A l’heure où l’ESS connaît à la fois une forme de reconnaissance et un risque de division, qu’elle se penche sur sa mémoire apparaît non seulement comme utile, mais peut-être aussi comme nécessaire. Les fonds documentaires français relatifs à l’économie sociale et solidaire ont connu une histoire compliquée. Ceux relatifs à la coopération ont été réunis dans les années 70, puis divisés dans les années 90, pour devenir sinon inaccessibles, du moins difficilement consultables. Les fonds mutualistes ont bénéficié jusque récemment d’un traitement de faveur qui a permis l’expression de travaux remarquables, en particulier dans la collection "Racines mutualistes", mais subissent aujourd’hui un retrait regrettable (cf. A. Levesque, Recma, n° 285, juillet 2002, et B. Gibaud et P. Toucas dans le numéro 316). Les fonds associatifs sont dispersés. Reste un lieu qui a su maintenir une visibilité constante et récemment réunir les fonds les plus importants, comme ceux issus du grand mouvement de la coopération de consommation. Le Cedias est ce lieu.
Grâce à un partenariat entre la Bibliothèque nationale de France et le Cedias soutenu par le Crédit coopératif et sa fondation, la Recma bénéficie de la numérisation progressive de ses fonds. Se trouvent d’ores et déjà accessibles en ligne les cent premiers numéros de la Revue des études coopératives (1921-1955). Celles et ceux qui voudront les explorer y trouveront matière à éclairer leurs pratiques contemporaines et leurs choix face aux nouvelles alternatives. Bonne lecture !
Jean-François Draperi