12e Congrès AFSP: "L'ESS et les territoires du politique: vers un dialogue interdisciplinaire", Paris, 9-11 juillet 2013, appel à communication jusqu'au 15 oct
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L'Association française de science politique organise son 12e congrès à Paris les 9-11 juillet 2013. La 9e section thématique portera sur "L'ESS et les territoires du politique: vers un dialogue interdisciplinaire". Date-limite pour la réception des propositions (titre et résumé) : 15 octobre 2012.
La crise économique globale a soulevé des interrogations sur les modèles de développement économiques dominants et donné une visibilité nouvelle à des expériences souvent perçues comme alternatives ou marginales. Regroupées sous les vocables parfois concurrents d’«économie sociale», «économie sociale et solidaire» (ici ESS), «tiers secteur», «entreprises sociales», ces expériences partagent a minima une identité en tant qu’« organisations productrices de biens et services qui ne sont pas constituées sur le principe de la maximisation du profit » (Laville, 2000). Qu’on les définisse par leurs statuts (coopératives, associations, mutuelles, fondations), par leurs pratiques ou par leurs secteurs (commerce équitable, microfinance, insertion, services à la personne mais également agriculture, artisanat, logement, crédit, etc.), les «entreprises associatives» (Demoustier, 2001) constituent des exemples de compromis institutionnels participatifs marqués en valeurs. Pourtant, leur dimension politique n’a été abordée jusqu’ici que de façon marginale.
La ST entend approfondir le dialogue interdisciplinaire en la matière, en particulier entre sociologie économique et sociologie politique. Celui‐ci a été amorcé dans quatre domaines. Le premier concerne la dimension idéologique de l’ESS. Les entreprises associatives entendent articuler valeurs sociales et efficience économique. Ces valeurs reposent historiquement sur des matrices idéologiques plurielles : marxisme, anarchisme, démocratie participative, christianisme social, régionalismes, etc. Les coopératives ont pu ainsi constituer l’expression institutionnalisée de cultures politiques territoriales, comme dans la Troisième Italie. Du fait de ces matrices territoriales, l’ESS a pu se greffer à des mouvements sociaux, voire contribuer à générer des espaces sociaux à vocation contestataire (Arthur et al., 2004). Dans le même temps, la réticence d’un secteur du mouvement ouvrier à l’égard de formules entrepreneuriales jugées réformistes voire dépolitisées est toute aussi attestée. La deuxième direction de recherche concerne la mise en oeuvre des dispositifs de participation. Moins outillés sur ce plan que les économistes, les politistes peuvent cependant repérer la mise en pratique des principes d’ESS : démocratie interne, échelle limitée des salaires, redistribution limitée des excédents, réserves impartageables, liberté d’adhésion, hybridation des ressources. Cette interrogation doit être croisée avec les controverses sur l’efficience socio‐économique de l’ESS (gouvernance partenariale vs. actionnariale, problèmes d’incitation et de coordination, innovations organisationnelle et territoriale). Troisièmement, plusieurs recherches se sont penchées sur l’articulation de l’ESS et des politiques territoriales. L’impératif participatif a pu associer acteurs publics, privés et « privés sociaux » dans une approche partagée de la gouvernance territoriale et de l’ESS. Cette congruence doit cependant être interrogée. Enfin, l’un des antidotes contre toute vision idéalisée du champ consiste à croiser les approches territoriales de l’ESS avec des analyses sectorielles en termes de jeux d’échelles des politiques publiques et de l’action collective. Quel est, par exemple, le travail politique effectué par la coopération agricole pour s’adapter à l’européanisation de son cadre d’action publique ? L’ESS viendrait ainsi illustrer la proposition de Jullien et Smith (2008) en faveur d’une analyse d’économie politique des firmes à partir des ordres institutionnels sectoriels.
Le repérage du politique dans l’ESS ouvre ainsi un champ de contributions potentielles autour de quatre questions :
- Quel enrôlement politique de l’ESS ? Comment le pluralisme des sources idéologiques de l’ESS se traduit‐il en termes d’enrôlement politique de l’ESS, à l’échelle des mouvements sociaux, des partis, des élites politiques, des syndicats ou des groupes d’intérêts?
- Quelle mise en oeuvre des principes dans la gouvernance interne de l’ESS ? Comment articuler un questionnement sur les dispositifs participatifs dans le travail et la controverse sur l’efficience économique de la firme d’ESS ? La distinction entre secteurs marchand et non marchand de l’ESS est‐elle toujours pertinente ici ?
- Quelles territorialités de l’ESS ? Loin de postuler une territorialité spontanée de l’ESS, l’observation des dynamiques d’ESS doit être réintégrée dans les jeux de complémentarité, coopération ou concurrence propres aux constructions territoriales. Quels sont les formes que prend l’institutionnalisation de l’ESS en tant que secteur d’action publique territoriale ?
- Quel est l’impact des politiques publiques sectorielles sur les dynamiques d’ESS ? Comment considérer les jeux d’échelles en matière de régulation des secteurs, du local à l’Europe, afin de saisir ce que le politique fait à l’ESS et réciproquement ?
Les contributions internationales et comparatistes seront particulièrement bienvenues, tout comme les études de cas consacrées à la France.
Date limite d’envoi des propositions (titre et résumé) : 15 octobre 2012
Envoi des propositions par mail aux responsables de la Séance thématique:
Xabier Itçaina (CNRS‐Centre E. Durkheim Sciences po Bordeaux – Marie Curie Fellow, European University Institute Florence) : x.itcaina@sciencespobordeaux.fr
Nadine Richez‐Battesti (Aix‐Marseille Universite‐LEST CNRS) nadine.richez‐battesti@univ‐amu.fr
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