Lionel Prouteau

La constellation de l’économie sociale et solidaire se compose d’un nombre illimité d’étoiles

Au premier regard sur la composition de ce numéro, on peut se réjouir de l’équilibre qu’il représente en accord avec la ligne éditoriale : un article sur les associations, un sur les coopératives, un sur les mutuelles, et un sur l’économie sociale et solidaire. Les puristes qui contestent encore, avec des arguments sérieux, la pertinence de l’inclusion des fondations dans l’économie sociale et solidaire, salueront même leur absence, pourtant totalement fortuite comme l’illustre la présence d’un article à leur propos dans le précédent numéro.

Le bénévolat dans le compte satellite de l’économie sociale

La construction d’un compte satellite de l’économie sociale promue par le manuel de l’ONU publié en 2018 constitue une occasion bienvenue de mettre en exergue le rôle que joue le bénévolat dans les organisations concernées, particulièrement dans les associations. Cet article examine, au besoin de manière critique, la méthodologie utilisée par le manuel à cette fin. Sont d’abord présentés la définition du travail bénévole, son périmètre et le statut qui lui est accordé dans le compte
satellite. Sont ensuite examinés les différents indicateurs non monétaires préconisés. Enfin, une attention particulière est accordée à l’imputation d’une valeur monétaire au bénévolat, prônée par le manuel. Cette monétarisation est jugée problématique dans sa méthode et contestable dans son principe.

 

Numéro de revue: 
366
Année de publication: 
2022
Auteur(s): 
Lionel Prouteau

Regards croisés sur la loi de 1901 et l’évolution du monde associatif

Pour fêter les 120 ans de la loi du 1 er juillet 1901 relative au contrat d’association et les 100 ans de la Revue internationale de l’économie sociale, Recma, le Mouvement associatif de Champagne Ardenne et la revue, en collaboration avec la Chaire ESS de l’université de Reims Champagne-Ardenne, ont organisé une soirée débat le mercredi 17 novembre 2021, en visioconférence, sur le thème « Les 120 ans de la loi de 1901, regards croisés sur l’évolution du monde associatif ».

Centenaire, scientifique et engagée

Dans la lettre aux lecteurs qu’il a rédigée le 1 er septembre 1921 et qui ouvre le premier numéro de notre revue, le petit groupe qui crée la Rec, qui allait devenir la Recma, se présente ainsi : « Les uns coopérateurs militants, les autres professeurs, unissant parfois ces deux qualités, nous avions librement formé dès avant la guerre un petit groupe d’amis qu’unissaient les mêmes tendances démocratiques et de communes habitudes scientifiques.

Financement public des associations et écart salarial entre hommes et femmes : nouvelles perspectives pour l’égalité professionnelle ?

Cet article examine la relation susceptible d’exister entre le financement d’origine publique perçu par les associations et l’écart de salaire entre les hommes et les femmes qui y travaillent. À cette fin, les auteurs apparient deux bases de données, l’enquête de l’Insee « Associations 2014 » qui présente la situation de ces organisations en 2013 et les Déclarations annuelles de données sociales (DADS) de la même année. Les résultats obtenus montrent que, dans plusieurs cas, une part plus importante de ressources en provenance des fonds publics est accompagnée d’un écart de salaire plus faible entre les deux sexes. A l’heure où les pouvoirs publics ont la possibilité d’inclure des clauses sociales dans les marchés publics, cette recherche ouvre des perspectives nouvelles en matière d’égalité professionnelle entre les hommes et les femmes.

Numéro de revue: 
360
Année de publication: 
2021
Auteur(s): 
Lionel Prouteau, Viviane Tchernonog

Les directeurs·trices de centres sociaux face à la bureaucratisation. Les conditions de travail dans le monde associatif dépendantes de l’action des pouvoirs publics ?

Les pouvoirs publics ont toujours imprimé leur marque sur le monde associatif employeur, qu’ils financent et réglementent largement (Hély, 2009 ; Cottin-Marx, 2019). Grâce aux travaux de Viviane Tchernonog et de Lionel Prouteau (2019), nous savons que les rapports entre la puissance publique et les associations se sont considérablement transformés ces dernières années, en particulier depuis la crise économique de 2008, et qu’ils ont été marqués par la stagnation des financements publics et le développement de la logique contractuelle (Lipsky et Smith, 1989-1990). Ces évolutions n’ont pas été neutres pour les associations. Pour ces auteurs, elles ont entraîné le déplacement des projets associatifs vers des publics plus solvables, réduit la capacité des organisations loi 1901 à expérimenter et à innover, et conduit à la concentration des financements publics dans les grandes associations, « qui ont la taille critique et les ressources humaines suffisantes pour accéder à ces formes de financements » (Tchernonog et Prouteau, 2017). Une situation qui exclut de fait les associations employeuses de taille plus limitée des circuits du financement public et a entraîné la disparition d’un grand nombre d’entre elles : entre 2011 et 2017, le nombre d’associations employeuses est passé de 182 000 à 159 000 (-13 %).

Si, grâce aux auteurs du Paysage associatif français, les conséquences de ces évolutions sur les associations sont documentées, les effets sur les salariés et l’organisation du travail sont moins étudiés par les chercheurs. Quels ont été les résultats de cette dynamique, alimentée par la crise économique de 2008, sur le travail dans les associations ? Au moment de la rédaction de cet article, en mai 2020, cette question prend une acuité nouvelle. Car tout semble indiquer qu’une nouvelle crise économique (et des finances publiques) va se surajouter à la crise sanitaire que nous traversons en raison de la pandémie de Covid-19. Il est aujourd’hui difficile d’en prédire les contrecoups. Cependant, en interrogeant la crise passée et ses conséquences nous espérons en tirer des enseignements pour celle qui commence.

Pour lire cet article en intégralité, téléchargez le pdf ci-contre.

 

Numéro de revue: 
357
Année de publication: 
2020
Auteur(s): 
Simon Cottin-Marx, Emmanuelle Paradis

Les vrais chiffres du bénévolat

Les bénévoles sont-ils près de 12 millions en France, comme l’annonce l’Insee, ou 22 millions, comme l’avancent d’autres études ? Le site « Associations mode d’emploi » a établi une intéressante confrontation des différents périmètres retenus par cinq enquêtes nationales, synthétisés dans un tableau à double entrée, tout en rappelant qu’aucun chiffre n’est faux : tout dépend de ce qui est compté et de ce que l’on cherche à mettre en valeur.

Encourager la philanthropie à la française ?

En filigrane de ces échanges, c’est la question de la « philanthropie à la française » qui a été abordée. En France, comme l’a rappelé Gabriel Attal, « l’État participe au mécénat et à la philanthropie par la fiscalité incitatrice qui y est associée, ce qui diminue ses recettes ». De là à souhaiter que les entreprises prennent le relais des pouvoirs publics et des subventions, la pente est dangereuse.

La transformation du paysage associatif français

En mai 2019, paraîtra Le Paysage associatif français. Mesures et évolutions, de Viviane Tchernonog et Lionel Prouteau (Dalloz/Juris Associations). C’est la troisième édition d’une enquête dirigée tous les six ans par Viviane Tchernonog, chercheuse au CNRS, rattachée au Centre d’économie de la Sorbonne (Paris-1), également membre de l’Addes (Association pour le développement des données sur l’économie sociale). En attendant un article de fonds à paraître dans la Recma, voici six chiffres clés (de 2017) extraits de l’étude :