Les études sur l’économie sociale et solidaire (ESS) accordent beaucoup d’intérêt aux opportunités de pouvoir et d’émancipation qu’offrent les initiatives féminines. Mais rares sont celles qui prennent en compte la multiplicité des ancrages féminins dans des espaces de production et de reproduction des rapports entre hommes et femmes. Ce travail étudie, au prisme des parcours professionnels, le rôle des réseaux relationnels dans la construction de la figure de l’entrepreneure sociale, et ses implications dans les rapports de genre. À partir d’une approche biographique, cet article montre, d’une part, l’encastrement des parcours professionnels dans des liens multiples impliquant le recours (ou le renoncement) à des liens anciens et nouveaux (familiaux, associatifs, y compris religieux et politiques) à différents niveaux (professionnel, personnel, institutionnel) et, d’autre part, la diversité des figures d’entrepreneures sociales, qui révèle des chemins multiples et corrélés d’émancipation négociée.