7ème conférence internationale du Ciriec : l’ESS vers un nouveau système économique

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Le Centre international de recherches et d’information sur l’économie publique, sociale et coopérative (Ciriec) a organisé du 6 au 8 juin à Bucarest (Roumanie) sa 7 e conférence internationale de recherche en économie sociale et solidaire, sur le thème « Social and Solidarity Economy : Moving towards a new economic system ». Elle s’est tenue pour la première fois en Europe centrale, région marquée par d’importants changements politiques et socio-économiques lors des dernières décennies. Aujourd’hui, la solidarité, la coopération et le communautarisme se détachent de l’empreinte communiste, donnant une place singulière à l’ESS dans cette partie de l’Europe. La conférence a eu lieu à l’université de Bucarest où elle a réuni plus de 250 chercheurs expérimentés ou débutants, venus de 39 pays pour présenter 140 communications. Une réflexion commune a été engagée sur le rôle de l’ESS face aux défis actuels et sur la réalisation d’une vision transformationnelle telle qu’elle est définie par les Objectifs de développement durable (ODD) des Nations unies.

Relever des défis
Lors de la conférence inaugurale, Alain Arnaud, président d’honneur du Ciriec-International, a rappelé le rôle décisif joué par Jorge De Sa, récemment décédé, dans le processus de renforcement de l’ESS au Portugal, grâce à la proposition en 2013 d’une loi-cadre qui a inspiré en partie la loi française. José Luis Monzon Campos (université de Valence, Ciriec-Espagne) a également rendu hommage au chercheur disparu.
Selon Mircea Dumitru (université de Bucarest), depuis 2006, le sujet de l’économie sociale a pris de l’ampleur en Roumanie. En effet, la perspective d’intégrer la zone euro et la nouvelle façon d’appréhender le secteur coopératif roumain offrent au pays l’opportunité d’un vrai changement de paradigme : passer d’une économie « centrée sur l’individu » à une économie collective, participative, plurielle et communautariste, et à une rationalité de la décision sociale. Marie Bouchard (université du Québec à Montréal, présidente du Ciriec-International) a rappelé que l’ambition des organisateurs était de poursuivre les travaux d’Edgard Milhaud (fondateur du Ciriec), tout en ayant conscience qu’un monde meilleur passe avant tout par la solidarité, le partage et la compréhension réelle (et non illusoire) des besoins des individus. De fait, le Ciriec est un réseau qui contribue activement au développement de l’économie, à l’utilité sociale et à la création de nombreux emplois.
Plusieurs tables rondes ont questionné un modèle économique « utopique » qui tente d’apporter une réponse aux problématiques actuelles. Ainsi, Ilcheong Yi (Institut de recherche des Nations unies pour le développement social) a exposé les principaux défis de l’économie sociale qui sont aussi des enjeux pour la société et la recherche : la démocratie, les inégalités sociales, les changements climatiques, les migrations et la technologie. Une « vision universelle » de l’économie lui semble indispensable à partir des défis spécifiques au XXI e siècle. Simel Esim (Organisation internationale du travail) a soumis l’idée d’une vision transformationnelle inhérente à un changement de trois ordres : démographique, écologique et technologique. Elle a insisté sur le rôle prépondérant du territoire : « Les chercheurs peuvent collecter des données, réaliser des études, en tirer des conclusions, mais ils ne peuvent rien concrétiser sans l’aide des autorités locales. » Ali Madi (département des affaires économiques et sociales aux Nations unies) a analysé le rôle de l’État dans l’émancipation des activités coopératives. Enfin, cette première table ronde a permis de faire émerger la proposition d’un modèle de solidarité fondé sur un système démocratique et une collaboration entre les individus.

Des mesures pour promouvoir le secteur
La conférence s’est déroulée sur deux jours, avec trente-cinq sessions parallèles riches et complémentaires. L’économie sociale a été questionnée au regard du monde de l’entreprise, du développement durable, des nouvelles technologies, des nouvelles formes d’évaluation de son impact, de ses nouveaux modes de financements, de sa capacité à éduquer les individus, des services innovants et des biens communs. Une deuxième session plénière a été organisée en présence de responsables politiques, dont la ministre roumaine du Travail et de la Justice sociale, qui a évoqué les mesures prises par son pays pour promouvoir ce secteur (création d’associations, augmentation du nombre d’emplois, création de coopératives, etc.). Au niveau européen, Patrick Klein (Commission européenne) a présenté les nouvelles actions de la Commission pour favoriser le développement de l’ESS : faciliter les financements, l’accès aux marchés publics, la formation des jeunes entrepreneurs sociaux et la création de réseaux. Alain Coheur (Comité économique et social européen) a affirmé que la société civile est un « incubateur de l’activité sociale qui doit être transparent, durable et responsable ». Victor Meseguer (Économie sociale Europe) a appuyé ce propos en montrant la diversité des statuts ESS qui existent dans chacun des États membres. Il a aussi insisté sur l’importance de lier le monde de la recherche aux actions politiques. Marie. Bouchard a conclu cette session en précisant que « l’économie sociale est enfin prête à proposer des mesures dirigées vers un nouveau modèle économique dont l’objectif est d’aboutir à un changement social ».

Les perspectives en Europe
Ces journées se sont conclues par une session plénière sur le thème « Le futur de l’ESS », avec Patrick Develtere (Université catholique de Louvain), Rafael Chaves (université de Valence, CiriecInternational) et Mihaela Lambru (université de Bucarest). Le bilan des défis à relever pour l’ESS montre que ceux-ci concernent l’ensemble de la société. Les intervenants ont insisté sur l’apport des chercheurs, qui doivent s’assurer des réalités du terrain et formuler des propositions. L’avenir de l’ESS repose en partie sur sa capacité à orienter le monde de la recherche vers les principaux enjeux de la société en alliant le local au global et avec les méthodes d’évaluations de l’économie sociale. L’ESS doit accorder une place importante aux mouvements de la globalisation et de la transition écologique.

Lors de son discours de clôture, Marie Bouchard a souligné la richesse des interventions, tout en rappelant que, « en dépit des réalisations connues, il reste pour l’ESS à gagner la bataille des idées et à devenir une force politique aux niveaux national et international ».

Sonia Bendimerad