en mai 2020, cette question prend une acuité nouvelle. Car tout semble indiquer qu’une nouvelle crise économique (et des finances publiques) va se surajouter à la crise sanitaire que nous traversons en raison de la pandémie de Covid-19. Il est aujourd’hui difficile d’en prédire les contrecoups. Cependant, en interrogeant la crise passée et ses conséquences nous espérons en tirer des enseignements pour celle qui commence.
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Revue française d’administration publique (RFAP) n° 163, 2017, 150 p.