La nouvelle alternative ? Enquête sur l’économie sociale et solidaire
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Philippe Frémeaux. Les Petits Matins,2011, 160 p.
Pour répondre à une question aussi importante, il fallait bien une enquête. Une enquête sérieuse, sans concession et qui fasse apparaître les atouts ainsi que les faiblesses de l’économie sociale et solidaire. C’est dans cet esprit que Philippe Frémeaux, président et éditorialiste de la coopérative qui édite Alternatives économiques, mais aussi chroniqueur très en vue à la radio ou à la télévision, propose une exploration de l’univers parfois mal connu, souvent idéalisé, toujours compliqué de l’économie sociale et solidaire. Dans chacun de ses dix chapitres, sa plume fait mouche et son analyse lucide servie par un ton parfois sarcastique mais jamais désenchanté nous éclaire sur les grandes problématiques de ce continent économique à qui d’aucuns promettent un grand soir en forme d’alternative à l’économie capitaliste.
Après avoir rappelé les composantes de l’économie sociale et solidaire (ESS) et ses origines, l’auteur rappelle (chapitre 1) que cette dernière est née de la nécessité de répondre aux besoins sociaux. C’est d’abord une économie de la réaction nécessaire et de la construction collective d’un avenir meilleur. Mais les structures de l’économie sociale et solidaire, lorsqu’elles grandissent, peuvent perdre de vue leur projet originel et se laisser aller à une banalisation dangereuse parce qu’elle porte les germes de la récupération, voire de l’instrumentalisation (chapitre 2). Ce risque est d’autant plus grand que l’ESS n’est pas très visible (chapitre 3) et n’a que très rarement l’occasion de marquer les esprits de nos concitoyens – au-delà des initiés et des militants –, perdant ainsi toute possibilité de revendiquer « le monopole du sens ».
Ce voyage en terre d’économie sociale et solidaire nous emmène ensuite du côté des pratiques de gouvernance (chapitre 4) et livre une analyse juste et sans concession du fameux principe de contrôle démocratique des organisations, avant de pousser plus avant l’exploration des structures associatives (chapitre 5), dont nous savons bien qu’elles représentent aujourd’hui la plus grande vivacité et la plus vigoureuse des dynamiques pour l’ESS. La gouvernance des entreprises est bien, selon Philippe Frémeaux, un point clé de leur efficacité et de leur crédibilité, que cela se joue au niveau du rôle des managers dans la garantie et la transmission des valeurs (chapitre 6) ou au niveau plus large du politique (chapitre 7) et de la gestion des parties prenantes.
Enfin, avec la lucidité et la liberté de ton qui le caractérisent, l’auteur dresse une liste sans concession des faiblesses de l’économie sociale et solidaire (chapitre 8) qui la conduisent à ne s’affirmer que très difficilement en tant que mouvement social, avant de nous proposer (chapitre 9) une piste de solution, celle du changement d’échelle vers une extension allant plus à l’encontre de la demande sociale en mettant en oeuvre une activité économique plus solidaire et plus soutenable. Pour achever son propos, Philippe Frémeaux livre sa vision prospective de l’ESS (chapitre 10) en rappelant que l’objectif de celle-ci devrait être d’oeuvrer à la transformation de nos modes de production et de consommation dans un sens plus démocratique et plus respectueux de notre environnement de vie sociale. L’économie sociale et solidaire, nous rappellet- il, n’a pas vocation à devenir hégémonique. Elle n’est pas un modèle qui s’impose à tous, la fameuse alternative au capitalisme, mais un exemple qui, en dépit de ses imperfections, démontre en actes la possibilité d’imposer des logiques économiques fondées sur d’autres logiques que celles du simple profit.
La nouvelle alternative est un ouvrage percutant parce que pertinent. Son auteur y fait une analyse froide et objective de l’économie sociale et solidaire. Chacun en sort plus riche. Les sceptiques y découvriront la capacité du secteur à se questionner, à se remettre en cause pour mieux identifier les chemins de son propre progrès. Les euphoriques de l’ESS y trouveront quelques vérités bonnes à dire, même si elles sont parfois politiquement incorrectes parce qu’elles piquent le militant au coeur de ses convictions. C’est justement ce qui est bon.
Arnaud Lacan
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