Face à l’actionnariat dominant, quelle intervention des salariés dans la gestion ? (Nîmes, 16 janvier 2011)

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Le Forum pour une autre économie, animé par Jean Matouk, professeur émérite en sciences économiques à l’université de Montpellier, a consacré son premier colloque, organisé à Nîmes les 15 et 16 janvier 2011, au mode de gouvernement des entreprises et à la place des salariés. Bien sûr, les Scop furent au centre des débats, même si les questions d’épargne et d’actionnariat salariés ne furent pas négligées. La ville de Nîmes, qui a vu naître le mouvement des coopératives de consommation, a paru toute désignée pour accueillir cette réflexion sur une autre famille coopérative qui connaît aujourd’hui un regain d’intérêt.

Revalorisation de la coopération de production

La crise financière de 2008, enclenchée par les appétits d’une oligarchie financière, selon les termes de P.-Y. Gomez, impose une réflexion sur les modes de gouvernance (dont la défaillance a même affecté certaines grandes organisations d’économie sociale) et sur les modes de régulation insuffisamment contraignants et spécifiques (O. Pastré). Le travail est ainsi considéré comme une charge, simple variable d’ajustement à la rentabilité financière. Les alternatives se situent donc soit dans l’articulation entre capital individuel et réserves collectives par la coopération, soit dans les modes d’association entre capital et travail par l’épargne et l’actionnariat salariés. Les raisons de la revalorisation de la coopération de production sont multiples : revendication d’autonomie et recul du droit du travail, dépôt de bilan d’entreprises et augmentation du chômage et de la précarité… Mais son essor est freiné par la tradition salariale de subordination plus que par le manque de capitaux, de nombreux outils financiers ayant été mutualisés par le mouvement des Scop. La situation est plus facile quand le groupe est homogène (C. Neuschwander, qui est revenu sur son expérience à Lip), quand il est accompagné par un important dispositif de formation et quand le dirigeant assoit sa double légitimité économique et politique.

Un débat animé a abordé le dilemme entre consensus et dissensus au sein de ces entreprises collectives : consensus nécessaire pour assurer la pérennité de l’entreprise, dissensus stimulant pour ouvrir des voies de changement et d’innovation. De même, les questions de taille et d’organisation du travail « pertinentes » interrogent le mode de gouvernance autant dans les groupes coopératifs que dans les « micro-Scop ». Le statut Scop apparaît ainsi d’une grande souplesse, offrant des possibilités diverses de rapports au marché comme l’ont montré les typologies présentées ; J.-Ph. Poulnot (Groupe Chèque-Déjeuner) a mis l’accent sur les capacités de choix en termes de sociétariat et de répartition des revenus, alors que G. Loszach a témoigné de la dynamique coopérative en Ariège et de la possibilité de se soustraire à la logique de l’intérim et de la sous- traitance en cascade.

Observatoire des alternatives

L’actionnariat salarié – que C. Gide préférait à la coopération de production – a fait l’objet de la dernière table ronde. Selon les participants (représentants de salariés actionnaires et de syndicats), cela peut permettre aux salariés de garder un certain pouvoir de négociation dans l’entreprise, et à l’entreprise une certaine indépendance vis-à-vis des banques. Très largement réservé aux salariés cadres des grandes entreprises, cette participation financière nécessite néanmoins, pour influencer réellement la stratégie, une représentation collective des salariés actionnaires, ainsi que des critères d’affectation des investissements socialement responsables. J.-C. Le Digou (CGT), qui ne croit pas au retour du « fordisme d’hier », a montré son intérêt pour les différents outils nécessaires au réencastrement de l’entreprise dans les territoires et la société, afin qu’ils fassent « système » dans une économie plurielle.

Le colloque s’est terminé par une déclaration  appelant notamment à la diffusion de « la culture de l’ économie coopérative » et à l’opportunité de créer un « observatoire des alternatives » qui, dans cette perspective, aura comme « priorité l’analyse des programmes politiques exposés en vue des élections de 2012 ».

Danièle Demoustier