L’innovation sociale : un concept évolutif et polysémique
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Sonia Bendimerad, quant à elle, a entrepris une revue critique de l’évolution du concept d’innovation sociale en lien avec les grandes scansions économiques et technologiques des quatre dernières décennies. L’approche diachronique met en relief le caractère polysémique de ce concept aujourd’hui très galvaudé. Durant les années 1970, les innovations mises en avant étaient plutôt de nature technologique. Le terme «innovation sociale » est apparu comme une invention lexicologique des années 1980, dans un contexte de ralentissement de la croissance et de durcissement des politiques néolibérales. Au cours de la décennie suivante, des chercheurs québécois (Benoît Lévesque, Marie Bouchard, Jean-Marie Fontan) désignaient ainsi un nouveau mode de résolution d’un problème social adopté par la suite par des institutions ou des organisations. Enfin, l’innovation sociale a suscité un véritable engouement après 2008, à la fois en tant qu’alternative prometteuse pour une sortie de crise et comme objet épistémologique pour de nombreux chercheurs (Géraldine Cahill, Faridah Djellal, Faiz Gallouj, Alain Penven...), sans qu’une définition unique et consensuelle n’ait été stabilisée. Cependant, parmi les chercheurs cités par Sonia Bendimerad, se distingue Alain Penven, qui a contribué à inscrire l’inno- vation sociale dans les pratiques habituelles de l’ESS, en postulant qu’elle se définit par la demande en opposition à une innovation définie par l’offre.
Le débat qui a suivi les interventions a été l’occasion de rappeler que le rôle des pouvoirs publics ne saurait être minimisé, car leur appui (réglementation et subventions) est indispensable pour la validation de l’innovation sociale. Les discussions ont également porté sur la difficulté d’évaluer l’apport de l’ESS avec les outils conventionnels de mesure de la « croissance », car ceux-ci ne sont pas adaptés à l’ancrage territorial et à la logique de long terme de l’ESS. Sonia Bendimerad a signalé à cet égard la réalisation en cours d’un outil d’auto-diagnostic de l’innovation sociale (Adis), conçu pour des porteurs de projet en économie sociale dans le cadre du programme de recherche Istess (Innovation sociale et technologique dans l’ESS), piloté par le laboratoire ESO (Espaces et sociétés) de l’Université d’Angers.
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