Les coopératives, des entreprises socialement responsables par nature ? Débats de Coopfr
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A l'issue de son Assemblée générale annuelle, Coop FR organisait le 15 juin 2011 un débat ‘’Coopératives et responsabilité sociale des entreprises’’. Une centaine de participants ont pu échanger avec des chercheurs (M. Capron de l’Université de Paris Est, F. Fatoux de l'ORSE), représentants de grands groupes coopératifs (G. Leseul pour le Crédit Mutuel, O. de Carne pour Coop de France) et des pouvoirs publics (G. Besse, commissariat général du développement durable) autour de quatre grandes questions : les coopératives sont elles mieux placées que les autres entreprises en matière de RSE ? ; coopération et économie verte font-elles naturellement bon ménage ? ; la "promixité coopérative" est elle un enjeu important au regard de la RSE ? ; les entreprises coopératives ne souffrent-elles pas d'un déficit de communication sur le sujet? En attendant la synthèse bientôt disponible sur www.entreprises.coop, voici un compte-rendu partiel des échanges.
Raymond Oliger, le président de la Fédération nationale des Banques Populaires qui accueillait la rencontre, a introduit les débats en affirmant d'emblée que, s'il existait une proximité historique certaine entre la coopération et la RSE, il n'était pas certain que son groupe soit exemplaire en la matière. Le président a donc souhaité que le monde coopératif développe ses propres critères RSE pour aller vers une charte RSE de la coopération.
Responsability ou accontability ?
Michel Capron a utilement tenu à préciser tout de suite l'objet de la discussion. Le sigle RSE est traduit par "responsabilité sociale" ou "sociétale", la seconde exclut la relation salarié-employeur, seule concernée dans le premier cas. Les anglo-saxons ont ainsi abandonné «responsability» pour «accountability» («redevabilité»), ramenant à l'essentiel : les entreprises doivent rendre des comptes, répondre de leurs actes, réduire les externalités négatives et contribuer au bien commun (celui des sociétaires et de toutes les parties prenantes). Et le chercheur de souligner que si les coopératives présentent sans doute des prédispositions, rappelées par Olivier de Carne (équité, solidarité, système de gouvernance démocratique, partage de la valeur ajoutée, 7e principe coopératif de l’ACI d’engagement envers la communauté et ancrage territorial des coopératives agricoles...), encore faut il regarder au cas par cas. Prudence réaffirmée par Gérard Leseul, rappelant que ces prédispositions, réelles, ne garantissent rien.
A la question posée de savoir si le passage d'une démarche volontaire à une obligation d'«accountability» ne représentait pas un danger pour les entreprises, les intervenants ont rappelé que la RSE est désormais une démarche obligatoire pour les plus grandes entreprises par ailleurs légalement et heureusement soumises à d'importantes obligations sociales. Geneviève Besse, soulignant l'importance de la démarche volontariste (soft law) des entreprises en matière de RSE, a ainsi évoqué que le deuxième volet du Grenelle de l'environnement, en cours de d'adoption, prévoit d'élargir le champ d'application des obligations RSE aux entreprises non cotées (de plus de 500 salariés) avec une évolution des items concernés.
Bilan sociétal et ISO 26000
L’enjeu est essentiel : quels indicateurs, quels items spécifiques retenir pour la RSE coopérative ? N’est ce pas davantage le secteur d’activité qui importe demande F. Fatoux ? Gérard Leseul attire l’attention sur l’usage d’indicateurs « hors sol » : les agences de notations par exemple considèrent que la présence d’un administrateur indépendant dans les conseils d’administrations constitue un indicateur important de la RSE, présence qui n’est pas considérée comme « positive » du point de vue de la gouvernance coopérative. Etienne Pflimlin, président de la Fondation du Crédit mutuel, s’inquiète de même de l’interprétation des critères extérieurs au monde coopératif. Par exemple, les agences de notations considèrent qu’un faible taux de médiation arbitrée en faveur des « clients » est un mauvais indicateur, alors qu’il est souvent faible dans les groupes coopératifs parce que les dossiers sont au départ très bien traités et que ne passent en commission de médiation que les dossiers les moins solides.
Inévitablement, la question de l’articulation de la démarche RSE et du Bilan sociétal a été posée (voir la note de M. Heslouin dans le n°321 de la Recma). Ce dernier était sans doute trop en avance sur son temps et n’a pas suffisamment été « vendu », alors que, comme l’a rappelé Chantal Chomel, le Bilan sociétal a permis une approche holistique des entreprises d’économie sociale qui l’ont mis en œuvre, en offrant l’occasion au sociétariat de s’exprimer autrement. D’autres ont eu peur d’entreprendre une telle démarche, jugée coûteuse (collecte des données) et engageante pour l’entreprise. Michel Capron a insisté sur la nécessité de s’approprier la norme ISO 26000 qui par exemple ne pose pas la question de l'utilité sociale de l'activité : une entreprise peut présenter un excellent rapport RSE et produire des armes.
Il est vrai, souligne Gérard Leseul, qu’aujourd’hui c'est le service marketing qui réinvestit les valeurs coopératives, davantage que les directions politiques des groupes coopératifs. L’opposabilité des éléments de communication est donc un enjeu important. En conclusion, Jean-Claude Detilleux, président de Coopfr, a rappelé que la Commission européenne et l’ONU reconnaissent les coopératives comme des entreprises conciliant de manière exemplaire les responsabilités sociale et économique. Le président appelle donc les entreprises du mouvement à réaffirmer les 7 principes coopératifs internationaux, et en particulier les trois derniers : mettre l’accent sur la formation (5e principe) des salariés et sociétaires car la RSE, le développement durable sont des processus long ; mettre en œuvre le 6e principe d’intercoopération dans le processus d’élaboration de bonnes pratiques ; enfin réinvestir chacun le 7e principe, celui de l’engagement envers la communauté autrement dit le territoire de l’entreprise, avec les autres structures économiques et l’ensemble de ses habitants. Interpellé indirectement sur le fait de savoir si l’apparente adéquation entre RSE et principes coopératifs n’était pas paradoxalement un motif d’inaction du mouvement coopératif, M. Detilleux conclut sur la perspective de renverser la logique de la révision coopérative : d'un outil à finalité interne au mouvement coopératif, en questionnant les pratiques de l’entreprise au regard des principes coopératifs, « il faut approfondir le dispositif, l’étendre, et en faire un élément débouchant sur des indicateurs permettant de montrer ce que font les coopératives. Il faut lier notre communication à la mise en oeuvre des principes coopératifs ».
Jordane Legleye
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