Financer les utopies Une histoire du Crédit Coopératif (1893-2013)
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Historien, directeur de recherche émérite au CNRS, et membre du comité de rédaction de la Recma, Michel Dreyfus a publié ou dirigé de nombreux ouvrages sur l’histoire du mouvement ouvrier. A partir de l’exploitation de fonds d’archives, déposées au Centre des archives du monde du travail (Roubaix), au Crédit Coopératif (Nanterre), à l’IMEC (Abbaye d’Ardenne, Caen) et au Musée social (Paris), et sur les témoignages de plusieurs acteurs de cette histoire, Michel Dreyfus livre chez Actes Sud une histoire passionnante du Crédit coopératif. Peut-on imaginer deux univers plus opposés que ceux de la banque et de l’utopie ?
Pourtant, ce qui sépare l’idéal du concret se résume souvent au même mot : argent. Et c’est lorsque les pionniers de la coopération de production, mus par la volonté un peu folle de rendre l’économie plus humaine au coeur de la société capitaliste, prennent conscience qu’il leur faut eux aussi se doter d’instruments financiers à la hauteur de leurs ambitions que se met en marche un processus dont le Crédit Coopératif est aujourd’hui l’héritier. C’est à la découverte de cette épopée plus que centenaire que l’historien Michel Dreyfus nous convie à travers ce livre passionnant. Faisant logiquement démarrer son propos en 1893, date de création de la Banque coopérative des associations ouvrières de production, il nous fait découvrir les nombreuses étapes ayant jalonné la vie d’une banque solidaire dont nous mesurons aujourd’hui, plus encore qu’hier, l’utilité en ces temps de faillite de la finance sans éthique.
Désireux de ne pas écrire une histoire in vitro de cette banque d’un genre particulier depuis sa création jusqu’à aujourd’hui, l’auteur adopte une démarche consistant à maintenir le cap de son récit sans jamais déconnecter son objet d’un contexte aux dimensions multiples (économiques, politiques et sociales). Ce faisant, il soutient la gageure de se situer en permanence au confluent de mondes habituellement voués au cloisonnement historiographique. Il analyse ainsi conjointement les évolutions de secteurs aussi divers que ceux de la banque, du mouvement coopératif et du syndicalisme. Mieux, il n’hésite pas à mener cette histoire au long cours jusqu’à sa période la plus contemporaine, sachant notamment saisir l’une des évolutions majeures de ces dernières décennies : l’ouverture de la banque coopérative à d’autres secteurs de l’économie sociale puis de l’économie sociale et solidaire, en restituant en particulier le rôle décisif qu’elle joue aujourd’hui dans le champ associatif.
Une tâche d’autant plus ardue que l’auteur adopte le parti pris biographique, émaillant son récit du portrait des acteurs de cette histoire, présentant leur itinéraire professionnel, politique et syndical, et prouvant en cela que l’histoire d’une banque peut aussi être une histoire humaine.
Cette importance accordée aux individus et non pas seulement aux structures est d’ailleurs loin de se limiter à ceux qui, au fil des décennies, ont permis au Crédit Coopératif de devenir ce qu’il est aujourd’hui ; aux figures de Pierre Lacour, Jacques Moreau, Jean-Claude Detilleux et Jean-Louis Bancel, par exemple, viennent ainsi s’ajouter celles d’intellectuels qui, de Charles Gide ou Marcel Mauss à Claude Vienney en passant par Henri Desroche ou Albert Meister, ont permis l’élaboration puis le renouvellement d’un corpus théorique. Dépassant la simple juxtaposition, Michel Dreyfus restitue ce dialogue permanent et fructueux entre praticiens et logiciens ayant en commun un idéal d’économie humaine.