Rendre visible l’invisible... Les Premiers Trophées des Femmes de l’ESS !
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Le 8 mars 2023 s’est tenu, au 101 rue de Grenelle, siège du Secrétariat d’Etat en charge de l'Economie sociale et solidaire et de la Vie associative, les premiers Trophées des femmes de l’ESS. La création de ces nouveaux trophées est l’occasion de mettre en lumière celles qui se mobilisent dans les organisations de l’ESS et participent par leurs actions à la vie politique et économique. C’est aussi le moment de faire le bilan sur la place des femmes dans l’ESS et de questionner l’exemplarité des pratiques.
Cette journée du 8 mars, une fois par an (c’est mieux que rien, me direz-vous !), propose de « réfléchir, d’échanger, se mobiliser pour l’égalité entre les femmes et les hommes, de faire le « point » sur ce qui a été fait et ce qui reste à faire sur la question de la place des femmes dans la société » (1).
Cette nouvelle initiative s’inscrit dans le prolongement des actions récente comme le projet Matrimoine 2() de l’ESS (lancé en 2020) ayant pour mission de rendre visible l’apport des femmes à la construction et à l’évolution de l’ESS, de valoriser les parcours de vie de celles qui ont inspiré et inspirent encore par leurs actions et engagements.
La journée internationale des Femmes, une histoire de lutte pour l’égalité
Depuis la fin des années 1970 et son officialisation par les Nations Unies, le 8 mars est célèbré comme La journée internationale des droits des femmes… une journée pour faire le bilan sur la situation des femmes. Il faudra attendre 1982 pour que la France, sous l’impulsion d’Yvette Roudy, alors ministre déléguée aux droits des femmes, reconnaisse à son tour cette journée internationale… et 40 ans pour mettre à l’honneur les Femmes de l’ESS !
Après Les Femmes en Or (1993), les trophées des femmes de l’industrie (2011), les femmes de l’ESS se voient enfin reconnues pour leurs actions et leurs engagements. C’est en quelque sorte un retour aux sources, car n’oublions pas que la Journée internationale des droits des femmes est née lors des manifestations de femmes au début du XXe siècle, en Europe et aux États-Unis pour réclamer de meilleures conditions de travail et le droit de vote. Malgré ces luttes, les droits des femmes ainsi que leurs places dans la société restent menacés, fragiles… voire inexistants dans certaines parties du Monde. Les associations militantes des droits des femmes sont en première ligne dans ces combats politiques, ces combats du quotidien mais sans pour autant bénéficier d’une réelle reconnaissance institutionnelle.
Premiers trophées des Femmes de l’ESS … une « double première » !
Les quelques 300 candidatures transmises dans un délai record (une petite semaine pour candidater en pleine vacances de février) témoignent de l’engouement et de l’attente des actrices de l’ESS à plus de reconnaissance. Ces premiers Trophées des Femmes de l’ESS marquent un doublet. Premièrement, il s’agit des « Premiers » (en appelant d’autres) qui mettent à l’honneur les héroïnes du quotidien de l’ESS, leurs qualités d’entrepreneures au même titre que les femmes de l’industrie. Ils offrent également une reconnaissance de l’ESS comme modèle économique à part entière. Deuxièmement, au travers des 10 catégories proposées, soulignant la richesse de la diversité de l’ESS, pour la première fois, la recherche a eu voix au chapitre. Cette création met en lumière « d’autres invisibles » : les chercheur-e-s. Nadine Richez-Battesti (Université Aix-Marseille), membre du comité de rédaction de la RECMA, a remporté le premier prix de la chercheuse en ESS de l’année ! Sans oublier, un hommage rendu à Danièle Demoustier, disparue brutalement en février 2023, dont les travaux sont un héritage précieux pour nous toutes et tous.
L’égalité femmes-hommes dans l’ESS, au cœur des enjeux
Les dix lauréates représentent la diversité de l’ESS dans les territoires et au travers les générations. Leur réussite dans le bâtiment, la tech, l’agriculture… fait voler en éclat le plafond de verre et fait d’elles des exemples. Pour autant, l’égalité femmes-hommes dans l’ESS n’est pas encore une réalité. La dernière synthèse de l’Injep, parue en mars (n°66), rédigée par Lecorps (2023) , sur la situation des femmes dans les associations, nous invite à la prudence et conclut à de faibles avancées en la matière dans l’ESS. Les chiffres sont sans appel. Seulement 35 % des présidences d’associations sont occupées par des femmes (chiffres de l’INSEE, 2018). Elles sont davan- tage représentées sur les fonctions de trésorière (48 %) ou de secrétaire (60 %). La taille de l’association, le secteur d’activité (notamment le milieu sportif), la nature politique ou professionnelle de l’association ou encore l’âge (au-delà de 45 ans) des femmes sont des facteurs aggravants ces disparités. Comment expliquer ces inégalités, alors qu’en 2021, le niveau d’engagement associatif des femmes (27 % de bénévoles) est proche de celui des hommes (28 %) (Didier, 2023) ? Elles représentent 71 % des salariés associatifs en 2018 mais seulement 56 % des postes de cadres.
Les femmes sont donc bien présentes dans l’ESS mais elles n’accèdent que difficilement aux postes à responsabilités. Une lueur d’espoir, cependant, ressort à la lecture des chiffres concernant les associations récentes où les femmes sont plus représentées avec 39 % de présidentes d’associations et 51 % de trésorières dans les associations ayant moins de dix ans d’existence contre 31 % et 42 % dans les associations créées il y a plus de trente ans.
Au fil des rapports de la Commission égalité femmes hommes du Conseil supérieur de l'économie sociale et solidaire (CSESS), le constat reste le même : le chemin est encore long. L’égalité femmes-hommes dans l'ESS continue d’être vue encore trop souvent comme une contrainte… vision paradoxale pour une économie de valeurs. Parmi les quatre leviers d’action, deux mettent l’accent sur l’organisation du travail dans l’ESS (« favoriser la mixité des métiers de l’ESS et la qualité de vie au travail pour les femmes et les hommes ») et les pratiques de gouvernance (« mettre en place les conditions d’un égal accès au pouvoir et à une gouvernance équilibrée au sein des structures et réseaux »).
Il s’agit d’un vrai défi pour l’ESS… le défi de l’exemplarité.
Laëtitia Lethielleux
Professeure agrégée des universités - Sciences de gestion
Université de Reims Champagne-Ardenne
(1) Site de l’ONU https://www.un.org/youthenvoy/fr/2013/07/onu-femmes-lentite-nations-unie...
(2) Projet lancé à l’initiative de Scarlett Wilson-Courvoisier et avec le soutien de la Fondation Crédit Coopératif, de la Maison de Salins et du Secrétariat d’Etat à l’économie sociale, solidaire et responsable, l’Observatoire national d’ESS France.
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