L’Italie veut s’inspirer des coopératives agricoles françaises

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Comment aider les coopératives agricoles italiennes et leurs fédérations à se réorganiser pour être plus compétitives et efficaces ?

Pour répondre à cette question, le colloque international qui s’est tenu à Florence les 23 et 24 mars derniers avait retenu une approche comparatiste avec la France où les coopératives et leurs organisations font figure d’exemple. Intitulé « Accroître la coopération agricole, renforcer l’agriculture, innover les modèles d’organisation pour les agriculteurs à travers la comparaison entre l’Italie et la France » et coordonné par les professeurs Alessadro Paccini et Daniela Toccacelli de l’université de Florence, l’événement était placé sous l’égide de l’Académie de Georgofili, ainsi que ­d’Agrisieme, la plus importante organisation professionnelle de coopé­ratives et d’exploitations agricoles italiennes. Le colloque a abordé trois thématiques : une présentation académique du modèle coopératif, une comparaison appliquée des spécificités des deux pays et un temps dédié aux politiques publiques à destination des coopératives.

Poids des coopératives et répartition territoriale
Rappelons qu’il existe en Italie 4 722 coopé­ratives regroupant 771 017 membres et réalisant près de 35 milliards d’euros de chiffre d’affaires. En 2015, la part de la coopération dans l’agriculture s’élevait à 38 % et à 23 % dans les industries agroalimentaires.
La répartition territoriale italienne révèle des ­inégalités marquées. Ainsi, le nord de l’Italie regroupe 46 % des entreprises coopératives réalisant à elles seules 82 % du chiffre d’affaires, alors que le centre dénombre 14 % des entreprises pour 7 % du chiffre d’affaires, et le sud affiche 40 % des entreprises et 11 % du chiffre d’affaires (Osservatorio Cooperazione Agricole Italianna, Nomisma). Cette répartition avec des inégalités selon les territoires, les filières et les tailles d’entreprises présente des similitudes avec la France où, en 2015, les 2 700 coopératives qui regroupent trois agriculteurs sur quatre sont à plus de 90 % des PME-TPE. Mais le chiffre d’affaires cumulé de 85,1 milliards d’euros (dont 66 % sont réalisés par 10 % des coopératives), ajouté au constat qu’une marque alimentaire sur trois est coopérative, fait de la France un exemple stimulant (Coop de France, 2016).
Cette première thématique a permis de débattre des particularités du modèle coopératif à partir d’une lecture néoinstitutionnaliste sur la gouvernance coopérative, puis de s’interroger sur les motivations du « travailler ensemble », sur les caractéristiques de la prise de décision en coopérative et sur la capacité de résilience avérée de ces entreprises. L’hétérogénéité des membres entraîne le besoin de différencier les dispositifs et arrangements mis en œuvre dans les processus de prise de décision collective.
D’autres interventions, sur la recherche des nouveaux business model coopératifs, tant en France qu’en Italie, ont complété la caractérisation du modèle coopératif et de ses évolutions actuelles.

Un rôle majeur dans la structuration des filières agroalimentaires
Le deuxième thème, associant des contributions de chercheurs et de professionnels, a souligné le rôle considérable joué par les coopératives dans le développement agro­alimentaire. Les coopératives agricoles françaises, à la différence de leurs consœurs italiennes, participent à la structuration des filières agroalimentaires en s’organisant plus fréquemment sous forme de groupe « complexe » dans laquelle une société coopérative contrôle différentes filiales qui, elles, sont de droit commercial. Cette organisation coopérative, associant l’amont des filières et l’aval, nécessite un mode de gouvernance particulier. La comparaison a nourri le débat autour de la problématique de structuration des filières qui reste identique dans les deux pays. Le nombre des coopératives agricoles italiennes a fortement diminué ces vingt dernières années, ce qui traduit leur concentration et une capacité à peser sur les ­négociations à l’aval. Il est apparu que, comme leurs consœurs françaises, les coopératives italiennes font partie des acteurs incontournables des territoires agricoles. Leur rôle d’organisation et de structuration a été plus que jamais réaffirmé. Ceci suppose un accompagnement institutionnel adapté. Logiquement, la troisième thématique a été dédiée aux évolutions institutionnelles italiennes à mettre en œuvre. Les organisations professionnelles italiennes, en se coordonnant, doivent améliorer leurs actions auprès des entreprises, mais aussi auprès des représentants des pouvoirs publics pour faire reconnaître le poids de la coopération italienne. En présence du ministre de l’Agriculture, la recherche d’un cadre légal adapté aux besoins des coopératives est apparue comme un enjeu important pour renforcer le soutien des filières comme des exploitations.
Car, de taille modeste ou non, les coopé­ratives affrontent des défis de compétitivité. Une législation adaptée aux particularités de ces entreprises, avec une reconnaissance des spécificités coopératives au niveau européen, est apparue comme un objectif à poursuivre. Le colloque s’est enfin conclu sur l’officialisation de la fusion des trois plus grandes fédérations des coopératives italiennes au sein d’Agrisieme qui pourra ainsi mieux coordonner les efforts en faveur des agriculteurs et deleurs coopératives.

Un enjeu de connaissance commune
Au final, par la réunion de l’ensemble des parties prenantes (plus de deux cents personnes présentes), par l’engagement des pouvoirs publics à définir des mesures d’accompagnement spécifiques, le colloque a débattu du besoin de rendre plus lisibles et compréhensibles les coopératives auprès de leurs adhérents ainsi qu’auprès des pouvoirs publics. La rencontre a contribué à prendre conscience de l’importance d’avoir des coopératives dynamiques pour soutenir les producteurs et structurer des filières agricoles durables. L’intérêt est évident pour l’Italie, mais il l’est aussi pour la France qui aura une partenaire pour partager ses positions au niveau ­européen.
En effet, les difficultés à Bruxelles, liées à une certaine méconnaissance des spécificités des entreprises coopé­ratives françaises ou italiennes, montrent bien le besoin de faire reconnaître leurs particularités, leurs difficultés et leurs atouts. Il y a donc un enjeu de  connaissance commune et de partage des « bonnes pratiques » en matière de mise en œuvre des principes coopératifs. Mais, et c’est là un des enseignements du colloque, il faut poursuivre par le développement de travaux académiques et appliqués afin de comparer et d’étudier les modes d’organisation et de gouvernance, les stratégies, et ainsi renforcer le pouvoir coopératif au service des agri­culteurs, mais également de la société.

Maryline Filippi