L’héritage de Lester Salamon
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Lester Salamon, né en 1943, est mort le 20 août 2021 à Baltimore. Il était sans conteste le pionnier de la recherche comparative sur le secteur sans but lucratif et la société civile dans le monde. Issu d’une famille juive originaire d’Europe centrale implantée depuis deux générations dans le Middle West, il suivit de solides études, comme boursier, en politique publique à Princeton, puis en économie à Harvard, avant d’occuper un poste de directeur adjoint au ministère du Budget sous la présidence de Jimmy Carter, dans les années 1970. Frappé par le manque d’informations statistiques sur les importants fonds fédéraux alloués aux organisations sans but lucratif, qui assurent l’essentiel des services de santé et d’action sociale aux États-Unis, il s’employa à combler cette lacune et amplifia la recherche sur la taille, la structure, le financement et le rôle de ce secteur aux États-Unis, au sein des centres de recherche qu’il créa successivement à l’université Johns-Hopkins, où se déroula sa carrière universitaire (http://ccss.jhu.edu/).
Au début des années 1990, après la chute du mur de Berlin, et alors que l’État social se rétractait dans nombre de pays développés tandis que les pays en développement y aspiraient, Lester Salamon eut l’intuition qu’un partenariat entre État et organisations sans but lucratif pouvait apporter une réponse à ces changements, à condition que ce secteur peu connu sorte de l’ombre. Ce fut l’origine du Projet international de comparaison de secteurs sans but lucratif, pour lequel il recruta une centaine de chercheurs dans une cinquantaine de pays aux cultures, niveaux de développement et systèmes politiques différents. Il trouva également le financement de ce lourd projet, le coordonna et proposa une théorie explicative de type institutionnaliste pour expliquer la diversité empirique du secteur.
Les résultats de ce projet géant furent à l’origine de politiques en direction du tiers-secteur dans de nombreux pays, et sa méthodologie se vit adoptée par l’ONU comme partie intégrante du système international de comptabilité nationale. Pour inciter à la recherche dans ce domaine, Lester Salamon fonda et domicilia à l’université Johns-Hopkins l’International Society for Third-Sector Research (ISTR), en vue de créer une communauté interdisciplinaire de chercheurs qui se développa très rapidement, et l’International Fellows in philanthropy, qui mélangea jeunes chercheurs et praticiens du secteur pour étudier ensemble pendant un an.
On peut dire que Lester Salamon fut à l’origine de la multiplication des centres de recherche sur la société civile partout dans le monde, et de la carrière de centaines de chercheurs. Récemment, Lester Salamon s’était rapproché de l’Union européenne et de son antenne statistique, Eurostat, pour adopter une conception plus large du tiers-secteur, plus proche de l’économie sociale, et permettre ainsi la construction de comptes satellites du tiers-secteur/économie sociale. Il eut aussi le désir de soutenir et de faire connaître les organisations de la société civile dans les pays à régime politique autoritaire. Il créa et dirigea en particulier à Moscou le premier laboratoire de recherche sur les organisations sans but lucratif. Il multiplia également les contacts avec les rares chercheurs chinois dans ce domaine.
Enfin, tous ceux qui ont côtoyé Lester Salamon ont été frappés par sa largeur d’esprit, son ouverture à toutes les cultures et son humanité. Sans son charisme, son dynamisme et son esprit visionnaire, aucune des larges équipes qu’il a constituées n’aurait survécu au choc des intérêts et des ego. Lester Salamon était vraiment un citoyen du monde.
Édith Archambault
Les principales publications auxquelles a participé Lester Salamon :
• America’Nonprofit Sector. A primer, 3 e édition, Foundation Center, 2012.
• Partners in Public Service. Government and the Nonprofit Sector in the modern Welfare States, JHU Press, 1995.
• Global Civil Society. Dimensions of the Nonprofit Sector, JHU Press, 1999.
• Explaining Civil Society. A Social Origins Approach, JHU Press, 2017.
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