Le 13 e congrès de l’International Society for Third-Sector Research consacre des thèmes émergents

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L’ISTR (International Society for Third-Sector Research) a tenu son 13e congrès du 10 au 13 juillet 2018 à l’Université libre d’Amsterdam sur le thème Democracy and Legitimacy: The Role of the Third Sector in a Globalizing World. Avec plus de 700 participants venant de 55 pays dans une ville qui abrite 180 nationalités, ce congrès, qui a lieu tous les deux ans, était manifestement le reflet de la mondialisation et de la bonne santé de la recherche pluridisciplinaire sur l’économie sociale et solidaire dans la plupart des pays. Environ 400 communications ont été présentées dans 17 sessions parallèles (ce qui rend difficile une impression personnelle d’ensemble), sans compter les tables rondes sur des sujets émergents et la présentation sous forme de posters de thèses et autres travaux en cours. Il faut noter aussi la jeunesse des participants, une forte représentation asiatique, la présence de professionnels des fondations, associations et coopératives (même si le public universitaire était évidemment dominant), et davantage de représentants des pays africains et latino-américains qu’à Stockholm en 2016. Enfin, pour la première fois, il y avait une session sur la Russie.
La croissance irrésistible de cette association internationale est, à chaque édition, une surprise agréable pour ses membres fondateurs, qui, en 1992, cherchaient à étendre la recherche sur le Tiers secteur et l’économie sociale au-delà du monde anglo-saxon.
L’assiduité des participants de tous pays aux sessions, les échanges très libres qui y ont cours et surtout les aides apportées par l’ISTR aux jeunes chercheurs expliquent sans doute ce dynamisme. Chaque congrès est en effet précédé par une journée spéciale d’échanges entre doctorants travaillant sur des thèmes proches. Deux séquences spéciales sont ainsi consacrées à deux sujets cruciaux pour eux : out d’abord, « Comment être publié », dans Voluntas, bien sûr, la revue associée à l’ISTR, mais aussi dans les revues internationales de plus en plus nombreuses centrées sur le tiers-secteur et l’ESS ; l’autre session montre l’état du marché du travail non académique et forme aux entretiens d’embauche. En outre, des couples mentor/mentoré réunissant chercheurs confirmés et jeunes chercheurs restent en contact d’un congrès à l’autre. Enfin, entre deux congrès, des colloques ISTR ont lieu sur chaque continent et des groupes d’affinités se réunissent autour de préoccupations communes : le genre dans le tiers-secteur, la loi et la régulation, la recherche sur le bénévolat, les problèmes d’enseignement...

Accueil des migrants, mesure du bénévolat, Internet...
L’Italienne Donatella della Porta, professeure à l’École normale supérieure de Florence, a délivré une stimulante conférence d’ouverture en session plénière sur le thème des « innovations de la base en période de crise ». Cette politologue, élève de Gramsci, a finement analysé les comportements des pouvoirs publics souvent retardataires, et des associations et des citoyens non organisés, lors des afflux de réfugiés dans les villes et les campagnes italiennes. Deux autres plénières étaient centrées respectivement sur « les valeurs de la philanthropie », traitant du déclin de la générosité monétaire aux Pays-Bas (présentée par le professeur René Bekker de l’Université libre d’ Amsterdam) ; et sur « la civilisation des polders », expliquant comment la coopération entre les citoyens pour sauvegarder la terre conquise sur la mer en Hollande est à l’origine du tiers-secteur le plus développé du monde en valeur relative (présentée par un collectif du pays hôte).
Parmi les thèmes de recherche émergents, les travaux sur l’accueil et l’intégration des réfugiés attiraient l’attention. Ces premières enquêtes émanent naturellement des pays les plus concernés : l’Allemagne, bien sûr, mais aussi l’Autriche et la Suède. Elles montrent une collaboration entre l’État, les collectivités locales (aux réactions très diverses) et les réseaux associatifs existants ou créés pour faire face à la situation. Les bénévoles, encadrés ou spontanés, offrent nourriture et vêtements, mais surtout des services d’interprétariat, d’initiation à la langue locale et d’aide aux démarches administratives. Les immigrés récents, déjà intégrés, sont très nombreux parmi les bénévoles, même si certains ont tendance à « fermer la porte derrière eux ».

Mesurer le bénévolat ?
Un autre sujet en essor est celui de la mesure du bénévolat direct ou informel, préconisée par le Bureau international du travail (ce qui n’est pas le cas, officiellement, en France). Ce bénévolat, plus important que celui encadré par des organisations, peut être appréhendé soit par des enquêtes directes auprès des ménages, soit par les enquêtes décennales qui demandent à un membre quelconque d’un ménage de répondre sur son emploi du temps pendant une semaine, quart d’heure par quart d’heure. La comparaison entre les deux enquêtes donne des résultats cohérents et parfois inattendus. Il est également possible de distinguer un bénévolat informel « à l’ancienne » de soin des malades et des handicapés, et un bénévolat informel « postmoderne » qui étend la notion de voisinage grâce aux médias et aux réseaux sociaux. Enfin, un vif intérêt a été porté durant le colloque à l’action collective par Internet, qui correspond à l’individualisation et à la digitalisation des sociétés occidentales en permettant des engagements limités et de court terme. Ce nouveau bénévolat « do it yourself » mobilise-t-il de nouveaux acteurs ? Se substitue-t-il à l’engagement associatif ou en est-il complémentaire ? Un seul bémol à ce congrès, au demeurant très réussi grâce au travail de longue haleine du conseil d’administration et des trois salariées permanentes de l’ISTR. Pourquoi, alors qu’Amsterdam est à trois heures de train de Paris, n’y avait-il que deux participants Français, alors que les Belges se comptaient par dizaines ? Les deux raisons classiquement invoquées pour expliquer ce déficit sont de moins en moins valables : les Français sont en vacances (mais les autres aussi !) ; les Français maîtrisent mal l’anglais (mais c’est moins le cas des nouvelles générations). Alors, chercheurs français, venez à Montréal en 2020 !
Et en attendant, consultez le site ISTR du colloque d’Amsterdam !

Édith Archambault
Membre fondateur de l’ISTR