Proudhon et la Banque du Peuple
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O.Chaïbi, Editions Connaissances et Savoirs. Economie et Gestion-Histoire, 2010, 230 pages.
Les économistes et sociologues, férus d’histoire de la banque et des banquiers en France, se réfèrent généralement aux travaux d’Hubert Bonin (1992). En effet, ils y trouvent à chaque fois non seulement un panorama détaillé du fonctionnement des institutions bancaires et des mécanismes financiers, mais aussi des éléments de compréhension du rôle et de l’image du banquier dans la société. L’ouvrage d’Olivier Chaïbi procède de cette veine, en se consacrant à ce projet malheureux de la Banque du Peuple. Mais pourquoi s’intéresser à un ouvrage sur Banque du peuple dans une revue d’économie sociale ?
Au service des ouvriers et des paysans
L’auteur nous donne la réponse : « la Banque du Peuple se présentait comme le centre d’associations qui devaient créer des caisses de secours mutuels, et fonctionner comme des coopératives de production et de consommation. Pour la première fois, un projet reliait les trois institutions sur lesquelles repose l’économie sociale » (p. 218). En outre, l’ambitieux projet de P-J.Proudhon (1809-1865) consistait à la fois en un projet politique qui passe par « une réforme radicale du crédit et de la circulation monétaire », et par la recherche d’une réponse concrète aux besoins des paysans et des ouvriers. Cet état de fait est d’autant plus actuel que : « crise et manque de confiance sont deux mots caractéristiques de l’état de la France en 1848 » (p. 13) ! Trouver par l’économie bancaire une solution au problème social avait été tenté en avril 1849, à Metz et Nancy, en liant le Mont-de-piété dont l’objet central est le crédit aux pauvres, et les Caisses d’épargne dont l’objet est d’accueillir les dépôts des petits épargnants. Sans lendemain, cette idée faisant du « crédit » un outil de politique sociale s’imposa au point où elle fut reprise dans la Déclaration du Peuple du 7 novembre 1848, en considérant que : « le crédit privé, qui cause quand il est seul des désastres périodiques et d’incessantes iniquités, doit être modéré et complété par un vaste crédit social, non dans l’intérêt de quelques uns, mais au bénéfice de tous ». Bien que cette idée ne plaise pas aux économistes de l’époque, c’est-à-dire aux partisans de l’économie libérale, elle renforce la pertinence des expérimentations du microcrédit social depuis la fin des années 1990 par les Crédits Municipaux, en particulier.
La voie d'un mutuellisme à retrouver
Projet citoyen, de lutte contre les inégalités, on pourrait regretter que la Banque du Peuple n’ait pas opté pour un statut coopératif, lui préférant celui de société en nom collectif et en commandite. Mais, comme le rappelle à juste titre l’auteur : « la qualité d’actionnaire est accessible au petit peuple à raison de 5 francs sur 10 mois, soit 50 centimes d’euros ou le prix d’une bouteille de vin » (p. 84). Au-delà de la responsabilisation solidaire attendue par P-J.Proudhon méfiant vis-à-vis des associations, l’article 6 des statuts de la Banque du Peuple précise que : « tout citoyen est appelé à faire partie de la Banque du Peuple à titre de coopérateur. Il suffit pour cela d’adhérer à ses statuts et d’accepter son papier ». L’innovation bancaire à dimension sociale ainsi expérimentée jusqu’en avril 1849, ouvre la voie d’un mutuellisme qu’il nous faudrait sans doute retrouver dans le secteur bancaire coopératif. Toutefois, une autre utopie s’impose aujourd’hui : celle du développement d’un système de prêt garanti par des promesses de travail, qui ne peuvent pas toujours être tenues !
Lire l’ouvrage d’Olivier Chaïbi, c’est mieux comprendre les enjeux contemporains de la banque, de la monnaie, et du crédit, en économie sociale et solidaire.
Pascal Glémain
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