Coopératives: déclaration du sommet international de Québec présentée à l'ACI
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Le 11 octobre 2012, les trois cohôtes du Sommet international des coopératives 2012 ont fait connaître leur Déclaration commune. Issue des discussions qui ont eu cours depuis de début du Sommet, la Déclaration sera enrichie des aspirations des participants, qui pourront les transmettre jusqu'au 21 octobre 2012. Cette Déclaration sera présentée à Manchester à la fin du mois d'octobre lors d'un grand événement organisé par l'Alliance coopérative internationale, puis elle sera acheminée à l'Organisation des Nations Unies par Mme Monique Leroux, présidente et chef de la direction du Mouvement Desjardins.
S'inscrivant dans le cadre de l'Année internationale des coopératives, le Sommet international des coopératives 2012 a réuni à Québec, du 8 au 11 octobre, près de 2 800 représentants et futurs leaders de coopératives et de mutuelles, en provenance de 91 pays. Les participants étaient rassemblés pour tenir des discussions de fond sur les enjeux d'affaires du mouvement coopératif. L'événement visait également à faciliter le réseautage et l'intercoopération, à augmenter la connaissance qu'a le grand public des coopératives, de même qu'à encourager des actions concrètes pour le développement du secteur coopératif et mutualiste à l'échelle locale, nationale et mondiale.
Les participants au Sommet affirment l'importance de la contribution des coopératives au mieux-être économique et social des personnes et des collectivités ainsi qu'à une économie plurielle, équilibrée et plus stable. L'originalité et la pertinence de la contribution des coopératives tiennent aux caractéristiques suivantes :
- elles sont engagées dans leur milieu dans une perspective de long terme;
- elles font participer les personnes à la gestion de l'entreprise;
- elles favorisent la création et le maintien des emplois dans les communautés qu'elles servent;
- leur recherche de rentabilité ne constitue pas un objectif en lui-même, mais une condition à remplir pour être en mesure de répondre efficacement aux besoins de leurs membres, actuels et futurs;
- leur modèle d'affaires est robuste et viable, tant sur le plan local que national et mondial;
- elles ont une grande capacité de résilience, comme l'a démontré la dernière crise financière et économique.
En conclusion des constats établis et des discussions tenues à l'occasion du Sommet, les participants déclarent que :
Les coopératives et les mutuelles sont des entreprises qui occupent une place significative dans l'économie mondiale et elles contribuent au développement durable.
Un million de coopératives sont en activité dans le monde. Elles répondent aux besoins d'un milliard de membres. Les coopératives procurent un emploi à 100 millions de personnes. Les 300 plus grandes coopératives, tous secteurs d'activités confondus, génèrent un chiffre d'affaires global de 1 600 milliards de dollars. C'est un poids économique comparable à celui de la 9e économie mondiale en importance. En vertu de la gouvernance démocratique des coopératives et du rôle qu'elles jouent auprès de leurs dirigeants élus et de leurs membres sur le plan de l'éducation à l'économie et à la démocratie, le mouvement coopératif mondial représente la plus grande démocratie et le plus imposant système éducatif de la planète.
Les coopératives et les mutuelles existent dans tous les secteurs de l'économie et touchent tous les aspects de la vie humaine. Dans plusieurs pays, elles occupent une place centrale dans les secteurs de l'agroalimentaire, des services financiers ainsi que du commerce de détail. Partout où elles sont présentes, les coopératives renforcent les collectivités, car en plus de leur apport significatif à l'économie, elles sont des intervenants de premier plan en matière de développement social et humain. Les coopératives et les mutuelles contribuent à l'atteinte des objectifs du Millénaire pour le développement et à la mission d'un très grand nombre d'organisations internationales. Il en va ainsi grâce au rôle qu'elles jouent dans les domaines de la sécurité alimentaire, de la lutte à la pauvreté, de l'accès aux soins de santé, de l'égalité des genres et de l'atténuation des effets des crises sur les populations les plus à risque. Elles travaillent aussi dans une perspective de développement durable.Pour continuer à déployer leur plein potentiel au sein d'un monde en changement et d'une économie fragilisée, les coopératives et les mutuelles devront :
- continuer de développer leur performance globale et veiller à maintenir leur compétitivité pour assurer leur pérennité;
- viser la croissance efficace et durable de leurs affaires;
- démontrer une grande capacité d'innovation;
- demeurer pertinentes et d'actualité grâce à la formation de leurs employés, à la préparation d'une relève et à l'utilisation avisée de la technologie.
Le modèle d'entreprise coopératif et mutualiste est diversifié, performant et polyvalent. Il contribue activement à la participation des personnes à l'économie et aide à générer la croissance nécessaire à l'enrichissement collectif.
L'application du modèle coopératif à de nombreux secteurs d'activité (agriculture, santé, services financiers…) et suivant différents liens d'usage (coopératives de consommateurs, de producteurs, de travailleurs...) démontre la flexibilité et l'adaptabilité de ce modèle d'entreprise.
Pour poursuivre leur croissance et accroître leur performance, les entreprises coopératives devront :
- se donner un avantage concurrentiel plus prononcé en capitalisant sur la proximité avec leurs membres;
- rechercher systématiquement quels sont les besoins des membres qui ne trouvent pas encore de réponse appropriée;
- accroître leur agilité organisationnelle dans le respect de leur mission et des principes qui guident leur action;
- assurer l'équilibre entre les ressources qu'elles consacrent à leur croissance et à leur pérennité et celles qu'elles consacrent au développement collectif;
- faire vivre et communiquer leur différence vis-à-vis des sociétés à capital-actions;
- unir leurs forces avec d'autres coopératives en mettant en œuvre des partenariats et des ententes de collaboration.
Le modèle d'entreprise coopératif et mutualiste sait évoluer et s'adapter aux conditions changeantes de l'environnement et aux besoins des membres. Toutefois, tant la gouvernance que le mode de capitalisation particuliers des coopératives entraînent pour elles des défis.
1) La gouvernance coopérative basée sur la transparence, la participation et une vision à plus long terme permet de bâtir une relation de confiance avec les membres, les clients et les communautés. La proximité des coopératives avec leurs membres explique d'ailleurs leur grande capacité à répondre à leurs besoins. La vision partagée qui les inspire permet pour sa part une action plus concertée et rassembleuse.
Pour continuer de se démarquer dans une économie mondialisée et technologiquement avancée, les entreprises coopératives devront accroître leur vitesse de réaction aux changements rapides qui affectent leur environnement.
Il leur faudra ainsi :
- assurer un meilleur équilibre entre leur processus de prise de décision et leur agilité d'exécution;
- départager clairement les responsabilités respectives des dirigeants élus et des gestionnaires de la coopérative;
- améliorer les systèmes de gestion de la performance globale pour repérer et corriger rapidement les point les plus faibles;
- créer des processus de consultation plus efficaces avec les membres à l'égard des orientations stratégiques;
- utiliser les médias sociaux et les nouveaux moyens de communication pour engager les membres dans le processus démocratique;
- trouver le moyen de maintenir leur position naturelle de leader en matière de satisfaction des membres dans un contexte où les interactions sont de plus en plus virtuelles.
2) Leur structure de propriété limitant les sources de capitaux, les coopératives ont toujours fait preuve d'imagination lorsque leurs besoins de développement nécessitaient un apport accru de capital, et ce, dans le respect de leur identité.
Pour relever le défi de la capitalisation dans le contexte d'un resserrement de la réglementation financière, les coopératives devront :
- créer des forums intercoopératifs pour se donner un agenda politique partagé, parler d'une seule voix et mieux faire valoir leurs particularités auprès des autorités règlementaires et gouvernementales;
- entretenir des relations suivies avec les gouvernements et les organismes de réglementation afin de suivre l'évolution des nouveaux projets de réglementation et de s'assurer que la spécificité coopérative soit prise en compte;
- entretenir un dialogue constructif avec les organismes de surveillance;
- répondre aux attentes des parties prenantes au chapitre de la gouvernance, de la communication, de la technologie et de la réglementation pour se donner accès aux sources de financement nécessaires à leur croissance;
- s'assurer que leurs structures de gouvernance et de capital sont aptes à soutenir des processus efficaces de prise de décision et d'investissement;
- mettre sur pied des mécanismes de financement pour la création de nouvelles coopératives et pour le développement de celles qui existent déjà.
L'ensemble des entreprises coopératives et des mutuelles constitue une force sociale, humaine et économique indiscutable à l'échelle mondiale. Des efforts doivent cependant être consentis pour que ces entreprises acquièrent un poids politique plus appréciable.
Actuellement, des décisions importantes sont prises à l'échelle mondiale sans que l'on ne tienne compte des particularités du modèle coopératif. Il en va ainsi parce que ce modèle n'est pas suffisamment connu et reconnu. Le modèle coopératif a pourtant démontré sa capacité de réussite. Il a mieux traversé les crises grâce à la structure de propriété et à la stabilité du capital qui le caractérisent.
Pour éviter que leur modèle d'affaires ne soit négligé ou affaibli et pour leur permettre d'atteindre un poids politique à l'image de leur poids économique à l'échelle planétaire, les coopératives devront :
- conjuguer leurs efforts et leurs moyens pour se donner une plus grande force d'intervention sur la scène internationale;
- allouer les ressources nécessaires pour faire reconnaître et rayonner leurs réalisations, leur apport tangible au développement socioéconomique ainsi que les réponses originales qu'elles apportent aux défis d'aujourd'hui;
- intensifier leurs représentations pour se faire connaître des décideurs politiques et être considérées dans les projets de relance ou de développement économique;
- mettre en place une forme de reddition de comptes qui témoigne de leur performance sur les plans financier, social et humain;
- susciter l'intérêt des chercheurs et constituer une base d'information et de données sur les coopératives et les mutuelles à l'échelle planétaire. Ces éléments pourront servir d'assise pour que l'enseignement du modèle coopératif devienne un incontournable dans les milieux de l'éducation supérieure et des affaires;
- développer la relève, faire une place aux jeunes leaders et assurer leur participation au sein des coopératives et des mutuelles.
Les participants au Sommet constatent que, plus que jamais, l'entreprise coopérative peut répondre efficacement aux défis économiques et sociaux auxquels se heurtent nos sociétés. La crise actuelle vient même renforcer la pertinence de la réponse coopérative aux besoins. Les participants soulignent du même souffle l'importance de la performance globale des coopératives et des mutuelles, car c'est une condition à remplir pour une contribution durable et significative.
Le développement du modèle coopératif et mutualiste, son renforcement et son plus grand rayonnement méritent aujourd'hui les efforts de tous ceux et celles qui veulent contribuer à bâtir un monde meilleur.
Fait à Québec, Canada, le 11 octobre 2012.
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