L’économie sociale en Amerique latine, un dossier de Way Co'op pour le Ciriec
Actu
Agenda
Base Doc
Toute la Recma
- 2010
- 2019
- 2018
- 2017
- 2016
- 2015
- 2014
- 2013
- 2012
- 2011
- 2010
- 2000
- 2009
- 2008
- 2007
- 2006
- 2005
- 2004
- 2003
- 2002
- 2001
- 2000
- 1990
- 1999
- 1998
- 1997
- 1996
- 1995
- 1994
- 1993
- 1992
- 1991
- 1990
- 1980
- 1989
- 1988
- 1987
- 1986
- 1985
- 1984
- 1983
- 1982
- 1981
- 1980
- 1970
- 1979
- 1978
- 1977
- 1976
- 1975
- 1974
- 1973
- 1972
- 1971
- 1970
- 1960
- 1969
- 1968
- 1967
- 1966
- 1965
- 1964
- 1963
- 1962
- 1961
- 1960
- 1950
- 1959
- 1958
- 1957
- 1956
- 1955
- 1954
- 1953
- 1952
- 1951
- 1950
- 1940
- 1949
- 1948
- 1947
- 1946
- 1945
- 1944
- 1943
- 1942
- 1941
- 1940
- 1930
- 1939
- 1938
- 1937
- 1936
- 1935
- 1934
- 1933
- 1932
- 1931
- 1930
- 1920
- 1929
- 1928
- 1927
- 1926
- 1925
- 1924
- 1923
- 1922
- 1921
- 1920
Nous reproduisons ici, avec l'aimable autorisation du Ciriec-France, un extrait de ses "brèves" d'octobre, un petit dossier rédigé par l'association Way Co'op .
Dans la crise économique que traverse la planète , de nombreuses initiatives collectives reposant sur les principes communs d’utilité sociale, de gestion démocratique et de coopération, apparaissent comme autant de réponses aux nouveaux besoins des populations touchées notamment par le chômage et l’exclusion sociale.
En Amérique latine, région historiquement frappée par des inégalités considérables et une très grande pauvreté, les gouvernements de plusieurs Etats ont déjà mis en œuvre des programmes d’action visant au développement de modèles de production alternatifs. Au Pérou par exemple, l’économie sociale implique près de 70% de la force de travail du pays ; et dans toute l’Amérique du Sud l’émergence actuelle d’associations, coopératives, mutuelles, syndicats ou fondations regroupés autour des principes de l’ESS démontre bien la vivacité du développement de ce secteur d’activité. En effet, les nouvelles possibilités suscitées par ce mouvement en matière d’innovation sociale, apportent des réponses efficaces et créatives à des problèmes d’ordre économique et social, face auxquels l’intervention du marché et parfois de l’Etat reste limitée.
Ainsi, des pays comme le Brésil, l’Argentine, le Venezuela ou encore le Chili, constituent des laboratoires aux expériences d’économie sociale et solidaire d’une grande richesse et d’une grande diversité
Afin de rendre compte de la richesse et de la diversité des initiatives d’ESS en Amérique du Sud, l’association WAY CO’OP a entrepris de réaliser une étude de terrain. Ce projet a reçu le soutien de la Région Ile de France. Le CIRIEC-France, de son côté, facilite les contacts avec des organisations, des chercheurs et des praticiens dans les différents pays.
L’objectif de cette étude est donc de contribuer à la collecte, à l’expertise et à la diffusion d’informations afin de comprendre le fonctionnement de l’ESS en Amérique du Sud et ainsi de favoriser son développement en France.
L'embarras du choix des expériences pour cette étude s'est révélé assez important. Une première sélection de structures est donc ici présentée, mais elles ont vocation à servir de point d’appui afin, une fois sur place, de pouvoir entrer en contact avec d’autres structures non connues en France. Enfin, les dizaines de rencontres programmées et la constitution d’un annuaire participera au développement d’un réseau international des structures d’ESS.
Quelques éléments de la pré-étude :
L’économie populaire et solidaire est définie dans les documents officiels comme « un système de production, de transformation et de circulation des biens et des services visant à satisfaire les besoins sociaux, par des relations de production justes, économiquement viables, écologiquement durables et respectueuses de la diversité culturelle. »
Le gouvernement bolivarien se donne pour tâche de « substituer au système capitaliste un modèle écono¬mique alternatif, solidaire, durable et collectiviste, orienté vers le développement social et humain intégré et de mettre en place une réorganisation socio productive territoriale, ancrée sur les vocations naturelles des communautés, les valeurs du peuple et l’exploitation rationnelle de nos richesses. »
Au début de l’année 2004, le président Chavez a lancé la Mision Vuelvan Caras. Cette mission est le centre de convergence de toutes les missions participatives. Elles ont pour but d’inclure les secteurs pauvres et marginalisés et d’incorporer les citoyens au tissu socio productif, dans une perspective d’économie solidaire.
Les citoyens ont été appuyés par des organisations de conseil et des institutions de micro-finance. C’est ainsi qu’est né le Ministerio para la Economia Popular (Ministère pour l’économie populaire), qui est maintenant le Ministerio del Poder Popular para la Economia Comunal (Ministère du pouvoir populaire pour l’économie communale – MPPEC).
L’expérience de la coopérative de textile Venezuela Avanza
Venezuela Avanza (Le Venezuela va de l’avant) est située à Catia, l’un des vastes quartiers populaires de Caracas. La coopérative confectionne chemises, jeans, t-shirts, pulls, pyjamas, casquettes... Les membres sont des femmes vivant dans le quartier. Chaque année, elles élisent une nouvelle présidente. Chaque membre reçoit un salaire égal, vote chaque année. Les femmes qui le souhaitent peuvent suivre des cours du soir afin d’apprendre à lire et écrire.
L’expérience de La coopérative vénézuélienne Cecosesola
Cecosesola est une communauté de plus de 1200 travailleurs, située dans L'Etat de Lara, offrant des services de santé, funéraire, un réseau de production agricole, un service de crédit et d’épargne, des marchés de fruits et légumes, en fonctionnant en autogestion.
L'Etat de Lara est considéré comme le cœur traditionnel du mouvement coopératif vénézuélien. Cette région agricole se trouve au sud-ouest de Caracas sur la route de Merida et les contreforts de la Cordillère des Andes.
Brésil
Depuis la chute du régime militaire en 1985, et avec l’occasion de l’élaboration d’une nouvelle constitution pour le pays, le Brésil voit émerger une infinité d’initiatives économiques et sociales, alternatives aux modèles passés qui avaient démontré leurs limites. L’inscription dans la constitution de l’impératif de rembourser la dette sociale de l’Etat vis-à-vis des plus pauvres a en effet ouvert la voie à la naissance d’une formidable dynamique des mouvements et organisations issus de la société civile.
L’arrivée au pouvoir de Lula en 2003 va ainsi non seulement permettre à l’économie solidaire de ne plus être considérée comme un secteur marginal mais surtout se développer comme source de solutions face à bien des problématiques. A la fois expérience de transformation politique, sociale, économique et culturelle, l’économie solidaire met en effet l’accent sur l’être humain, la démocratie participative, la justice sociale, l’autogestion et le respect de l’environnement. Elle représente donc aujourd’hui un potentiel de développement inégalé à travers des expériences fructueuses qui promettent de révolutionner le marché et de développer une nouvelle société, à la fois plus humaine et plus démocratique.
L’expérience de Jardim Vitoria
Jardim Vitoria est le nom d’un quartier situé en périphérie de la ville de Cuiaba, capitale du Mato Grosso. Sa croissance rapide et désordonnée, l’important niveau de violence et de chômage ainsi que le manque d’infrastructures sanitaires affectent la qualité de vie des habitants.
Le quartier vibre depuis quelques années d’un nouveau dynamisme. L’ONG brésilienne Instituto Centro de Vida s’y est installée en 2000 pour initier un projet expérimental de permaculture. Les premières années furent consacrées à la mise en œuvre du projet Quintais Pro-dutivos (Jardins Productifs) qui a permis l’implantation d’un jardin communautaire et de petits potagers chez les résidents. Durant cette même période, des femmes se réunissaient pour réfléchir à une façon viable de gagner de l’argent. Six années plus tard, grâce à l’appui de cette ONG, elles acquirent leur espace de travail ainsi que des machines à coudre, éléments indispensables à leur travail, et ont ainsi pu commencer sérieusement à produire des coussins arborant les vives couleurs des habits traditionnels de la région.
Argentine
L’économie sociale représente aujourd’hui 10% du PIB argentin, ce qui classe le pays parmi les premiers de la région dans ce domaine. Depuis 2001, tant pour sortir de la situation économique tragique de l’époque que parce que cela fut une vraie alternative pour le système productif qui avait été touché de plein fouet par les recettes néolibérales, l’économie sociale a réussi à se renforcer pour tenir son rôle dans la croissance économique.
L’Argentine a été secouée par une grave crise financière, politique, économique et sociale dans les années 1990 qui culmine en 2001 et qui est symbolisée par le mouvement des piqueteros (les chômeurs bloquent les routes pour manifester leur mécontentement) et les manifestations spontanées de masse (les cacerolas). La majorité des Argentins cherchaient à survivre au jour le jour et, à partir de ce drame, de vives critiques contre le système économique capitaliste se sont fait entendre et des alternatives, notamment dans le domaine de l’économie sociale et solidaire, ont vu le jour. C’est ainsi que de nombreuses entreprises menacées de fermer ont été récupérées par leurs ouvriers. L’Argentine en compte aujourd’hui plus de 200.
L’expérience des céramiques Zánon
Zanon est l’usine de céramiques la plus importante d’Argentine. Elle est située à Neuquen, à 2 000 km de Buenos Aires. Elle a atteint aujourd’hui une production de 400 000 m2 de céramiques par mois. Son histoire, son mode de fonctionnement, son implantation dans l’action communautaire et le fait qu’elle n’a pas de patron font de cette entreprise à haute technologie la preuve vivante qu’une autre relation au travail, un autre mode de production, sont possibles.
L’expérience « Nuestras Huellas »
Nuestras Huellas est une association civile à but non lucratif, fondée en mars 2007. Elle œuvre à la mise en place de programmes de financement solidaires pour des projets nés dans les quartiers populaires du Nord de la capitale. Son programme clé ? : la création de banques communales. L’association Nuestras Huellas, qui définit son action comme la résultante d’une rencontre entre éducation populaire et micro finance, accompagne aujourd’hui plus de 120 banques communales dans plus de quarante quartiers de Buenos Aires.
Chili
En 1973, le coup d’Etat militaire au Chili constitue un cataclysme pour ce pays de longue tradition démocratique, le faisant basculer d’un seul coup dans une période caractérisée par la violence et la répression. Presqu’au même moment, la Junte impose un nouveau système économique ultralibéral qui aura pour conséquence l’exclusion du marché du travail de milliers de travailleurs. C’est paradoxalement dans ce contexte, et car la nécessité de contrer les effets d’une pauvreté alors grandissante se faisait durement sentir, que vont se répandre de nombreuses et nouvelles initiatives d’économie populaire et solidaire.
Quarante ans plus tard, non sans difficultés à surmonter, le secteur de l’économie populaire et solidaire chilienne poursuit malgré tout son développement. Aujourd’hui, elle assume en effet des fonctions sociales fondamentales pour le pays, telles que la création massive d’emplois, le travail politique pour l’émancipation des femmes ou encore le développement de communautés solidaires qui permettent l’amélioration des conditions de vie des plus défavorisés.
L’expérience de l’atelier de cuir Don Luis
L’atelier de cuir Don Luis réalise des chaussures en cuir faites sur mesure. Il a été créé en 1967 et se situe dans la commune de Macul (Santiago), 124.000 habitants. A ses débuts, l’atelier a été appuyé par des ONG, dont le Programa de Economía del Trabajo para un Hermano, qui offrent des formations sur plusieurs thèmes liés à l’économie populaire et à la micro-entreprise.
L’expérience de l’atelier Violeta Parra
L’Atelier Violeta Parra est un regroupement de femmes de La Pintana, commune située au Sud de Santiago. L’histoire de l’atelier Violeta Parra n’est pas sans posséder quelques particularités : au milieu des années 1980, en pleine dictature, 7600 familles décident d’occuper un terrain et de s’y installer. Ils travaillent en collaboration avec un représentant du clergé qui réussit à dénicher des fonds auprès des Oblats de Belgique, son pays d’origine. C’est avec cette aide financière qu’il sera possible d’acheter les terrains, où se situe aujourd’hui la population, et construire le quartier selon les aspirations des habitants : avec des endroits où les enfants peuvent jouer librement en toute sécurité, des parcs surtout, de nombreux espaces communautaires qui sont aujourd’hui le théâtre de réunions et mariages, de baptêmes, de veillées funèbres ou de spectacles.
Pérou
Le pays connait une croissance économique relativement rapide et une lente diminution de la pauvreté. Dans ce contexte, l’économie solidaire est issue de pratiques de solidarité traditionnelles, mais aussi de la lutte pour améliorer les conditions de vie.
Le mouvement de l’économie solidaire est assez large et diversifié :
- Communautés territoriales (paysannes, indigènes, rurales, urbaines-populaires)
- Associations de producteurs
- Organismes de femmes, de jeunes et d’enfants travailleurs
- Mouvement de producteurs et consommateurs de produits agricoles écologiques, ONG, groupes religieux et réseaux sociaux.
L’expérience de la « Villa el Salvador : économie solidaire, développement local et coproduction de services dans un bidonville.
Peut-être la réussite la plus grande dans l'édification d'une communauté d'entraide locale dans le monde est celle de Villa El Salvador à Lima, où les citoyens ont planté un demi-million d'arbres, construit 26 écoles, 150 garderies, 300 cuisines communautaires, et formé des centaines d'assistants médicaux qui vont de porte en porte. Les principaux artisans de cette réussite ont été un vaste réseau de groupes de femmes et la structure démocratique des associations de quartier, qui a des représentants dans chaque bloc d'habitations.
L’expérience du « Le café aux mille vertus »
A Putina Punco, dans la province andine de Sandia, le café représente bien plus qu’un simple commerce. Grâce aux efforts d’une coopérative visionnaire, il a permis l’émancipation des femmes de toute une région, la reforestation de zones dégradées, l’essor du commerce équitable et de l’agriculture biologique, sans oublier bien sûr la production d’un grain de café exceptionnel, qui figure désormais parmi les meilleurs au monde.
Sur l'ESS au Vénézuela, Brésil et Argentine, lire :
- Recma 316, « Les nouveaux modèles d’économie sociale au Venezuela (une réponse au capitalisme rentier ?) »
- Recma 324 « L’enjeu de l’usage des monnaies sociales dans les banques communautaires de développement au Brésil. Etude du cas de la Banque Palmas »
- Recma 308 « Sur le nouveau coopérativisme de crédit au Brésil »
- Recma 305 « Coopérativisme, agriculture familiale et territoire : analyse de cas de coopératives au Brésil et en France »
- Recma 305 « La récupération d’entreprise en Argentine et en Uruguay : syndicats et coopératives face à de nouveaux défis »
- Recma 318 « La productivité en question. Le processus de récupération des entreprises dans la ville de Buenos Aires »
Thèmes
Sur le même thème
- L’enjeu de l’usage des monnaies sociales dans les banques communautaires de développement au Brésil. Etude du cas de la Banque Palmas
- Les incubateurs technologiques de coopératives l’expérience des universités brésiliennes
- Dynamiques d’économie populaire au Venezuela comme moteur de transformation sociale
- De l’héritage d’Henri Desroche au savoir-faire des Collèges coopératifs
- Valorisation et validation des acquis dans l’économie sociale : nouvelles perspectives pour les salariés et les bénévoles