2001 Porto Alegre – 2011 Dakar : 10 ans de Forum social mondial

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Rendez-vous des alter-mondialistes le Forum social mondial (FSM) a été organisé en 2001 pour faire contrepoids au Forum économique de Davos en réunissant des acteurs de la société civile du Nord et du Sud autour d’un espoir « un autre monde est possible ». Depuis 2001 les Forums sociaux qui se sont succédé ont eu pour but de réunir un grand nombre d’acteurs hors champ du capitalisme, activer et consolider de nouveaux réseaux et, plus difficile, lancer des initiatives.

Auto-organisation

Officiellement 75 000 personnes se sont retrouvées sous le soleil de Dakar, dans le vent et la poussière et dans une sympathique désorganisation qui laissait les participants quelque peu désorientés. Activités annulées, salles indisponibles (l’Université Cheikh Anta Diop fonctionnait pendant le Forum et occupait certaines salles), programme non distribué et informations contradictoires, le Recteur de l’université et les services du Président Wade n’ont pas facilité les choses. Et pourtant tout a relativement bien fonctionné, les participants ont pris l’initiative et ont géré l’organisation de leurs activités de façon inventive, permettant des rencontres fructueuses bien qu’imprévues.

C’est ainsi que des groupes souvent peu visibles – femmes, jeunes, précaires, petites coopératives agricoles – ont pu échanger et se faire entendre. Certes, des associations importantes et bien implantées en Afrique étaient présentes (Congad, Enda Tiers-Monde, PlaNet Finance, Oxfam Terre…) ainsi que les centrales syndicales du Sud et du Nord, mais elles côtoyaient des Apiculteurs béninois, des Coopératives maraîchères bio du Sénégal, des ONG togolaises de développement et beaucoup d’associations de femmes, actrices primordiales d’un développement économique et social collectif, démocratique et redistributif. Le Forum a d’ailleurs commencé avec une imposante Marche des Femmes. Associations contre les violences faites aux femmes, nombreux stands de femmes gérantes de coopératives agricoles ou artisanales, femmes contre le travail des enfants, femmes pour l’accès à une meilleure éducation, femmes impliquées dans l’organisation de la santé, femmes syndicalistes… toutes ont joué un rôle important dans les assemblées et les propositions alternatives.

Une présence de personnalités politiques pas goûtée par tous

L’ouverture du Forum de Dakar a eu lieu sur fond de révolution en Tunisie, la fermeture sur l’annonce du départ du Président égyptien Moubarakh et les politiques de tous pays s’étaient invités dans le Forum : une délégation du Parti socialiste français, conduite par Martine Aubry, le Président Lula (Brésil), Eva Joly (Europe Ecologie-Les Verts), Evo Morales (Bolivie) ont tous salué les contestations et les révoltes en Tunisie et en Egypte. Martine Aubry a rencontré le Président sénégalais Abdoulaye Wade, pour évoquer avec lui les graves problèmes que rencontre le Sénégal et lui demander de ne pas présenter sa candidature en 2012.

Pourtant dans les débats et ateliers qui ont suivi peu d’analystes ont porté leur attention sur les formes prises par ces contestations : importance de la société civile, des syndicats, des jeunes chômeurs et des réseaux sociaux qui formaient pourtant le gros des bataillons des participants dans les débats. Certains ont fait cependant remarquer que 11 forums sociaux (locaux, régionaux, thématiques) ont eu lieu en 2010 au Maghreb et le Machrek et que certaines revendications avaient sans doute germé dans ces assemblées.

Régulation financière

Trois thèmes ont été largement débattus : la régulation financière ; l’accès à la terre et la sécurité alimentaire ; la mondialisation, les biens communs et les richesses naturelles. Une opération « Stop aux paradis fiscaux » a été lancée par plusieurs ONG et un atelier a proposé une nouvelle « taxe Tobin », une TTF, taxation des transactions financières. Les intervenants souhaitent mettre fin à l’immense hémorragie fiscale dans les pays du Sud, hémorragie engendrée par les dissimulations des profits des multinationales et l’évasion des recettes par le biais des paradis fiscaux. Ils demandent un champ d’application maximum sur toutes les transactions financières pour lutter contre la spéculation et dégager des moyens.

Confiscation des terres et sécurité alimentaire

Presque tous les gouvernements du Sud pratiquent des cessions massives de terre à des investisseurs étrangers. Certains pays du Sud (la Lybie par exemple) achètent et exploitent les terres des pays voisins pauvres. Dans ce domaine l’exemple du Sénégal a été étudié de près : une réforme de la propriété foncière prévoit que l’Etat peut s’approprier les « zones de terroirs » qui relèvent des communautés rurales, peut exproprier les terres déjà affectées aux paysans pauvres pour raison « d’insuffisance de mise en valeur ». Le domaine public fait dès lors, sous l’égide de l’Etat, faire l’objet d’une spéculation foncière.

Les meilleures terres, nommées « zones d’investissements spéciaux » se retrouvent dans les mains des Etats qui les cèdent aux gros investisseurs privés. Les mouvements paysans, les groupements d’agriculteurs, la population réclament une agriculture qui apporte plus de souveraineté alimentaire alors que les gouvernements, avec des investisseurs étrangers, soutiennent une agriculture d’exportation ou de fabrication de biocarburant.

Mondialisation, biens communs et richesses naturelles

La captation des biens communs et des richesses naturelles par les économies capitalistes du nord et les firmes internationales est vécue comme un véritable pillage. Les participants proposent une autre organisation de la production et de la redistribution des richesses. On peut « entreprendre autrement », de façon plus humaine et plus juste. Cette autre économie se base sur une gestion démocratique, s’appuie sur l’action collective et adhère à un renforcement des services publics dans les domaines de l’éducation, de la santé et des ressources naturelles. Les expériences de commerce équitable qui pourraient augmenter les ressources des exportations se heurtent aux pratiques financières des pays capitalistes : les subventions aux producteurs de coton américains visent à éliminer les producteurs de l’Ouest africain.

Pour stimuler cette autre économie, les intervenants proposent une coopération accrue Sud – Sud, des accords entre l’Afrique et les pays émergents (Inde, Amérique latine), une intégration régionale plutôt que le maintien d’accord avec l’Union européenne, une régionalisation des marchés. L’économie des pays du Sud n’a pas terminé sa décolonisation. Les prochains Forums auront à débattre de la transition vers des économies vraiment durables, justes, sociales, dans des démocraties souveraines et participatives.

Aliette Levecque