théorie

Du concept d’« innovation sociale »

L’innovation sociale est devenue, en quelques années, un concept tellement galvaudé qu’il entretient une large confusion dans les débats. Utilisé d’abord en Amérique du Nord (1), il s’est généralisé avec l’arrivée, dans les années 90, de la notion anglo-saxonne d’« entrepreneurs sociaux ». Introduit ensuite par des travaux initiés par la Communauté européenne (2), il est entré dans la loi française du 31 juillet 2014 relative à l’économie sociale et solidaire (ESS).
L’objet de notre article n’est pas de dresser un inventaire des différentes acceptions de ce concept, mais plutôt de chercher, d’une part, à asseoir sa définition sur des fondements théoriques et, d’autre part, à tirer les conséquences pragmatiques de ce positionnement.
Nous commencerons par l’innovation technologique, car c’est d’elle qu’il est question lorsque l’on évoque l’innovation sans donner d’autres précisions. Nous verrons cependant que cette définition masque des sous-entendus qui nous serviront pour définir l’innovation sociale. Cette définition peut déboucher sur deux approches : l’une collaborative, l’autre coopérative. Il importe de le préciser, car elles n’ont pas les mêmes implications en termes de projets politiques. Nous montrerons que la question de la propriété est au centre de ce qui les différencie. Un tableau de synthèse de ce raisonnement est présenté en annexe.

Numéro de revue: 
338
Année de publication: 
2015
Auteur(s): 
Jacques Prades

Eléments pour une théorie de l’ESS : les cas du Brésil et de la France

Cet article analyse les différentes conceptualisations de l’économie sociale et solidaire (ESS) issues des milieux académiques brésilien et français, et plus particulièrement la manière dont elles appréhendent la place de l’ESS dans la société et le changement social. L’objectif est d’identifier les divergences et les similitudes à travers une comparaison des débats théoriques dans les deux pays. Du côté brésilien, les principaux auteurs mettent en avant l’autogestion comme principe entrant en contradiction avec le reste de la société. Cependant, le rôle de l’Etat apparaît important pour le développement de ce secteur. Du côté français, c’est à la fois l’autonomie et le rôle de l’Etat qui sont valorisés. La synthèse met en évidence la contribution des conceptualisations propres à chaque pays dans l’élaboration d’un nouveau modèle culturel au sens où l’entend Alain Touraine.

Numéro de revue: 
336
Année de publication: 
2015
Auteur(s): 
Magali Zimmer et Carolina Orquiza Cherfem

Une théorie pour l’économie sociale et solidaire?

David Hiez et Eric Lavillunière ont dirigé la publication d’un livre dont le titre, Vers une théorie de l’économie sociale et solidaire (1), d’emblée, attire et interpelle. Il doit en effet être question d’une théorie de l’économie sociale et solidaire (ESS), horizon vers lequel l’ouvrage permettrait d’avancer. Il va de soi que cette ambition impose autre chose que de simples actes de colloque. De fait, ce livre se présente comme un travail ne se réduisant pas à des actes, même si les textes proviennent de deux événements organisés en 2010 par le Réseau interuniversitaire de l’économie sociale et solidaire (Riuess) : d’une part, une double journée d’étude autour d’une réflexion très orientée et intensive sur la question théorique (Marne-la-Vallée, 4-5 février 2010) ; d’autre part, le colloque annuel du Riuess (Luxembourg, 2-4 juin 2010), dont l’appel avait été centré sur la même problématique. La première partie vise à « la définition de [la] structure interne » d’une théorie nouvelle de l’ESS (p. 9), produisant des « ébauches d’une théorie de l’économie sociale et solidaire » (c’est le titre de la partie), pour l’essentiel au moyen de contributions aux journées de février 2010 ; la seconde partie, quant à elle, a pour objectif « l’élucidation de [la] place [de l’ESS] vis-à-vis de l’extérieur » (p. 9) et s’alimente surtout de textes présentés lors du colloque annuel. Deux textes dans chacune des deux parties produisent une interpénétration de ces deux manifestations scientifiques (Dacheux-Goujon et Gardin dans la partie de l’élucidation interne, Ricard Lanata et Corcuff dans la partie de l’articulation externe) (2). Ce texte ne cherche pas à porter la critique aux codirecteurs du livre quant aux insuffisances d’une théorie de l’ESS, qu’il ne vise de toute façon pas à produire (3). Il s’agit de discuter la pertinence et les conditions de possibilité d’une telle théorie, en partant de ce qu’apportent et laissent voir les textes du livre. Pour cela, je n’entreprendrai pas ici un examen exhaustif de ces textes (leur variété rend l’exercice difficile pour le rédacteur, qui devrait se contenter de délivrer ce que l’on voit déjà dans la table des matières), mais je centrerai ma réflexion sur l’ambition première du livre en tant que totalité : cette ambition est-elle réalisée ? Est-elle réalisable ? Est-elle même souhaitable?

Numéro de revue: 
331
Année de publication: 
2014
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Auteur(s): 
Jérôme Blanc

La Coopérative nationale de producteurs de lait de l’Uruguay: une régie coopérative?

Au début du XXe siècle, Bernard Lavergne a proposé le modèle de régie coopérative comme un type spécial de coopérative créé par l’Etat. Il existe peu d’exemples de ce genre de structures à travers le monde. Cet article analyse la Coopérative nationale de producteurs de lait de l’Uruguay (Conaprole), créée en 1935 par une loi comme une régie coopérative. Il examine, d’abord, les discussions parlementaires qui ont précédé le vote de la loi et interroge, ensuite, la nature de Conaprole, hybride coopératif où l’intérêt du producteur prime sur celui du consommateur.

Numéro de revue: 
331
Année de publication: 
2014
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PDF icon recma331_093106.pdf1.39 Mo
Auteur(s): 
Juan Pablo Martí

Une croissance coopérative pour le XXIe siècle, rapport Cicopa pour l'ACI

Un rapport commandé par l’alliance coopérative internationale (ACI) á CICOPA, organisation sectorielle de l’ACI pour les coopératives industrielles et de services, et coordonné par Bruno Roelants avec des contributions de Patrizio Bianchi, Anup Dash, Hans Groeneveld, Pierre Laliberté, Claudia Sanchez Bajo, Vishwas Satgar et Zhang Xiaoshan. 30 octobre 2013. 

Economie sociale et entreprise sociale: quelle cohérence entre le droit et la politique économique dans l’Union européenne ? Réflexions sur les évolutions depuis 1990

Cette étude comparative des évolutions respectives du droit européen et de la théorie économique sur l’économie sociale au cours des vingt dernières années vise à déterminer quelle est leur cohérence pour promouvoir une théorie de l’entreprise en Europe (1). Dans le contexte de crise qui déchire l’Europe depuis 2008, les concepts d’entreprise sociale, d’entrepreneuriat social ou encore de social business ont le vent en poupe (2). Ils tendent à se substituer au concept de « tiers secteur », auparavant mis en avant dans la lutte contre l’exclusion et la pauvreté et dans la quête d’un développement durable. Mon étude s’attache tout particulièrement à l’économie sociale au sein de cette évolution globale. Par « entreprises de l’économie sociale », j’entends celles qui produisent un « patrimoine collectif », notamment les coopératives, les mutuelles et les associations. Leurs traits communs sont une gouvernance démocratique, une distribution du profit nulle ou limitée (une partie de la valeur ajoutée est mise en réserve, les réserves affectées à l’intérêt général) et une propriété collective (organisation sans propriétaire individuel). Ces entreprises accumulent un capital de réserve indivisible, autonome par rapport à la succession de ses propriétaires en titre.

Numéro de revue: 
327
Année de publication: 
2013
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Auteur(s): 
Nicole Alix